Développement numérique - Agence du numérique : développement du très haut débit, des usages... et des startup
Cette fois ça y est, l'Agence du numérique est officiellement créée. Le décret signé par le Premier ministre et publié au Journal officiel du 4 février confirme bien le regroupement dans ce service à compétence nationale de la mission Très Haut débit, de la French Tech et de la Délégation aux usages de l'internet. L'idée d'une structure commune avait été lancée par Fleur Pellerin dans le but de réunir le développement des réseaux et des usages "en un seul chantier". Un contexte budgétaire difficile a progressivement réduit l'ambition initiale. Dans une audition au Sénat en novembre 2014, l'actuelle secrétaire d'Etat, Axelle Lemaire, y voyait plutôt "un levier pour assurer une plus grande cohérence administrative et stratégique" et pour le gouvernement un outil permettant plus de réactivité dans la relation "avec les élus, les collectivités et les entreprises".
Ainsi, l'Agence, qui sera rattachée à la direction générale des entreprises, demeure l'instrument d'intervention directe de l'Etat. Un choix assez éloigné des attentes formulées par les associations d'élus qui voyaient dans la création de cette nouvelle structure le moyen de co-piloter avec l'Etat le développement numérique territorial.
Au final l'Agence sera chargée "de l'impulsion, de l'animation et de l'accompagnement des projets et des initiatives numériques" mais dans le seul champ couvert par les trois entités réunies en son sein : développement du très haut débit, accompagnement de l'écosystème des startup de la filière numérique dans le cadre des actions du programme "quartiers numériques", diffusion des outils numériques et développement de leur usage auprès de la population".
L'assemblage semble encore assez disparate entre des structures qui pourraient facilement s'ignorer en se retranchant derrière leur propre charge de travail. "C'est un peu comme si on avait réuni l'huile, les œufs et le sel pour réaliser une mayonnaise sans qu'on sache bien encore si celle-ci va prendre ou non", commente un observateur. Pour l'heure les trois entités partagent quelques acquis communs, notamment une culture terrain et l'habitude de travailler en partenariat avec les collectivités territoriales, ce qui pourrait quelque peu changer la donne. "A condition que la nouvelle organisation n'alourdisse pas trop la charge de travail de chaque entité, cette proximité pourrait sans doute faire émerger de nouvelles synergies", estime le même spécialiste.
Le rôle du futur directeur sera de ce point de vue déterminant. Charge à lui de créer le liant et la culture commune qui transformeront cet assemblage en une structure plus collaborative et plus homogène. La tâche sera difficile avec un budget et une autonomie financière réduits. Reste aussi à attendre la constitution du comité d'orientation chargé de proposer les axes stratégiques de l'Agence et dont la composition sera établie par un arrêté du ministre chargé du numérique.