Transports - Aéroports de Nice et de Lyon : appels d'offres lancés pour une privatisation cet été
L'Etat a donné jeudi 10 mars le coup d'envoi à la privatisation partielle des aéroports de Nice et de Lyon, qui pourrait lui rapporter autour de 2 milliards d'euros, en lançant les appels d'offres pour la cession des 60% qu'il détient dans les deux infrastructures.
Le choix des acquéreurs devrait intervenir cet été.
L'Etat veut céder la totalité des 60% qu'il détient dans les sociétés gestionnaires de ces aéroports. Les candidats potentiels ont jusqu'au 24 mars pour déposer des dossiers auprès de l'Agence des participations de l'Etat, en vue d'un examen initial.
Ceux dont les propositions auront été jugées recevables pourront remettre des offres indicatives au plus tard le 28 avril pour Nice et le 12 mai pour Lyon. Après une nouvelle sélection, les candidats restants auront jusqu'au 20 juin pour déposer des offres fermes concernant Nice et le 4 juillet concernant Lyon.
A chaque étape, les actionnaires minoritaires (chambres de commerce et collectivités locales, qui détiennent dans les deux cas 40% des aéroports) seront consultés et pourront échanger avec les candidats, comme ils le réclamaient. Les statuts des sociétés gestionnaires leur accorderont par ailleurs une minorité de blocage, selon une source proche du dossier au ministère de l'Economie.
Un comité de suivi du respect des engagements de l'acquéreur, associant l'Etat et les collectivités territoriales, sera également mis en place, a indiqué cette source à l'AFP.
Les coactionnaires publics - qui pourront également céder des parts à cette occasion - ont été étroitement associés ces derniers mois à la préparation des cahiers des charges, histoire d'éviter les vives oppositions locales qui avaient entouré la privatisation partielle de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, en 2014-2015.
La CCI de Lyon décidera ainsi "dans le mois qui vient" si elle cède également une partie de ses parts, a indiqué à l'AFP son président Emmanuel Imberton.
"Contrairement à ce qui avait pu se passer à Toulouse où tout avait été centré autour du prix, là ce n'est pas seulement le prix qui sera pris en compte, mais aussi la qualité du projet", s'est félicité le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb (PS).
Expérience aéroportuaire
Comme le prévoit la loi Macron, qui a autorisé le gouvernement à privatiser les deux aéroports, les candidats devront justifier d'"une expérience en tant que gestionnaire d'aéroport ou actionnaire d'une société gestionnaire d'aéroport".
Nice Côte d'Azur (12 millions de passagers en 2015) et Lyon (8,7 millions) arrivent respectivement aux 3e et 4e rangs des aéroports français après Paris-Charles de Gaulle (65,7 millions) et Orly (29,6 millions).
A Nice, la chambre de commerce et d'industrie (CCI) possède 25% du capital, et les collectivités locales 15% (répartis à parts égales entre région, département et métropole).
Le président (LR) de la région Paca et président de la métropole de Nice Christian Estrosi a également exprimé, au nom des acteurs locaux, sa satisfaction, ayant obtenu "gain de cause" sur les demandes exprimées par les partenaires locaux.
Il a rappelé que la vente des 60% de l'Etat dans la plateforme azuréenne était évaluée "entre 900 millions et 1,1 milliard d'euros".
A Lyon, l'Etat détient 60% du capital, la CCI 25%, la métropole de Lyon 7%, la région Auvergne-Rhône-Alpes 5% et le département du Rhône 3%.
Selon les acteurs locaux, l'aéroport dans son intégralité est valorisé entre 800 millions et un milliard d'euros.
Plusieurs sociétés ont déjà fait connaître leur intérêt pour l'acquisition des participations de l'Etat, dont Aéroports de Paris (ADP) pour Nice, ainsi que la société d'investissement Ardian, le groupe Vinci Airports et un groupement réunissant la société d'investissements française Meridiam et l'Espagnole Ferrovial Airports pour les deux aéroports.
L'Etat est également actionnaire majoritaire au sein du capital d'ADP (50,63%) et, outre Nice et Lyon, détient 60% du capital de huit aéroports de province et d'outre-mer.
En juillet 2015, il avait vendu 49,99% de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (7,6 millions de passagers en 2015, au 6e rang après Marseille-Provence) à un consortium chinois pour 308 millions d'euros.