Développement des territoires - Agroalimentaire : vers des comités régionaux de filière
L'Etat, les régions et les représentants du secteur agroalimentaire ont signé le 19 juin 2013 un contrat de filière alimentaire. Objectif : développer l'emploi des jeunes dans ce secteur, améliorer l'exportation, notamment vers l'Asie, et favoriser l'innovation.
Ce contrat est le fruit d'une concertation engagée en septembre 2012, à la suite des rencontres régionales pour l'avenir de l'agroalimentaire, organisées en partenariat avec les régions. Pendant cinq mois, 140 ateliers pilotés par les chefs d'entreprises ont réuni plus de 2.000 participants qui ont formulé plus de 1.000 propositions.
"Il s'agit d'un événement majeur pour la filière, a insisté Jean-Pierre Raynaud, vice-président de la région Aquitaine, chargé de l'agriculture, représentant de l'Association des régions de France (ARF), l'enjeu est considérable, car l'agroalimentaire représente un potentiel de croissance important."
La filière représente en effet 820.000 salariés (1,2 million en comptant la grande distribution alimentaire) répartis sur l'ensemble des territoires ruraux et urbains. Elle a résisté au mouvement de désindustrialisation qui a frappé d'autres secteurs. Mais certains métiers sont plus en difficulté, avec un déficit d'image et une faible attractivité, notamment chez les jeunes. Le contrat de filière est destiné à y remédier. Ses orientations stratégiques seront déclinées au niveau régional, grâce à l'intervention des régions.
"Les régions s'engagent à faciliter l'articulation entre le niveau national et le niveau régional pour que le contrat soit décliné au plus près des acteurs", a ainsi souligné Jean-Pierre Raynaud. Les préfets de région et les présidents des conseils régionaux doivent ainsi mettre en place dès la rentrée 2013 des comités stratégiques régionaux de filière pour compléter et décliner en région les actions du contrat. "Ces comités devront assurer la représentation des salariés, des entreprises, des acteurs des différents secteurs dans leur diversité", précise le contrat. Le contrat fixe les objectifs, et précise les engagements de chacun. Ainsi, en matière d'emploi, la formation, et le recrutement, de 150.000 jeunes en alternance est prévue sur la période 2014-2017, soit au moins 10.000 de plus. De même, la filière compte faire bénéficier 5.000 salariés supplémentaires d'une formation sur l'acquisition des savoirs fondamentaux d'ici à 2017. Actuellement, la filière connaît un déficit de 5 à 6 points par rapport à la moyenne française en ce qui concerne les savoirs de base.
Maintien du budget de l'Agriculture
De leur côté, les régions vont mobiliser les dispositifs régionaux en matière d'orientation ou de formation et accompagner des stagiaires de la formation professionnelle et des apprentis. De plus, les régions se sont engagées à expérimenter, dans certains territoires, la mise en œuvre d'une ingénierie de formation locale coordonnant les différents acteurs concernés au sein de bassins d'emploi dans lesquels l'activité agroalimentaire est particulièrement représentée.
Autre axe de développement : stimuler les investissements et l'innovation des entreprises alimentaires. Dans ce domaine, les régions vont mettre en œuvre des dispositifs de soutien à l'investissement, abondés par les fonds européens qu'elles vont gérer, en faveur de la filière. De son côté, la filière va mettre en place une plateforme de coordination unique sur l'innovation dans le secteur alimentaire. Elle rassemblera les entreprises et acteurs de la recherche technologique (instituts de recherche, cellules de transfert, pôles de compétitivité…).
L'Etat s'engage quant à lui à stabiliser à 100 millions d'euros sur trois ans les moyens budgétaires du ministère de l'Agriculture, et à apporter le soutien de bpifrance au secteur. "Nous allons travailler sur la possibilité que les financements de bpifrance soient aussi fléchés sur l'agroalimentaire ; c'était un peu oublié jusqu'à maintenant", a précisé Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture.
Un autre axe concerne l'exportation. Dans ce domaine, l'Etat va mettre en place et financer à hauteur de 8 millions d'euros une plateforme dématérialisée pour faciliter les démarches des exportateurs (Exp@don2) et élaborer des plans de développement à l'international pour 250 PME et ETI alimentaires, dans le cadre des plateformes régionales export et des actions de bpifrance export. Un suivi de ces entreprises dans la durée (au moins trois ans) est prévu. Les régions participeront à ce mouvement à travers leurs plans régionaux d'internationalisation des entreprises (Prie), avec la définition de stratégies régionales spécifiques au secteur alimentaire. L'objectif visé pour la filière est de réaliser deux milliards d'euros supplémentaires d'exportation vers l'Asie d'ici à 2017, sachant qu'un milliard d'euros de plus à l'exportation représente environ 10.000 emplois créés.
D'autres actions sont prévues en matière d'amélioration de la qualité des produits alimentaires, de promotion du modèle alimentaire français, et d'amélioration des relations au sein de la filière. Par ailleurs, Pierre Gallois, commissaire général à l'Investissement, a appelé les acteurs de la filière à se manifester pour recevoir davantage de fonds issus du Programme d'investissement d'avenir (PIA). "L'industrie agroalimentaire n'a pas son compte par rapport à son poids et son chiffre d'affaires, la part des investissements qui lui est consacrée est jusqu'à maintenant insuffisante", a ainsi souligné Pierre Gallois.
Le comité stratégique de la filière alimentaire, qui a été installé le 19 février 2013, est chargé d'assurer le suivi de la mise en œuvre des engagements et actions du contrat.