Apprentissage : les directeurs de CFA veulent un prolongement des aides en 2021
A l’occasion de son congrès qui se tient du 1er au 3 décembre sous le thème "Quelle vision de l’apprentissage", la Fédération nationale des associations régionales des directeurs de centres de formation d’apprentis (Fnadir) appelle à une poursuite des mesures prises en réponse à la crise sanitaire et économique qui ont montré toute leur pertinence.
Si France relance a été un réel succès pour l’apprentissage, avec un probable maintien du nombre d’apprentis en 2020 par rapport au record de 2019, les responsables de la Fnadir, réunis à l’occasion de leur congrès annuel national, souhaitent ne pas s’arrêter en si bon chemin. Leur crainte est surtout de voir un certain nombre de jeunes sortir en mars 2021 du système faute d’avoir trouvé une entreprise pour les accueillir, "au pire moment de l’année", souligne Raphaël Arbina, vice-président de la Fnadir et président de l’Ardir Nouvelle-Aquitaine. "Nous ne demandons pas un plan de relance à vie, mais le prolongement de certaines mesures, dont les aides à l’embauche et celle permettant à un jeune de rester en CFA même s’il n’a pas réussi à trouver une entreprise d’accueil." Alors que l’Opco EP (opérateur de compétences des entreprises de proximité) ferait état de 26.000 à 28.000 jeunes sans contrat, l’idéal selon la Fnadir serait de prolonger à nouveau de six mois cette disposition, soit jusqu’à la rentrée de septembre prochain. "Ainsi le jeune pourrait justifier d’une année de formation complète", ajoute Roselyne Hubert, la présidente, soulignant qu’il "est contre nature pour les CFA de créer des décrocheurs".
Risque d’érosion des marges
Quant au problème récurrent du financement des CFA, si la Fnadir se satisfait du report d’un an de la révision du niveau de prise en charge des coûts-contrats (soit septembre 2022), ses responsables restent "vigilants" pointant un risque d’érosion des marges. "Ces marges nous servent à financer nos investissements et notre développement", rappelle Jean-Philippe Audrain, trésorier. Le président de l’Ardir Centre-Val de Loire déplore également le risque d’un surcroit de bureaucratisation avec le reporting imposé par la comptabilité analytique et donc un surcoût sensible, la Fnadir évaluant la charge de la facturation entre 2% et 3% d’un coût-contrat. Autant de complexités administratives supplémentaires qui pourraient nécessiter d’éventuels recrutements.
Au rang de leurs difficultés financières, les CFA pointent aussi, et encore, les paiements incomplets des Opco évaluant la proportion à 10% du stock, ainsi que les retards de paiement occasionnés par la lenteur avec laquelle les Opco transmettent leur accord de prise en charge. "Sans cet accord, un CFA ne peut pas envoyer de facture et donc se faire payer", explique Jean-Philippe Audrain.
Opposition à la publication des résultats
Dans ce contexte contraint par les réformes et tendu par le contexte sanitaire, la Fnadir refuse que l’apprentissage soit "une variable d’ajustement à l’emploi" et souhaite apporter sa vision à plus ou moins long terme pour un modèle "à la Française" qui se distingue notamment de l’allemand, souvent vanté, "par le fait qu’il couvre des filières complètes du CAP au master", a fait valoir Pascal Picault, vice-président de la Fnadir et de l’Ardir Ile-de-France. Mais les directeurs de CFA restent opposés à la publication des résultats de leurs structures "car la méthodologie est incompréhensible et il est impossible de savoir à partir de quelles données de base sont créés les indicateurs", arguent Pascal Picault et Jean-Philippe Audrain. Le risque pour Roselyne Hubert serait de "casser la dynamique favorable donnée à l’apprentissage".
Autant de sujets qui sont à l’ordre du jour des deux tables rondes du congrès : l'un se tenait ce mercredi 2 décembre à 16h30 sur le thème de la vision de l’apprentissage selon les acteurs nationaux en présence notamment de Stéphane Lardy, directeur général de France compétences et l'autre jeudi 3 décembre à 14h qui traitera le même sujet mais avec les acteurs clés des territoires dont David Margueritte, représentant des Régions de France. La fédération va également profiter de son congrès pour présenter et soumettre au vote de ses adhérents son projet d’évolution de son organisation.
Financement des CFA : parution du décret relatif aux versements de France compétences aux régions
Le décret (n°2020-1476 du 30 novembre 2020) tant attendu actant "le mode de calcul et les modalités de fixation des crédits alloués aux régions par France compétences au titre du financement des dépenses de fonctionnement des centres de formation des apprentis" est paru au JO du 1er décembre 2020. "Ce texte concerne les enveloppes 2020 que les régions connaissent depuis début 2020, suite au courrier de Muriel Pénicaud, ex-ministre du Travail, aux présidents", rappelle Régions de France. "Il permet de déclencher le paiement de France compétences aux Régions, normalement cette semaine ou semaine prochaine."
Attendu par les régions depuis presque 1 an, il a été retardé en raison des derniers arbitrages fin 2019 sur le montant des enveloppes, puis de la crise qui a ralenti son élaboration et son examen par le Conseil d'Etat. En 2020, "et sans attendre les versements des enveloppes, les régions ont mis en place leurs aides aux CFA (fonctionnement et investissement) en votant des règlements d'intervention dès le printemps dernier", fait valoir l’association.