Animation : des recrutements toujours en tension
Selon une enquête d'Hexopée et du Fonjep, les tensions restent fortes dans le secteur de l'animation et ont un impact négatif sur les activités et l'organisation des associations.
Les difficultés de recrutement dans les métiers de l'animation, et plus généralement de l'éducation populaire, restent fortes. Selon une enquête réalisée du 20 septembre au 6 octobre 2022 auprès de 1.283 structures et associations par l'organisation professionnelle de la branche de l'animation Hexopée et le Fonjep (Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire) 76,1% des répondants déclarent avoir des problèmes de recrutement. Si ce chiffre est en diminution par rapport à 2021, où 80,5% des structures éprouvaient de telles difficultés, 61% ont le sentiment que leurs problèmes de recrutement se sont accrus, contre 37% qui jugent qu'ils se sont résorbés.
Le faible niveau des rémunérations et le manque de perspectives d'évolution sont invoqués par 74% de répondants pour expliquer ces difficultés de recrutement. 55% citent également l'accessibilité et le manque de formation. Les questions d'organisation du travail nuisent également au recrutement : 57% mettent en cause les temps partiels et 47% les horaires. Enfin, pour 48% des répondants, c'est l'engagement demandé qui freine les recrutements dans la filière.
Du personnel administratif pour assurer le taux d'encadrement
Sans surprise, les répondants estiment à 59% que les difficultés de recrutement ont un impact sur la tenue de leurs activités. Les répercussions les plus courantes sont la limitation du nombre d'inscrits aux activités, en particulier sur les périodes de vacances scolaires, la réduction voire l'annulation d'activités. Pour d'autres, le manque de personnel entraîne une baisse de fréquentation ainsi qu'une perte de subventions ou encore une désorganisation des services, un rallongement des délais de réalisation des actions, voire un arrêt d'activité. Parmi les témoignages recueillis par l'enquête, on note l'"obligation de faire intervenir des personnes du service administratif pour rester dans les taux d'encadrement légaux".
Face à ces difficultés, l'enquête a cherché à connaître l'usage des dispositifs de soutien à l’emploi parmi les structures interrogées. On apprend ainsi que seules 16% d'entre elles ont recruté un jeune diplômé du Bafa ayant bénéficié de l'aide de 200 euros allouée par l'État depuis le début de 2022 et qui devait toucher 20.000 stagiaires durant l'année. Par ailleurs, 13% des jeunes concernés ont fait part de leurs difficultés pour obtenir cette aide.
Les postes Fonjep et l'apprentissage plébiscités
Les "postes Fonjep" (aides de 7.000 à 8.000 euros versées par le Fonjep pour le compte de l’État à des associations de jeunesse et d’éducation populaire attribuées pour trois ans renouvelables deux fois) obtiennent pour leur part un taux de recours de 71% parmi les répondants. Cependant, pour 55% d'entre eux, cette aide Fonjep n'a pas permis de lever les freins à l'embauche.
Parmi les autres aides, celles liées à l'apprentissage sont utilisées par 31% des structures. Hexopée et le Fonjep notent à ce propos qu'"adossé à une rémunération décente, [l'apprentissage] permet tout à la fois à l'employeur de s'assurer de la qualité de la formation de son apprenti, de le fidéliser dans le temps, et à l'apprenti de financer en partie son diplôme et de pouvoir se projeter dans une activité stable". Les aides parcours emploi compétences-PEC (22%) et le contrat d'accompagnement dans l'emploi CUI-CAE (19%) sont ensuite les plus citées. En revanche, le plan 1 jeune, 1 solution, lancé à l'été 2020, n'est plébiscité que par 1% des structures.
Des prévisions de recrutement à la baisse
Enfin, l'enquête nous apprend que les structures ayant répondu prévoient 10.786 recrutements dans les douze prochains mois, alors qu'elles en prévoyaient 12.955 un an plus tôt. 69% de ces recrutements devraient concerner des postes d'animation, les autres postes relevant des fonctions d'entretien, de restauration, de coordination, de direction, etc.
Dans un communiqué commun, Hexopée et le Fonjep estiment que "l'aggravation de la pénurie interroge sur la capacité du champ de l'éducation populaire à pouvoir remplir ses missions émancipatrices" et appellent à "des réponses fortes des pouvoirs publics pour soutenir le secteur". Ils souhaitent en particulier que "soient approfondis des dispositifs de soutien à la formation et au recrutement. Par exemple avec un renforcement des moyens du Fonjep mais aussi en maintenant un niveau significatif des aides à l’apprentissage pour les entreprises, notamment en faveur des publics les moins qualifiés".