"Accord de Rouen pour le climat" : les acteurs du territoire s'engagent
La métropole de Rouen a officialisé ce 29 novembre son "accord sur le climat" en organisant un forum d'échanges pour présenter l'ensemble des engagements des acteurs du territoire. Déclinaison de l'accord de Paris, cet accord est l'aboutissement d'une COP 21 locale lancée il y a un an qui reste une initiative unique en son genre en France. L'objectif principal est de parvenir à un territoire 100% énergies renouvelables et de rénover l'ensemble du parc immobilier d'ici 2050. L'accord doit aussi permettre de réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de diminuer de 70% les consommations énergétiques toujours à l'horizon 2050. La métropole ne pouvant agir que sur 15% des émissions de GES, elle a initié une mobilisation de l'ensemble des acteurs (entreprises, communes, associations, citoyens, chercheurs) pour qu'ils contribuent à l'atteinte de ces objectifs.
"A ce jour, nous comptabilisons 8.100 engagements citoyens ainsi que 378 entreprises et 500 commerces engagés", s'est félicité auprès de l'AFP Pascal Canfin, directeur général du WWF France, lors de la présentation de cet accord. "Les 71 communes de la métropole se sont également engagées sur plus de 1.000 actions concrètes", a indiqué Frédéric Sanchez, président de la Métropole Rouen-Normandie.
Exemples d'engagements de collectivités
Les engagements des différents acteurs ont été pris autour de cinq axes "structurants" de la transition écologique – énergies renouvelables, rénovation énergétique, mobilité propre, agriculture responsable, biodiversité. Exemples d'engagements de collectivités en matière d'énergies renouvelables et de rénovation énergétique : des études de faisabilité pour envisager l'installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, des mesures liées à l'éclairage public pour réduire les consommations d'énergie, une sensibilisation des bailleurs sociaux à la rénovation énergétique et la création d'un éco-appartement écologique, l'intégration partielle de matériaux bio-sourcés dans la conception des prochains bâtiments publics, la réalisation d'un plan pluriannuel d'investissement "travaux" sur les bâtiments publics, associé à un contrat de performance énergétique permettant de planifier d'importantes rénovations sur 3, 6 ou 9 ans. Dans le domaine de la mobilité, des communes s'engagent à restaurer des sentiers et chemins communaux, à organiser une fête intercommunale du vélo, à créer une flotte de vélos électriques partagés. Dans le secteur agricole, certaines veulent augmenter la part de produits issus de l'agriculture biologique dans les prochains marchés de la restauration scolaire et à lutter contre le gaspillage alimentaire en installant par exemple des tables de tri dans la cantine. Pour préserver la biodiversité, des communes s'engagent aussi à développer l'éco-pâturage sur des parcelles leur appartenant ou à végétaliser un cimetière municipal afin d'accompagner l'application stricte du "zéro phyto".
Un accord "exemplaire"
L'accord a été officialisé en présence de Laurent Fabius, ancien président de la COP21 aujourd'hui président du Conseil constitutionnel, et d'Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à la transition écologique et solidaire. "La situation est dramatique. Nous sommes encore plus loin des objectifs que nous ne l'étions en 2015 au moment de la signature des Accords de Paris", a alerté Laurent Fabius, évoquant le caractère "exemplaire" de l'accord de Rouen.
"La dynamique que nous avons initiée à Rouen est un succès" même s'il "reste encore du travail à accomplir", a estimé Pascal Canfin. "Un conseil d'évaluation se réunira au moins une fois par an" et le "GIEC local", mis en place pour observer les effets du réchauffement climatique à l'échelle du territoire, "sera maintenu", a précisé Frédéric Sanchez. "Nous allons essayer de décliner cette démarche dans d'autres métropoles", a par ailleurs indiqué Pascal Canfin, Emmanuelle Wargon disant "rêver" elle aussi "d'avoir des accords un peu partout qui répliquent, voire améliorent" celui de Rouen.
En marge de cette conférence, plusieurs militants écologistes ont déployé une banderole, exprimant leur hostilité à un projet de contournement autoroutier à l'est de Rouen, soutenu à hauteur de 66 millions d'euros par l'intercommunalité. Mais sans cette infrastructure, "certains trafics demeurent au coeur de notre agglomération avec des conséquences négatives en matière de santé publique", a réagi Frédéric Sanchez.