Développement des territoires - Aéroports de Nice et Lyon : dernière ligne droite avant le lancement des appels d'offres
Les appels d'offres de la privatisation des aéroports de Lyon et Nice devraient être lancés la semaine prochaine. Le ministre de l'Economie recevait, mardi, les actionnaires minoritaires (collectivités et CCI) de l'aéroport de Nice et ceux de Lyon, mercredi, pour arrêter le cahier des charges de la vente. Dans les deux cas, il s'agit pour l'Etat de céder ses 60% de parts.
La phase de concertation avec les actionnaires locaux avait commencé début février. Les dernières discussions se sont plutôt bien passées, selon les retours de Bercy rapportés par l'AFP. Quelques points des cahiers des charges restaient à clarifier ; ces derniers devraient être soumis aux actionnaires locaux pour une dernière relecture avant publication dans le courant de la semaine prochaine. Le lancement des appels d'offres est prévu dans la foulée. Les cessions pourraient, elles, intervenir avant l'été 2016.
Dans le cas de Nice-Côté d'Azur, les collectivités (région, département, métropole) et la CCI qui détiennent respectivement 15 et 25% des parts, ont demandé de disposer d'une minorité de blocage au sein du conseil de surveillance de la future société aéroportuaire. Le président de la région Christian Estrosi a également demandé à ce que 10% du produit de la vente des 60% détenus par l'Etat (estimé entre 900 millions et 1,1 milliard d'euros) soient réaffectés dans le contrat de plan. Cela tombe bien car le ministre de l'Aménagement du territoire Jean-Michel Baylet vient de donner son feu vert à une révision de ces contrats de plan Etat-régions signés sur la base des anciens périmètres régionaux, avant la création des 13 grandes régions. Ce qui n'affecte pas la région Paca mais, à peine élu, son président a été l'un des premiers à appeler à une renégociation.
Le scénario est sensiblement le même pour Lyon-Saint Exupéry. Les actionnaires minoritaires (CCI, métropole, département et région) ont également demandé à disposer d'une minorité de blocage, mais aussi la mise en place d'un comité ad hoc pour le suivi du respect des engagements de l'acquéreur et la possibilité de porter de 5 à 7 ans la période de stabilité de l'actionnariat. Les actionnaires minoritaires ont là aussi demandé qu'une partie du produit de la cession des 60% de l'Etat soit réinvestie dans le développement local. Au-delà de ces amendements, les actionnaires locaux ont posé deux exigences. "La vente ne doit 'en aucun cas' se traduire par une nouvelle mise sous tutelle des aéroports de Lyon vis-à-vis d'un hub européen, à l'image de la situation actuelle vis-à-vis de Roissy", soulignent-ils dans un communiqué. Elle ne doit pas davantage conduire à sélectionner un actionnaire qui serait avant tout intéressé "par la spéculation foncière et immobilière plutôt que par le développement aérien". Les actionnaires locaux ont posé une dernière condition : que la compagnie Emirates obtienne "deux vols hebdomadaires réclamés depuis l'ouverture de la ligne Lyon-Dubaï en 2012, et ce avant la fin du processus de privatisation". Le ministre aurait apporté un "soutien appuyé" à cette requête.
La vente des aéroports de Nice et de Lyon a été inscrite dans le projet de loi Macron du 6 août 2015. Une procédure de concertation a été instaurée avec les collectivités. Des garde-fous visant à ne pas rééditer les couacs de la vente de 49,9% des parts de l'Etat français dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac fin 2014 pour 308 millions d'euros au consortium chinois Symbiose (holding Casil Europe créée pour l’occasion). Vente suivie quelque temps plus tard de la disparition du PDG de Casil Europe, l'homme d'affaires chinois Mike Poon, qui a depuis démissionné...