Agnès Pannier-Runacher esquisse la feuille de route pour la gestion de l’eau en 2025
Lors du Carrefour des gestions locales de l’eau à Rennes ce 23 janvier, Agnès Pannier-Runacher a déclaré vouloir "poursuivre le plan Eau sur la gestion quantitative de la ressource", "améliorer la qualité de l’eau en protégeant les captages", mais aussi "accompagner les communes vers le transfert de leur compétence eau et assainissement". Plus largement, elle appelle à "réinventer le modèle de financement et de gouvernance" du secteur, "dans le contexte du dérèglement climatique".
Intervenant au Carrefour des gestions locales de l’eau à Rennes, ce 23 janvier, lors d’une table ronde dédiée aux 60 ans de la loi sur l’eau, Agnès Pannier-Runacher a tracé les grandes lignes de sa feuille de route pour la gestion de la ressource en eau en 2025. "Je veux poursuivre le travail engagé autour du plan Eau", à la fois sur le volet quantitatif et qualitatif, "notamment des captages", a affirmé la ministre de la Transition écologique. Mais "au-delà de ces questions à court et moyen terme", elle appelle à "réinventer le modèle de financement et de gouvernance dans le contexte du dérèglement climatique".
"Reposer la question du prix de l'eau"
Sur le financement, la ministre estime qu’il faut "arrêter d’associer les finances publiques au budget de l’État", rappelant qu’il existe d'autres moyens disponibles, comme les soutiens de la Caisse des Dépôts, pour accompagner les collectivités à réduire les fuites des réseaux ou encore les programmes de l’Union européenne. Elle regrette ainsi que "la France ne bénéficie que de 10% des fonds européens consacrés à l’eau et à la biodiversité alors qu’elle pèse 15% de la population européenne". Le débat sur le financement doit aussi impliquer les agriculteurs et les industriels, car ces derniers ne peuvent "voir leurs redevances multipliées par 20 dans la conjoncture actuelle", souligne-t-elle. Elle assure donc que des trajectoires soutenables seront trouvées. De manière générale, il faut selon elle "reposer la question du prix de l’eau et de la répartition de la charge des efforts d’investissement à venir".
Une feuille de route sur la protection des captages "dans les prochaines semaines"
Dans le détail, Agnès Pannier-Runacher affirme vouloir "accélérer la doctrine de l’État en matière de disponibilité des ressources et de gestion quantitative de l’eau", qu’il s’agisse des usages agricoles ou d’autres usages, notamment "pour lutter contre le risque incendie et pour assurer l’accès à l’eau potable". Pour améliorer la qualité de la ressource en eau, elle a indiqué que la feuille de route sur la protection des captages déjà annoncée en octobre dernier sera présentée "dans les prochaines semaines" et comportera une partie dédiée à la pollution terrestre des eaux littorales, en réponse aux "sollicitations des pêcheurs et des conchyliculteurs".
Elle entend également "accompagner les collectivités" dans la mise en œuvre de la directive révisée sur le traitement des eaux résiduaires urbaines, "pour laquelle la France n’est pas au niveau", et "mettre en œuvre" le travail engagé sur l’eau par le plan national d’adaptation au changement climatique. Ce qui vise à "améliorer la connaissance des impacts du dérèglement climatique", à "intégrer la trajectoire d’un réchauffement à +4°C dans toutes les politiques de l’eau", à "planifier la gestion structurelle de l’eau, en temps de crise et dans le climat futur", à "travailler sur le monitoring des prélèvements en eau pour assurer un équilibre entre les besoins et les ressources" et "améliorer l’infiltration des eaux pluviales dans les sols".
La conférence nationale sur l'eau toujours au programme
Enfin, la ministre va "préparer la conférence nationale sur l’eau", prévue en décembre dernier et reportée à cause de la censure du gouvernement. Réaffirmée par François Bayrou lors de sa déclaration de politique générale, celle-ci reposera sur "une déclinaison par bassin, l’association des parties prenantes et l’invention de formes innovantes de financement". Elle devra "veiller au partage de la ressource et résoudre les conflits d’usages", "réduire les pollutions", et "financer la politique de l’eau" en revoyant le prix de l’eau. Autant d’objectifs qui doivent prendre en compte l’intervention des collectivités compétentes, cibler une meilleure gestion des risques, et associer davantage l’opinion publique à la question de la gestion de l'eau, estime la ministre.
› Appel à projets "InnovEau" : les 26 premiers lauréats dévoilésÀ l’occasion du Carrefour des gestions locales de l’eau, le ministère de la Transition écologique et le secrétariat général pour l’investissement en charge de France 2030 ont annoncé, ce 23 janvier, les 26 projets lauréats des deux premières vagues de l’appel à projets "InnovEau". Lancé dans le cadre du plan Eau, cet appel à projets vise à récompenser l'innovation à quatre niveaux - gestion de la ressource dans la perspective du dérèglement climatique, sobriété, qualité de l’eau et des milieux ou l’utilisation du numérique et de la donnée. Les lauréats (voir la liste en annexe) vont se partager une enveloppe de 25,2 millions d'euros. D'autres dossiers déposés en septembre dernier et en ce mois de janvier 2025 sont en cours d’instruction. |