5G : de la difficulté d’attribuer des fréquences sans connaître les usages
L’Europe et le gouvernement ne veulent pas rater le train de l’innovation promis par la 5G. Définir des modalités d’attribution de fréquences sans connaître les besoins réels est cependant un exercice difficile estime l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca). Et d’appeler, dans tous les cas, à éviter le bis repetita sur la fracture numérique territoriale.
L’Arcep a mené l’automne dernier une consultation publique sur l’attribution de nouvelles fréquences pour la 5G. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la feuille de route 5G gouvernementale de juillet 2018 (notre article) qui découle elle-même de la stratégie 5G européenne. Soucieuse de favoriser l’émergence de services innovants à l’échelle européenne et de ne pas renouveler les erreurs de la 3G et la 4G, la Commission a prévu un lancement commercial de la 5G dès 2020 dans l’ensemble des États membres, l’objectif de généralisation étant fixé à 2030. Au niveau national, les pouvoirs publics incitent les acteurs à expérimenter de nouveaux usages (voir le cas de Rennes) et visent "un déploiement commercial de la 5G dans au moins une grande ville d’ici 2020 et la couverture en 5G des axes de transports principaux d’ici 2025".
Usages et modèle économique flou
L’échéance de 2020 exige de définir les modalités et conditions d’attribution des fréquences en métropole (sans présager des "critères d’attribution"), objet de la consultation de l’Arcep. Un exercice qui s’avère difficile pour l’Avicca qui a répondu à la consultation de l’autorité. Si l’association reconnaît que, sur le papier, "les perspectives technologiques sont prometteuses", elle estime qu’en l’état actuel des connaissances "les applications, la viabilité technologique et économique, les usages effectifs de la 5G restent beaucoup trop imprécis pour pouvoir estimer la durée, l’ampleur et l’intensité de déploiement des réseaux". Et de souligner qu’un cadre trop figé, avec des licences sur des durées trop longues, pourrait nuire aux acteurs économiques concernés comme aux territoires.
Intégrer la 5G au "new deal mobile"
En pleine crise des "gilets jaunes", l’association invite ensuite les pouvoirs publics à anticiper dès à présent la problématique de la couverture 5G. "L’expérience des générations technologiques précédentes a montré les décalages importants qui pouvaient se creuser entre les secteurs urbains et les zones moins denses. La moindre qualité, voire l’absence de service renforcent le sentiment de relégation de territoires", met en garde l’association. Et de suggérer que la problématique 5G soit abordée sans trop tarder dans le "new deal mobile" afin d’éviter les dispositifs de rattrapage que l’on a connu pour la 2G et la 3G.
Le cas de la bande 3,5 Ghz
À court terme, la 5G pourrait enfin avoir des conséquences très pratiques pour les territoires ruraux qui proposent des solutions hertziennes du type Wimax là où il n’y a ni ADSL ni déploiement de fibre planifié. Ces services utilisent en effet la bande des 3,5 Ghz dont l’usage est envisagé pour la 5G par le régulateur, en plus des bandes 26 GHz et 1,4 GHz. L’association demande expressément que la libération de ces fréquences "ne soit envisagée qu'à condition d'une prise en charge intégrale par les bénéficiaires de cette libération de fréquence des coûts de migration vers une nouvelle bande de fréquences, étant entendu que cette migration ne se fasse pas aux dépens d'une baisse des niveaux de services proposés actuellement".