Après un début d'année 2023 positif, le commerce spécialisé peine à redécoller
Les magasins des enseignes du commerce spécialisé affichent une hausse de leur chiffre d'affaires de 3,5% en 2023, mais l'année a été marquée par une phase descendante à partir d'août. Le secteur a du mal à repartir à la hausse, même janvier 2024 est en négatif. En outre, les défaillances d'enseignes se sont poursuivies et le taux de vacance est reparti à la hausse. Le bilan 2023 de Procos, la fédération pour la promotion du commerce spécialisé, annonce une année 2024 de transition, au cours de laquelle elle espère voir arriver une reprise de la consommation.
Le chiffre d'affaires des magasins des enseignes du commerce spécialisé, à surface égale, affiche une hausse de 3,5% en 2023 par rapport à 2022. C'est ce qu'indique le bilan 2023 de Procos, présenté le 13 février 2024. La fédération pour la promotion du commerce spécialisé distingue toutefois trois phases : un début d'année positif, suivie d'une rupture à partir du mois d'août, avec un mois de septembre notamment très mauvais (-4,2% pour le chiffre d'affaires), et une légère et lente reprise à la fin de l'année. C'est "comme si une nouvelle inquiétude à partir de mi-août venait perturber les Français, a expliqué Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, ensuite le secteur a du mal à revenir à de bons chiffres, avec un léger positif grâce au Black Friday, qui n'a pas eu d'effet la semaine suivante".
La situation est ceci dit très hétérogène selon les secteurs. La beauté/santé connaît une croissance en magasin de 7,9% par rapport à 2022, l'alimentation, la restauration et les services se stabilisent. A l'inverse, cinq secteurs sont à la peine, dont la chaussure (-3%), l'équipement de la maison (-2,6%) et l'habillement (-1,1%).
La fréquentation est quant à elle en baisse en 2023 de 2,3% en moyenne par rapport à 2022, voire même de 3,5% en centre-ville. "Il s'agit bien ici des entrées dans les magasins, de flux efficace pour l'activité du commerçant et non de flux de passage dans la rue pour des raisons diverses (transit, travail)", détaille le bilan, en allusion aux meilleurs chiffres annoncés récemment par la Fédération des acteurs du commerce (Fact) (voir notre article du 9 février 2024).
Un taux de vacance qui repart à la hausse
Autres mauvais signaux : les défaillances d'enseignes qui se poursuivent en 2023 et un taux de vacance qui repart à la hausse après deux années de baisse. Procos s'appuie sur ce dernier point sur les chiffres de janvier 2024 de Codata, pour qui le taux de vacance est passé de 9,22% à 9,67% entre 2022 et 2023. Une hausse constatée aussi bien dans les centres-villes (9,77%) que dans les centres commerciaux (14,89%). "Les zones commerciales sont les seules à avoir un taux stable de 2022 à 2023 qui par ailleurs est de loin le plus faible (6,62%)", précise le document.
Le mois de janvier 2024 s'inscrit dans la continuité de 2023 avec une baisse de 1,5% en chiffre d'affaires. "Il faudra donc attendre pour constater une reprise espérée de la consommation", estime Procos, pour qui l'année 2024 devrait être une année de transition. La fédération mise ainsi sur une réduction de la hausse des prix alimentaires et peut-être une reprise de la consommation.
Côté immobilier commercial, Procos estime que nous entrons dans une nouvelle ère, s'appuyant sur plusieurs données : une chute des mises en chantier alors que les permis de construire se maintiennent, une réduction de moitié des volumes de surfaces commerciales autorisées par les commissions départementales d'aménagement commercial (CDAC), avec à peine 720.000 m2, soit la moitié du niveau de 2019 et un petit quart du niveau de 2011, et un stock de projets à cinq ans au plus bas depuis vingt ans (2 millions de m2), soit à peine la moitié du niveau de 2011.
Une disparition progressive des très grands projets
Procos constate ainsi la disparition progressive des très grands projets commerciaux, qui sont confrontés à la crise et de moins en moins tolérés, au profit de projets moins nombreux, plus petits, plus mixtes ou mieux insérés dans l'urbain.
La fédération avance quelques propositions pour améliorer la situation du secteur, comme une généralisation à toutes tailles d'enseignes de l'étalement du remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE), des efforts pour que les loyers soient davantage en phase avec le commerce actuel et futur (flexibilité, relation entre coût et activité...), un programme ambitieux d'aides aux financements des transformations des acteurs de toute taille. La fédération estime aussi que les travaux du nouveau Conseil national du commerce en matière de simplification doivent être suivis rapidement d'effets. Elle regrette la disparition du terme "commerce" dans l'intitulé des fonctions de la ministre Olivia Grégoire reconduite. "La promesse de Bruno Le Maire de mettre en place une véritable politique publique du commerce sera-t-elle tenue ?", interroge-t-elle.