Action Cœur de ville : des clés pour favoriser le développement économique des villes intermédiaires

Depuis son lancement, le programme Action Cœur de ville s'est beaucoup centré sur la redynamisation des commerces de proximité. Dans un rapport publié en septembre 2024, la Banque des Territoires donne des pistes pour aider les collectivités à élargir la thématique au développement économique (implantation et accueil d'entreprises, formation, friches…).

Mettre le développement économique au cœur du programme Action Cœur de ville (ACV). C'est l'objectif d'un ouvrage de la Banque des Territoires intitulé "Le développement économique au service de la redynamisation des villes moyennes", publié en septembre 2024. Partant du constat qu'à l'origine le programme s'est surtout focalisé sur la redynamisation des centres-villes et sur le commerce de proximité, le document invite à sortir de ce cadre et donne aux villes moyennes des clés pour mieux appréhender les enjeux du développement économique au sens large. Il s'appuie sur les conclusions d'une étude menée par le cabinet Egis Conseil à partir d'entretiens organisés auprès d'un panel de collectivités bénéficiaires d'ACV (la ville de Rochefort et la communauté d'agglomération Rochefort Océan, les villes de Béthune et Bruay-la-Buissière et le territoire de la communauté d'agglomération de Béthune-Bruay, Artois Lys Romane-CABBALR, la ville de Vierzon et la communauté de communes Vierzon-Sologne-Berry).

Une vision partagée du développement économique

Parmi les leviers identifiés par la Banque des Territoires : l'élaboration d'une stratégie économique par les villes moyennes. "Les collectivités sont inégalement dotées en documents stratégiques et ont une connaissance variable de la structuration de leur tissu économique et des activités présentes dans leurs zones d'activités économiques", indique le document qui incite les collectivités à définir cette vision partagée du développement économique à communiquer à leurs partenaires. "La mobilisation des acteurs est primordiale pour la collectivité afin de définir une réponse économique plurielle, précise la Banque des Territoires, même si le cœur d'activité des EPCI porte sur l'aménagement de zonages d'activités économiques et le développement d'une offre d'accueil, ils se doivent tout autant d'interagir de plus en plus avec d'autres collectivités locales et avec les acteurs privés (partenaires institutionnels, associations, entreprises, etc.) présents sur le territoire afin de réaliser des actions spécifiques sur-mesure".

Investir dans la remobilisation de friches ou sites vacants

Le rapport insiste sur la nécessité, pour ces villes moyennes, d'investir plus largement dans la remobilisation de friches ou de sites vacants, en centre-ville ou en périphérie, pour faciliter l'installation d'entreprises, dans le contexte de la mise en œuvre du Zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon 2050.

Autre aspect : repositionner les fonctions productives dans le tissu urbain et renforcer les logiques de mutualisation et d'intensification des usages. "Les collectivités ont souvent favorisé l'implantation d'activités économiques en périphérie, à la fois par facilité opérationnelle mais aussi pour parer aux difficultés de maintenir certaines activités économiques en tissu urbain, insiste le document, pour autant, au regard des exigences imposées en matière de sobriété foncière, les villes moyennes doivent aujourd'hui développer de nouvelles formes immobilières, plus denses et plus mixtes". L'occasion aussi de proposer de l'immobilier économique adapté aux nouvelles logiques de production et aux mutations du travail (télétravail notamment).

Des équipements immobiliers nécessaires aux différents stades de maturité d'une entreprise

La Banque des Territoires met en garde contre les difficultés que cela représente, avec des opérations mixtes en milieu urbain plus complexes, plus coûteuses et plus risquées et une localisation des activités qui ne peut se faire n'importe où sur un territoire urbanisé, les besoins spécifiques des entreprises (logistique, connexion aux grandes infrastructures routières…) devant être respectés. Elle propose une classification des activités en fonction des zones urbaines concernées : les petites activités artisanales, les activités industrielles de petite production, la logistique urbaine de plus petite capacité à proximité du centre-ville par exemple, alors que les activités industrielles à fortes contraintes ou les entrepôts intermédiaires et à grande capacité sont à prévoir plus loin du centre-ville.

Les collectivités doivent aussi mettre à disposition l'ensemble des équipements immobiliers nécessaires aux différents stades de maturité d'une entreprise : une offre d'accélérateurs et d'incubateurs pour les jeunes entreprises, une offre d'hôtel d'entreprises pour les entreprises plus matures (location ou achat d'un bien immobilier, foncier à bâtir…). "Or, les parcours immobiliers d'entreprises sont souvent incomplets voire inexistants selon les villes, signale le document, conforter ces équipements permet de faciliter le maintien des entreprises sur un territoire, tout en favorisant les interactions entre les différentes activités économiques et celles dédiées à la recherche, formation, innovation".

Aider les salariés à trouver un logement ou un emploi pour les conjoints

Des villes comme Rochefort (Charente-Maritime) ou Avignon (Vaucluse) mettent en place ce type de parcours. Pour Rochefort, la collectivité a développé une pépinière, des ateliers artisanaux, un tiers-lieu dédié à l'innovation et elle travaille au développement d'un "living lab" pour les expérimentations. A Avignon, c'est le projet Technicité, situé sur le technopôle Agroparc, qui permet d'accueillir des sociétés innovantes dans les filières des nouvelles technologies et de l'agroalimentaire. L'ensemble immobilier propose des plateformes techniques, des bureaux, des espaces et services communs (espaces de coworking, salles de réunion, secrétariat partagé, local vélos, bornes de recharge de véhicules électriques…) et un "living lab" dédié à l'intelligence agroalimentaire.

La Banque des Territoires incite les collectivités à accompagner la montée en compétences des salariés présents sur leur territoire pour répondre aux besoins des entreprises, via la formation et l'implantation d'équipements spécifiques comme les écoles de production. Il leur faut aussi aider les salariés dans leur recherche de logement ou d'emploi pour les conjoints.

Enrichir l'offre de services du territoire

Le territoire de Vitré (Ille-et-Vilaine) a ainsi mis en place une plateforme numérique dédiée à l'emploi local. Elle recense les offres d'emploi du territoire pour favoriser les liens entre demandeurs d'emploi localisés sur le territoire ou désireux de s'y installer et entreprises implantées localement.

Enfin, le rapport insiste sur un nécessaire enrichissement de l'offre de services du territoire (santé, loisirs, commerces) mais aussi sur la qualité des logements. "Cet enjeu est d'autant plus important dans un contexte sociétal où le rapport au travail et les attentes en matière de qualité de vie ont profondément évolué."

Le guide intervient au moment où la Banque des Territoires déploie sa nouvelle offre "Consolider et réimplanter les activités productives et de service dans les villes moyennes", qui propose un accompagnement en conseil et financement de projets.