Aménagement numérique - Altitude infrastructure propose un livre blanc sur la montée en débit des territoires ruraux
Titulaire des anciennes licences de boucle locale radio (BLR), la société Altitude infrastructure a développé des projets d'aménagement numérique des territoires en partenariat avec les collectivités territoriales. David El Fassy, son président-directeur général, donne à Localtis sa vision du déploiement du haut et du très haut débit dans les territoires ruraux
Localtis : Selon vous, le WiMax est-il toujours d'actualité ?
David El Fassy : Sur un territoire rural, le haut débit et le passage vers le THD restent compliqués. Il y a trois technologies disponibles : le tout-fibre, le fil de cuivre avec la fibre jusqu'au sous-répartiteur et le WiMax. Une collectivité peut ainsi investir 85% dans la fibre et 15% sur la technologie hertzienne en attendant que la fibre arrive jusqu'au village. Le WiMax fonctionne et la plupart des délégations des dix-sept réseaux d'initiative publique que nous gérons courent sur dix ans en garantissant des débits de 2 Mbit/s. C'est ce que nous expliquerons à l'occasion du colloque de l'Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel), le 18 octobre prochain, à Paris. Nous y diffuserons également un livre blanc intitulé "Le THD à la campagne : pas si sûr, pas si simple". Au sommaire, nous revenons sur les avantages du numérique, présentons le service universel du haut et du très haut débit, comparons les technologies disponibles et leurs coûts de déploiement ainsi que les possibilités de financement offertes aux collectivités.
Pourquoi lancer un fournisseur d'accès à internet (FAI) spécialiste du rural ?
Ce n'est pas une stratégie différente de celle que nous menons depuis 2003. A cette date, nous nous sommes préoccupés d'aménagement numérique dans le Calvados, l'Orne, la Vendée, l'Aveyron, le Jura, donc plutôt dans des départements ruraux. Nous avons toujours eu la vocation d'aller là où France télécom n'allait pas. Malgré la présence d'infrastructures, nous constatons que les grands opérateurs ont du mal à venir dans ces territoires où il n'y a pas beaucoup de clients. L'appétence reste faible. Nous nous sommes dit qu'il manquait peut-être un FAI qui s'adresse spécifiquement à ces populations. Car ce qui intéresse la collectivité est bien de proposer des offres variées et compétitives aux abonnés de son territoire. En fusionnant notre service WiBox avec la start-up Luxinet, le nouvel ensemble devient un FAI dédié à la ruralité, capable de proposer partout le même niveau de services, grâce à son aptitude à opérer différents types de réseaux. Nous avons actuellement 10.000 abonnés, nous visons l'objectif des 15.000 en fin d'année, puis 70.000 en 2016 avec une étape à 40.000 fin 2012.
Altitude reste synonyme de technologie radio qui connaît quelques problèmes...
Le WiMax, ça marche, mais il est vrai qu'il y a aujourd'hui un combat au niveau mondial entre le LTE [Long Term Evolution, réseau mobile de quatrième génération, ndlr] et le WiMax pour le haut débit fixe dont la licence permet de proposer des services nomades mais pas de téléphonie mobile. Certains disent que le WiMax, ça ne marche pas. Certes, cette technologie ne supporte pas la télévision. Mais si l'on regarde l'ADSL le plus répandu en milieu rural, 90% des NRA-ZO [noeuds de raccordement abonné en zone d'ombre, ndlr] ont un lien de collecte en cuivre qui n'est pas non plus compatible avec le triple-play [téléphone, internet et TV, ndlr]. En Lozère par exemple, sur 56 NRA-ZO, seuls 6 sont actuellement fibrés par France télécom.
Ne pensez-vous pas que l'avenir appartient à la fibre optique ?
Nous sommes nés de la BLR, mais nous nous devons d'être agnostiques en matière de technologie. Actuellement, si notre infrastructure est majoritairement déployée en WiMax, nous comptons aussi 1.500 km de fibre optique et 130 NRA dégroupés en DSL. Dans les territoires ruraux, si l'on veut apporter du 2 Mbit/s pour tous, seul le WiMax peut pallier les problèmes de longueur de ligne, avec un déploiement rapide. Et pour amener le triple-play aux 70% des abonnés qui ont encore seulement des services de voix et de données, nous allons lancer, à partir de ce mois d'octobre, des services complémentaires par satellite avec Astra. C'est comme cela que ça se passera en campagne.
Allez-vous demander le label "haut débit pour tous" ?
Tout à fait, même si nous avons pris un peu retard dans la procédure. Nous sommes à la croisée des chemins : nous sortons du haut débit pour aller vers le très haut débit. Le programme national, les schémas directeurs d'aménagement numérique des territoires, le cadre réglementaire de l'Arcep [Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, ndlr] se mettent en place. Altitude prend le virage de la fibre optique, car s'il fallait une trentaine de points hauts pour couvrir un territoire en haut débit, il en faudra demain 80 pour le THD. A terme, nous ferons du tout-fibre. Toutes les infrastructures déployées pour le WiMAX évolueront vers le réseau mobile.
Propos recueillis par Luc Derriano / EVS