Accueil du jeune enfant : une dynamique transformée en 20 ans
Les parents gardant eux-mêmes leurs enfants de moins de trois ans sont toujours majoritaires : 56% de ces enfants. Contre 70% il y a 20 ans. Sur la même période, la part des jeunes enfants accueillis en crèche a doublé et celle des enfants gardés par une assistante maternelle a augmenté avant de se stabiliser.
Alors que la concertation suit son cours sur le service public de la petite enfance (voir nos articles ci-dessous), les premiers résultats de l’édition 2021 de l’enquête "Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants" viennent d’être publiés par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux). Il s’agit d’une quatrième édition, après celles de 2002, 2007 et 2013.
La part des enfants gardés en EAJE a doublé en 20 ans
Fin 2021, "en France métropolitaine, 56% des enfants de moins de 3 ans sont gardés principalement par leurs parents du lundi au vendredi entre 8h et 19h", rapporte la Drees. Les deux autres situations les plus fréquentes sont l’accueil chez une assistante maternelle (20% des enfants) ou dans un établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE, 18%). En 2002, la répartition était bien différente : 70% des enfants étaient gardés à titre principal par leurs parents (soit une baisse de 14% entre 2002 et 2021), 13% par une assistante maternelle (+ 7% entre 2002 et 2021, avec une stabilisation depuis la fin des années 2000) et 9% dans un EAJE (soit un doublement entre 2002 et 2021).
Cette augmentation des modes de garde formels "coïncide avec une hausse du taux d’emploi des mères", rappelle la Drees. Ainsi, parmi les enfants dont les deux parents – ou le parent seul – travaillent à temps plein, sept sur dix sont confiés à une assistante maternelle ou à une maison d’assistantes maternelles (38%) ou à un EAJE (29%). Près de 60% des parents isolés de jeunes enfants – qui sont des mères dans la quasi-totalité des cas – sont toutefois inactifs ou sans emploi et un peu plus de 60% des enfants de parent isolé sont gardé à titre principal par leur parent. En 2021, 10% des enfants de moins de trois ans vivent avec un seul de leurs parents.
En suivant les choix des parents, la garde parentale concernerait 36% des enfants, contre 56% actuellement
L’enquête renseigne sur les disparités sociales et territoriales associées aux modes de garde, le recours à une assistante maternelle ou à une MAM étant plus fréquent pour les familles vivant dans une commune rurale (28% des enfants) que dans les moyennes et grandes agglomérations (16% et 17%). "À l’inverse, la part des enfants gardés principalement en EAJE augmente avec la taille de la commune : elle atteint 20% dans les unités urbaines de plus de 200.000 habitants et jusqu’à 26% en agglomération parisienne", peut-on lire dans l’étude. La Drees ajoute que les parents vivant en agglomération parisienne, "plus souvent cadres et à niveau de vie plus élevé qu’ailleurs", gardent moins souvent à titre principal leur enfant de moins de trois ans (49% des enfants, contre 58% dans le reste de la France métropolitaine).
Si, dans 80% des cas, "les parents sont pleinement satisfaits des conditions de garde ou d’accueil principales de leurs enfants", ces modes de garde correspondent au premier choix des parents pour 70% des enfants. C’est l’EAJE qui est le plus souvent le premier choix des parents (dans 93% des cas) lorsqu’il s’agit du mode de garde principal. Et, en comparant la répartition actuelle et une répartition fictive fondée sur les préférences des parents, la Drees relève "que la garde parentale pourrait être très inférieure à son niveau observé (36% contre 56%) au profit principalement d’un accueil en EAJE (35% contre 18%) et, dans une moindre mesure, par une assistante maternelle ou une MAM (23% contre 20%)".