Avec DKLIK, le bassin dunkerquois innove en matière d’insertion
L’association Entreprendre Ensemble porte sur le bassin dunkerquois une démarche innovante en matière de retour à l’emploi sur un territoire marqué par une histoire industrielle et qui voit s’ouvrir devant lui des perspectives nouvelles.
Réunis depuis plusieurs années sous une bannière unique, Entreprendre Ensemble, les acteurs de l’insertion du bassin de Dunkerque ont initié le projet DKLIK afin de mieux accompagner les publics éloignés de l’emploi dans un contexte de réindustrialisation qui laisse entrevoir, dans les années à venir, des opportunités nouvelles sur le territoire. Porté par un consortium animé par Entreprendre Ensemble, le projet DKLIK est lauréat de l’appel à projets de recherche "100% inclusion". "Nous avons répondu à cet APR à l’occasion de la 3e vague du PIC (plan d’investissement dans les compétences) dans la perspective de l’arrivée de nouveaux industriels et de la création massive de près de 20.000 emplois directs et 10.000 indirects dans les dix ans qui viennent", explique le chef de projet DKLIK, Rudy Vanbeveren.
"Une nouvelle dynamique à la hauteur d’un phénomène inédit"
Dès 2014, rappelle le chef de projet, la communauté urbaine de Dunkerque a souhaité impulser une nouvelle stratégie qui s’est traduite par l’organisation d’Etats généraux de l’emploi local. "Le taux de chômage était très élevé à l’époque dans ce bassin très industriel et les élus ont souhaité mettre en œuvre une nouvelle méthode pour relancer l’économie locale." Une feuille de route est née de ces consultations avec comme axe prioritaire la nécessité d’innover en matière d’insertion. Désormais, à travers le projet DKLIK, c’est l’ensemble du territoire qui se met au diapason de cette "nouvelle dynamique à la hauteur d’un phénomène inédit !". DKLIK vise ainsi, résume Rudy Vanbeveren, "à se préparer à trouver de nouvelles compétences".
En premier lieu, Entreprendre Ensemble a cherché à mobiliser une population "d’invisibles", éloignés de l’emploi, en développant des actions de sensibilisation "hors les murs", partant du constat que trop peu d’entre eux franchissaient les portes des structures d’accueil qui leurs sont pourtant dédiées. Et les raisons en sont multiples : "les gens s’orientent de plus en plus difficilement et on retrouve aussi des adultes formés dans des domaines qui ne recrutent pas, donc il est nécessaire d’apporter une information sur le service public de l’emploi au plus près des habitants". Entreprendre Ensemble a donc mis en place des équipes mobiles de conseillers formation, renforcé le lien avec les réseaux associatifs dans les quartiers et créé des événements tels que les Cafés de l’emploi pour faire venir les entreprises et les partenaires de l’orientation et de la formation au plus près des demandeurs d’emploi.
Une utilisation innovante du réseau de transports en commun pour communiquer sur les offres d’emploi
"Nous avons également innové en choisissant de nous appuyer sur le réseau de transports en commun pour tester un système de géolocalisation des offres d’emplois qui apparaissent sur les écrans des bus lors de leur passage près d’une entreprise qui recrute", détaille Rudy Vanbeveren. Des offres qui jalonnent ainsi "les trajets du quotidien" des publics visés et qui renvoient vers le site internet de l’association qui se charge ensuite des mises en relation. "Et depuis la rentrée de septembre nous avons customisé deux bus qui effectuent des circuits dans les quartiers et qui stationnent plusieurs heures durant afin de donner davantage de visibilité aux informations sur l’emploi et aux secteurs qui recrutent."
Le second angle d’attaque de DKLIK concerne l’innovation en matière d’orientation professionnelle, avec l’ambition de revoir en profondeur les méthodes d’approche des publics de l’insertion. "Nous observons beaucoup de tensions de recrutement sur le territoire alors que dans le même temps beaucoup d’habitants ne connaissent pas les métiers industriels qui recrutent ou en ont le plus souvent une représentation négative." En réponse à cette problématique, l’association a mis en place le dispositif "OrientaKlik", un catalogue d’une quarantaine de prestations d’orientations innovantes à partir d’escape game, d’utilisation de casques de réalité virtuelle ou encore de serious game grand format qui permettent de familiariser de manière innovante les publics avec ces métiers industriels.
"Certains demandeurs d’emploi ont des compétences dont ils n’ont pas conscience"
Le troisième axe du projet DKLIK concerne l’approche par les compétences. "Nous avons négocié avec les entreprises pour les convaincre de travailler sur les compétences réelles et utiles à la prise de poste en partant du constat que certains demandeurs d’emploi ont des compétences dont ils n’ont pas conscience et qui peuvent être exploitées dans des domaines très différents." En amont d’une phase de recrutement, l’association procède ainsi à des tests d’orientation "en fonction de ce que les entreprises cherchent à évaluer", explique le chargé de projet. A travers le "Job Labo", Entreprendre Ensemble s’est appuyé sur une initiative du voisin Belge qui propose une approche ludique de manipulation des outils qui permet aux candidats de se familiariser avec les tâches de leurs futur métier. En parallèle, Entreprendre Ensemble s’est rapprochée de l’industriel TotalEnergies dont la raffinerie des Flandres, qui a depuis longtemps cessé ses activités, propose un chantier-école au départ ouvert à ses propres collaborateurs. A travers DKLIK, un parcours découverte a été mis en place au sein de ce chantier-école, ouvert spécifiquement "à des personnes qui n’ont jamais mis un pied dans l’industrie et à qui nous proposons une immersion totale d’une durée d’une semaine".
Enfin, DKLIK a initié un travail sur les compétences comportementales prisées par beaucoup d’entreprises. L’association accompagne notamment des bénévoles du réseau associatif ou sportif local pour leur faire prendre conscience que les compétences qu’ils développent peuvent être utiles dans le monde de l’entreprise. D’une manière générale, complète Rudy Vanbeveren, "rendre l’entreprise plus inclusive dans ses contacts avec les demandeurs d’emploi est un enjeu essentiel". Un processus qui démarre par l’identification des besoins en compétences de l’entreprise, puis passe par des tests spécifiques réalisés par l’association qui s’occupe ensuite de la mise en relation. Ainsi, résume-t-il, "l’entreprise et le demandeurs d’emploi font chacun un pas l’un vers l’autre".