Apprentissage : France compétences s’interroge sur les liens entre financement et qualité
Les CFA qui ont de bons taux d’insertion professionnelle affichent des charges plus élevées, constate France compétences dans son rapport annuel sur l’utilisation des fonds de la formation professionnelle. Néanmoins, il invite à prendre ce résultat avec précaution dans l’attente de données plus complètes.
Un CFA justifiant un niveau élevé de charges apporte-t-il forcément de meilleurs résultats en termes d’insertion ou de poursuite d’études pour les apprentis ? Dans son dernier rapport sur l’usage des fonds de la formation professionnelle, diffusé le 24 janvier, France compétences investigue cette question, lourde d’enjeux dans le contexte de la recherche du juste financement de l’apprentissage toujours en progression (voir notre article du 31 janvier).
Trois classes de CFA
L’analyse des "résultats" menée par France compétences fait ressortir trois "classes" de CFA. La plus représentative, qui rassemble 49% des CFA (et 51% des apprentis), se caractérise par des niveaux de poursuite d’études élevés mais une insertion plus moyenne. Cette catégorie "est composée de CFA associatifs historiques de grande taille dont l’apprentissage constitue la principale activité". Ceux-ci "délivrent des diplômes de niveaux et domaine mixtes", selon l’établissement public.
À l’inverse, une autre catégorie rassemblant 43% de centres et le même pourcentage d’apprentis affiche de meilleurs taux d’insertion professionnelle que de poursuite d’études. "Elle regroupe les nouveaux CFA de la production qui font de l’apprentissage une activité marginale ou l’unique activité de formation. Ces CFA délivrent des formations pour tous niveaux dans plusieurs spécialités de formation", indique France compétences.
Enfin, la performance de 8% des CFA apparaît comme faible sur les deux tableaux. Cette catégorie "rassemble de nouveaux CFA du privé, plutôt de petite taille", souligne le rapport, et qui "délivrent uniquement des diplômes du secondaire ou du supérieur dans le domaine des services".
Des charges moyennes élevées pour les bons CFA
Ces performances dépendent-elles du niveau des charges ? "Les bons CFA sont associés à des charges moyennes plus élevées", convient France compétences. A l’inverse, la classe la moins performante affiche aussi des charges d’accompagnement "un peu plus faibles". Pour autant, ce dernier résultat "n’est pas très fiable statistiquement", avertit France compétences.
L’identification des formations de qualité se heurte aussi à l’absence d’autres indicateurs comme les taux d’accès à la certification ou les taux de rupture. Enfin, les coûts liés à l’accompagnement ou à la pédagogie "ne sont pas nécessairement comparables d’un CFA à un autre".
En parallèle de la piste du financement par la "qualité", d’autres acteurs en appellent à des méthodes plus simples pour limiter la croissance des dépenses liées à l’apprentissage. À l’image de la Fédération bancaire française, la fédération Syntec et France Assureurs qui, dans un livre blanc diffusé le 25 janvier, proposent de limiter les financements par apprenti en CFA à 9.500 euros, sauf pour les formations "cœur de métier" auxquelles il serait possible d’allouer 12.000 euros par tête.
Des marges en légère baisse en 2022
En 2022, les CFA ont dégagé un taux de marge de 10,6%, en baisse de 0,4 point par rapport à 2021, année où il avait fortement progressé. Avec des différences assez nettes selon le statut des établissements. Ainsi, les structures privées présentent un taux de marge moyen deux fois plus élevé que la moyenne, à 20%, loin devant les CFA associatifs, comme le montrait déjà le rapport 2022 de France compétences. La part de l’apprentissage dans l’activité ou encore la taille du CFA sont également associés à des rentabilités de niveaux différents.
Pour mieux ajuster les règles relatives aux niveaux de prise en charge, l’établissement public compte poursuivre l’analyse de la rentabilité des CFA selon les niveaux des diplômes préparés, les secteurs d’activité et les spécialités de formation, mais aussi selon les modèles économiques qui ont été construits.