Auvergne-Rhône-Alpes : la politique ferroviaire épinglée par la Chambre régionale des comptes
La Chambre régionale des comptes (CRC) d'Auvergne-Rhône-Alpes a épinglé ce 5 septembre la politique ferroviaire de la SNCF. "Aujourd'hui, tous les jours, il manque au moins trente trains" pour assurer le plan de transport dans de bonnes conditions, a indiqué le président de la CRC Bernard Lejeune, lors d'une conférence de presse à Lyon.
Deuxième réseau ferroviaire après l'Ile-de-France, les trains express régionaux d'Auvergne-Rhône-Alpes transportent chaque jour près de 220.000 voyageurs. Mais alors que la fréquentation des TER a progressé depuis 2017, le nombre de rames n'a pas évolué.
"Les conséquences pour les voyageurs sont un accroissement des trains en surcharge (...) et un nombre significatif de trains annulés", la SNCF ne pouvant remplacer les trains en panne ou accidentés ou "n'ayant tout simplement pas suffisamment de rames", souligne le rapport de la CRC. Aux "concitoyens d'Auvergne-Rhône-Alpes, j'ai bien peur de dire qu'il y a encore quelques années difficiles" a déclaré Bernard Lejeune, soulignant que le parc ferroviaire régional, "l'un des plus vieux de France", n'a pas été renouvelé dans la durée.
"Les retards de livraison de rames, les radiations de matériels, les programmes de maintenance lourde et le nécessaire remplacement des CORAIL ne sont pas de nature à améliorer la qualité de service rendu", détaille le rapport. "Pour mener à bien la modernisation et l'extension de son parc, la Région Auvergne-Rhône-Alpes sera confrontée à un mur d'investissement qui s'élèvera, a minima, à 3,8 milliards d'euros jusqu'en 2035", évalue la CRC, un effort financier "sans commune mesure avec celui mené" depuis 2017.
Le rapport pointe du doigt une maintenance mal optimisée, des technicentres mal situés et sous dimensionnés et des infrastructures datées et manquant d'équipements. Il épingle en outre des "biais" dans les enquêtes de satisfaction de la SNCF, qui ne tiennent notamment pas compte des passagers de trains annulés. Une enquête de satisfaction effectuée par la Chambre conclut ainsi à 53% d'usagers satisfaits et très satisfaits, contre 87% selon les enquêtes de la SNCF.
Ce rapport, qui fait suite à une saisine de Laurent Wauquiez en 2022, préconise à la région de "reprendre la propriété du matériel ferroviaire et des infrastructures de maintenance". Depuis décembre 2023, les régions doivent lancer des appels d'offres pour ouvrir l'exploitation des lignes à la concurrence dans un délai maximum de dix ans. La région, qui a élu ce 5 septembre à sa tête Fabrice Pannekoucke (LR), pour succéder à Laurent Wauquiez, plaide régulièrement pour un investissement massif de l'Etat dans les transports, une posture que lui reproche l'opposition. "Il faut investir massivement dans les rames de train. Il faut arrêter de tergiverser avec l'État. Il faut qu'on aille à ses côtés pour investir et moderniser l'infrastructure ferroviaire" a réclamé jeudi l'élu régional écologiste Maxime Meyer.