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Sports - Arénas en Ile-de-France : le paysage reste flou

"Il n'y aurait pas de place pour deux, et encore moins trois, salles dans la capitale", écrivait l'Institut régional de développement du sport d'Ile-de-France (IRDS) dans son dossier "Enjeux et stratégies autour des stades et arénas en Ile-de-France" paru en mars dernier (lire ci-contre notre article du 4 mars 2014). Les trois projets auxquels l'IRDS pensait alors étaient le Palais omnisport de Paris-Bercy rénové (20.000 places à l'horizon octobre 2015), le Dôme de Sarcelles (doté d'une salle principale de 12.000 sièges, d'une salle sportive de 3.000 places et d’un auditorium de 1.500 places) et enfin le Colisée de Tremblay (9.000 à 12.000 places selon les configurations). Que l'IRDS se rassure, l'un des projets encore d'actualité à l'époque est bien mal en point. Quant à son principal concurrent, il avance avec beaucoup de prudence.
Le 29 septembre, les élus de la communauté d'agglomération Terres de France (Seine-Saint-Denis) ont fait avancer le projet d'aréna "Colisée", prévu sur le territoire de Tremblay-en-France, en votant à une large majorité le recours, d'une part, à un PPP (partenariat public-privé) pour la construction de l'ouvrage et sa future exploitation, d'autre part, à un marché relatif à une mission d'assistance technique, juridique et financière. En d'autres termes, la CA se prépare à lancer un appel d'offres et souhaite pour cela être accompagnée de spécialistes (avocats, bureau d'études, etc.).

Appel d'offres infructueux pour Sarcelles

Ce vote arrive à un moment crucial pour le développement des arénas en Ile-de-France. Selon nos informations, l'appel d'offres de la ville de Sarcelles lancé en juillet 2014 pour la réalisation du "Dôme" s'est en effet révélé infructueux. Sans ce revers d'un projet concurrent, situé à peine à une dizaine de kilomètres, il n'est pas certain que les élus de la CA Terres de France aient poursuivi l'aventure. D'ailleurs, à Sarcelles comme à Villepinte, on reconnaît sans ambages qu'un seul des deux projets est viable. Et encore…
"Si on n'aboutit pas à un équilibre, on n'ira pas au bout", prévient ainsi Frédéric Ménard, directeur général adjoint de la CA Terres de France. Pour autant, il précise qu'un appel à consultation publique "avec l'espoir de recueillir au moins trois dossiers de candidature" sera lancé d'ici fin octobre et que s'en suivra un dialogue compétitif de huit à dix mois avant que le choix d'un partenaire privé n'intervienne fin 2015, début 2016.
Pour passer l'obstacle de l'appel d'offres, le projet de Tremblay s'appuie notamment sur un droit à construire sur du foncier mis à disposition par la CA, de manière à aider les investisseurs privés à se manifester. Le modèle économique reposera en outre sur la présence d'un club de handball de haut niveau existant sur le territoire, d'un club de basket de haut niveau, pour l'instant inexistant, ainsi que sur l'accueil de concerts. Autre atout mis en avant : la présence de Roissy, le concept de "ville-aéroport" et de nombreux accès déjà existants. "Nous souhaitons nous appuyer sur le tissu économique du grand Roissy, avec des loges pour les entreprises. On ne sait pas si on réussira, mais on se donne toutes les conditions de réussir", ajoute Frédéric Ménard.

Des exemples à méditer

Tandis que le projet de Sarcelles portait sur 141 millions d'euros d'investissements (dont 56 millions venant du public et 85 du privé), la CA Terre de France compte investir un million d'euros par an pendant 25 ans, pour un coût total de construction estimé entre 60 et 70 millions d'euros. L'agglomération espère en outre obtenir des subventions publiques (CNDS, région, département) en plus de la participation du secteur privé.
La CA Terres de France avance donc ses pions avec détermination mais, surtout, réalisme. Quel que soit le résultat final, il lui faudra encore se montrer prudente dans sa démarche. On se souvient qu'à Dunkerque, le projet d'aréna, largement avancé, a été abandonné après les dernières élections municipales (lire ci-contre notre article du 5 mai 2014)… en laissant à la communauté urbaine une ardoise de quelque 30 millions d'euros correspondant au dédit dû au concessionnaire pressenti, aux études préalables (sols, risques environnementaux, infrastructures de transports, etc.) et aux indemnités de retard.
Toutes ces mésaventures nous renseignent sur un point crucial : la faisabilité en termes financiers de tels équipements et leur capacité à rassembler collectivités et partenaires privés autour d'un projet viable sont autant de barrières "naturelles" à des ambitions parfois démesurées.
Pendant ce temps-là, à l'ombre de la Défense, les travaux de l'Aréna 92 vont bon train. Ce projet entièrement privé de stade couvert capable d'accueillir rugby, concerts et sports en salle pourrait enterrer les ambitions de la CA Terres de France. Et si la guerre des arénas en Ile-de-France n'avait finalement pas lieu ?