Aérien : après la crise du Covid, plusieurs aéroports régionaux redécollent grâce au low cost

L'année 2022 a encore été marquée par la crise du Covid pour les aéroports français. Malgré un net rebond par rapport à l'année précédente, le trafic passagers (174 millions) reste loin de celui de 2019 (plus de 214 millions) et se situe à un niveau comparable à l'année 2013, selon les résultats présentés ce 21 mars par l'Union des aéroports français (UAF). Les aéroports régionaux ont enregistré la reprise la plus dynamique, portée pour une large part par le trafic low cost.

En 2022, les aéroports français sont dans leur ensemble sortis de la crise sanitaire, qui avait divisé le trafic passagers par trois, mais la reprise s'avère inégale selon les villes desservies, les liaisons et le type de voyageurs, a détaillé ce 21 mars leur principale organisation, l'Union des aéroports français (UAF).

Ces infrastructures ont vu transiter l'année dernière près de 174 millions de passagers, soit quasiment le double qu'en 2021. Mais le trafic reste encore en retrait de 18,8% par rapport à 2019, dernière année pleine avant la pandémie, au cours de laquelle plus de 214 millions de passagers avaient été enregistrés. 2022 se situe au même niveau de trafic passagers que 2013 (172 millions de passagers), indique l'UAF. Et 2023 ne sera pas encore celle d'un retour aux chiffres d'avant-crise, estime l'organisation, qui prévoit un déficit de passagers de 10% par rapport à l'avant-Covid.

Meilleur remplissage des avions

Le nombre de mouvements commerciaux a également été plus faible en 2022 qu'en 2019 - 1,65 million contre 1,97 million en 2019, soit une diminution de 16%. En 2013, il était de 1,89 million. Pour un niveau de trafic équivalent en 2013 et 2022, le nombre de mouvements d’aéronefs est donc moindre. La différence s'explique par le nombre moyen de passagers par avion : celui-ci était de 91 en 2013, contre 105 en 2022. "Il y a donc aujourd’hui plus de passagers mais moins de mouvements d’avion, résultat du meilleur remplissage des aéronefs", souligne l'UAF.

Seulement 55% des aéroports français ont retrouvé plus de 80% de leur niveau de trafic de 2019 (49% pour les aéroports métropolitains). Les plateformes parisiennes représentent plus de la moitié du trafic des aéroports métropolitains (53,3% du trafic, une proportion équivalente à celle de 2019). Avec encore des marchés long-courriers perturbés, notamment du côté de l’Asie, l’aéroport de Paris – Charles de Gaulle est en retrait de 25% par rapport à son trafic de 2019, tandis que l’aéroport de Paris – Orly, plus tourné vers le court et moyen-courrier a limité la baisse à 8%. Au total, les deux plateformes parisiennes ont accueilli 87 millions de passagers, soit plus du double de 2021, mais seulement 80% du trafic de 2019.

Dynamisme des aéroports de Beauvais et d'Ajaccio

Sur les autres aéroports métropolitains, on retrouve le même ordre de grandeur avec un trafic encore en retrait de 19% par rapport à 2019, note l'UAF. Ce sont les aéroports régionaux - entre 1 et 5 millions de passagers par an en 2019 - qui affichent le meilleur rebond : avec près de 14 millions de passagers en 2022, le trafic de ces aéroports est en retrait de 6% par rapport au trafic de 2019. "Cette dynamique est principalement portée par le dynamisme du trafic sur les aéroports de Paris – Beauvais et d’Ajaccio – Napoléon Bonaparte (respectivement +15,8% et +2,7% par rapport à 2019)", précise l'organisation.

Les aéroports de proximité (entre 100.000 et 1 million de passagers par an en 2019) ont connu un trafic inférieur de 22,9% par rapport à 2019, mais c’est la catégorie où il existe le plus de disparités entre les aéroports, relève l'UAF. On trouve parmi eux, des aéroports comme Figari – Sud Corse et Calvi – Sainte-Catherine qui ont dépassé leur niveau de trafic de 2019 (respectivement +21,2% et +3%), ou qui s’en rapprochent, comme Caen (-1,1%), alors que d’autres se situent encore à moins de 50% de leur niveau de trafic de 2019. De nombreux aéroports restent à la peine comme Clermont-Ferrand qui accuse un déficit de 56,3% par rapport à l'avant-crise, ou Strasbourg (-28,6%).

Les grands aéroports régionaux qui totalisaient plus de 5 millions de passagers annuels en 2019 (plateformes de Bâle – Mulhouse, Bordeaux – Mérignac, Lyon – Saint-Exupéry, Marseille – Provence, Nantes – Atlantique, Nice – Côte d’Azur, Toulouse – Blagnac) et représentent plus d’un tiers du trafic métropolitain ont vu leur trafic diminuer de 20,9% par rapport à 2019. Ils ont accueilli en 2022 un peu plus de 55 millions de passagers contre plus de 70 millions en 2019. Le recul du trafic passager a été de 27,1% à Lyon-Saint-Exupéry, de 26,9% à Toulouse et de 25,9% à Bordeaux.

43% du trafic réalisé par le low cost

2022 a aussi été marquée par le retour en force du trafic low cost. Celui-ci représente 43% du trafic de la France métropolitaine, soit plus de 69 millions de passagers, contre 35% du trafic en 2019. Il a pratiquement retrouvé son niveau de 2019 (-1,7%), tandis que le trafic traditionnel reste en retrait de 28,8% par rapport à son niveau de 2019. Le trafic low-cost représente autour de 60% du trafic des grands aéroports régionaux (57,3%) et des aéroports de proximité (63,5%), et même plus de 70% du trafic des aéroports régionaux (70,2%). Comme en 2019, trois aéroports en France ont un trafic 2022 à plus de 99% composé de trafic low cost : Carcassonne Sud de France, Béziers – Cap d’Agde Hérault Occitanie, et Paris – Beauvais. Le trafic low-cost représente plus de 70% du trafic total de 18 aéroports français en 2022, contre seulement 11 aéroports en 2019.

Après avoir fortement diminué en 2020 et en 2021 en raison des restrictions mises en place pour faire face à la pandémie, le trafic international a rattrapé son retard en 2022 sur le trafic national. En un an, il a augmenté de 127,2%, contre seulement 36,9% pour le trafic national qui avait connu une reprise dès 2021. Le trafic international et le trafic national restent tous les deux en retrait de 19% par rapport à leur niveau de 2019. Avec 74% du trafic de la France métropolitaine en 2022, le trafic international représente la même proportion qu’en 2019.

Plus les aéroports sont de petite taille, plus le trafic domestique est important pour eux, constate aussi l'UAF. Le trafic domestique représente 54,6% du trafic pour les aéroports de proximité, 51,6% pour les aéroports régionaux et 35,1% pour les grands aéroports régionaux. En 2022, le trafic vers et depuis les destinations hors Schengen représente 37,4% du trafic métropolitain total (contre 38,5% en 2019) et 48.8% du trafic des plateformes parisiennes (contre 51% en 2019).

Reprise plus forte dans les aéroports d'outre-mer

Comme les deux années précédentes, les aéroports d’outre-mer enregistrent une meilleure reprise que les aéroports métropolitains. Avec 11,3 millions de passagers accueillis en 2022 contre 12,9 millions en 2019, leur trafic passagers est en retrait de 11,7%. 70% des aéroports d’outre-mer ont retrouvé en 2022 plus de 80% de leur niveau de trafic de 2019. Ce sont les aéroports de Nouvelle-Calédonie qui enregistrent la plus forte baisse de passagers (-28,4% par rapport à 2019), tandis que les aéroports de Polynésie française et de l’Océan Indien sont ceux qui ont connu les chutes de trafic les plus faibles (-3,3% et -7,3% par rapport à 2019).

 

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