Access'R ou comment développer de nouveaux services au public en milieu rural
Répertorier, diffuser et accompagner les innovations autour des services au public en milieu rural. C'est la mission que s'est donnée Leader France à travers le projet Access'R. Lancé en novembre 2018 et présenté lors du dernier salon de l'agriculture, le dispositif doit aussi aider les porteurs de projets et les élus à solliciter des fonds européens et à se lancer dans la mise en œuvre des solutions repérées.
Présenté lors du salon de l'agriculture qui vient de fermer ses portes à Paris, le projet Access'R (Accessibilité des services à la population en milieu rural), mené par l'association Leader France depuis novembre 2018, doit permettre de capitaliser et diffuser les bonnes pratiques et d'accompagner les porteurs de projets dans le domaine des services au public en milieu rural. Leader France représente les groupes d'action locale (GAL) français
Lauréate de l'appel à projet de mobilisation collective pour le développement rural initié par le Réseau rural national, Leader France souhaite se concentrer sur les solutions innovantes. "Car les territoires perdent des services de l'Etat régulièrement et ils essaient de se débrouiller autrement", explique à Localtis Monica Ronecker, coordinatrice du projet. Les porteurs de projets font remonter leurs idées à travers des fiches, qui seront à terme consultables sur un site internet.
"La créativité et l'innovation, c'est l'avenir car on ne pourra pas revenir en arrière. Il faut oublier l'époque où chaque village avait un médecin, et pérenniser les expériences innovantes menées localement, comme les bornes médicales ou d'autres systèmes", insiste la coordinatrice, pointant du doigt le paradoxe entre un État qui signale qu'il n'y a pas assez d'utilisateurs pour ce type de services en milieu rural et des utilisateurs qui souhaitent s'installer dans ces territoires mais estiment qu'il n'y a pas assez de services dans ces zones…
Capitaliser, diffuser et accompagner
Parmi les expériences déjà répertoriées : un système de laveries communautaires à Mayotte, pour éviter les lessives faites dans les laveries par les migrants clandestins, un projet de voiture municipale partagée pour désenclaver le village de Villerouge-Termenès, mené par le GAL Est-Audois, un bus de consultation itinérant dédié aux enfants de 0 à 6 ans pour développer les consultations médicales dans le Calvados, mené par le GAL du Pays d'Auge.
D'une durée de trois ans, le projet, qui a reçu 150.000 euros de la part du Réseau rural national et la même chose de la part des fonds européens (Feader), se décompose en deux phases : la capitalisation, en cours, et une phase de diffusion, avec à terme un site internet pour diffuser les innovations et une phase d'accompagnement. "L'idée est de mettre à disposition des élus ces éléments, dont ils n'auraient pas connaissance autrement, détaille Monica Ronecker. Au lieu de démarrer de zéro, ils pourront ainsi s'inspirer de ce qui a été fait, et comprendre comment monter le projet, quel financement solliciter, quels partenaires mobiliser." Une façon aussi de donner une information pédagogique autour des fonds européens, pas toujours simples et rapides à activer. Car au-delà des difficultés rencontrées ces derniers temps par les régions, autorités de gestion de ces fonds, qui commencent à se régler mais très lentement (voir notre encadré ci-dessous), les porteurs de projets ont souvent besoin d'aide pour récupérer des fonds européens. "Avec ces fiches, nous pouvons exposer les difficultés rencontrées par d'autres porteurs de projets, détaille la responsable. Ce sera une sorte de boîte à outils, avec des informations clés en main et précises des démarches qu'ils ont à mener et pour leur éviter de perdre du temps."
Reste qu'une fois le tour des expériences réalisé, il faudra que les partenaires, y compris les collectivités locales, se mobilisent et acceptent de mettre la main à la poche pour développer et pérenniser ces nouveaux services au public.
Leader : du mieux dans les paiements mais un retard difficile à rattraper
Au 15 janvier 2019, le taux de paiement des projets Leader (Liaisons entre action de développement de l'économie rurale) atteint 4,5% et le taux de programmation s'établit à 13%, sur les 687 millions d'euros de crédits européens dont dispose la France pour la période 2014-2020 dans le cadre de ce programme inclus dans le fonds européen agricole pour le développement rural (Feader). Après des années de difficultés et de retard de paiement, les choses s'arrangent tout doucement. Et l'année 2018 a marqué le début effectif de la programmation en France. Mais le retard pris reste important, notamment par rapport à la majorité des autres pays européens et si une prolongation est prévue jusqu'en 2023, le rythme actuel ne permettra pas de le rattraper, avec le risque de devoir rembourser à l'Europe les fonds non consommés. En cause : la régionalisation des fonds européens pour la programmation 2014-2020. Une régionalisation qui a eu lieu en même temps que la réforme territoriale. Le manque d'intérêt des autorités de gestion pour Leader, qui représente une part restreinte du Feader, un alourdissement des procédures et une incompréhension de l'esprit du programme, ainsi qu'une absence d'anticipation des moyens humains nécessaires pour assurer le déploiement de Leader et l'instruction des dossiers seraient aussi au cœur de cette situation. Ce qui avait poussé Leader France à demander, avec d'autres représentants d'acteurs locaux, à ce qu'une coordination nationale soit mise en place, pour assurer un "plan de sauvegarde" du programme. Les conséquences de ce retard sont nombreuses, comme l'abandon de projets, la mise en difficulté des porteurs de projets sur le plan financier, des dossiers en attente d'instruction et le départ de techniciens de GAL, inquiets pour leur avenir.