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Déchets - 80 collectivités vont tester l'élargissement du tri des emballages plastiques

A partir du 1er janvier 2012, Eco-Emballages va tester avec 80 collectivités volontaires un dispositif visant à permettre le recyclage d'emballages plastiques jusqu'alors exclus des bacs jaunes de tri.

Le 7 juillet, Eco-Emballages a présenté le dispositif d'extension des consignes de collecte sélective à quatre nouvelles sortes de déchets d'emballages plastiques (pots de yaourt et de crème fraîche, barquettes de fruits, sachets de produits congelés) qu'il s'apprête à expérimenter dès janvier 2012 avec 80 collectivités volontaires. En octobre, celles-ci confirmeront leurs engagements, leur liste n'est donc pas encore définitive. On sait néanmoins qu'y participeront des villes (Paris), des communautés urbaines et agglomérations (Lyon, Angers, Nice-Côte d'Azur), des communes (dans le département du Lot) et des syndicats mixtes de gestion des déchets comme par exemple celui de la région de Sarcelles. Son directeur général des services, Vincent Casper, est impatient de se lancer. "L'initiative est d'autant plus pertinente que pour l'instant, ces plastiques s'accumulent en masse dans nos refus de tri", indique-t-il. Pour que ces déchets soient à terme acceptés et triés, il faudra investir dans des équipements à la hauteur. Au cas par cas avec chaque collectivité impliquée, l'éco-organisme s'engage ainsi à étudier leurs projets, à en évaluer le coût et à les financer. Il table pour cette expérimentation de trois ans sur une enveloppe globale de 10 millions d'euros par an. Et voit grand en termes d'objectifs. "Sur 1 million de tonnes par an d'emballages plastiques mis sur le marché, on sait en recycler actuellement 22,5%. On peut faire mieux", estime Eric Brac de la Perrière, directeur général d'Eco-Emballages
L'aide fournie ne sera pas que technique. "Il faudra travailler avec les collectivités sur la manière de faire passer le message et sur les périmètres où on déploiera une communication adaptée", ajoute le patron d'Eco-Emballages. La tâche ne sera pas aisée. Sur l'agglomération lyonnaise par exemple, ce sera à Villeurbanne et pas ailleurs que les films, pots et barquettes plastiques pourront être jetés dans les bacs jaunes de tri sélectif. Mais comment faire passer le message et éviter les erreurs ? "Par une solide communication de proximité", répond Bruno Coudret, directeur propreté du Grand Lyon. Le suivi de l'opération, ajoute-il, sera particulièrement accru en habitat collectif, au pied duquel l'élargissement du tri sera expérimenté. "C'est aussi l'une de nos priorités", rebondit Pierre-Paul Léonelli, vice-président de la communauté urbaine de Nice-Côte d'Azur. L'élu niçois conçoit cette expérience comme une "nécessité", à l'heure où sa collectivité s'évertue par ailleurs à ramasser chaque jour 5 tonnes de déchets (dont bon nombre de plastiques) sur le littoral.
L'opération soulève d'autres enjeux complexes. Le premier : ces plastiques en mélange ne vont-ils pas nuire à la qualité du tri des autres matériaux, sachant que dans les centres de tri, on bute toujours sur d'autres obstacles tel que le tri des cartons ? "On sera attentif à ce que les conditions de travail dans les centres ne se dégradent pas du fait de cette opération", assure Carlos de los Llanos, responsable recyclage chez Eco-Emballages. Un autre enjeu est posé par le devenir de ces plastiques, une fois triés et mis en balles. "En aval, il faut des débouchés, des acheteurs, sans quoi cela n'a aucun sens", confirme Eric Brac de la Perrière. Pour Bruno Coudret, cette opération est donc l'occasion pour les collectivités qui y participent d'envoyer un signal clair à la filière qui, en sortie de centre de tri, est en mesure de récupérer, recycler et valoriser ces plastiques (Valorplast). "Sinon à quoi bon faire du volume si, ensuite, les plastiques collectés ne sont pas recyclés sur le territoire et partent à l'export en Chine", a-t-il souligné, rappelant par là la dimension internationale du marché des matières recyclables. Sur ce point, Eco-Emballages se fait un devoir de trouver des "débouchés à valeur ajoutée" et liste déjà neuf projets industriels allant dans ce sens et qu'il soutiendra. Ils ont émergé dans le cadre d'un appel à projets auquel ont répondu des recycleurs.