Environnement / Politique de la ville - 20 projets de renouvellement urbain en pointe pour le développement durable
Le développement durable n'est pas l'apanage des riches : c'est le message qu'ont voulu faire passer Patrick Kanner, ministre de la Ville, Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, et François Pupponi, président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), en présentant le 25 janvier les lauréats du premier appel à manifestations d'intérêt (AMI) centré sur l'innovation environnementale dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. "On parle souvent de nos quartiers comme de quartiers où il n'y aurait que des difficultés, que des échecs, que des problèmes que l'on ne saurait pas résoudre ; or on sait que ce sont aussi des quartiers où il existe beaucoup d'imagination et d'innovation", a affirmé François Pupponi, en se félicitant que le Commissariat général à l'investissement ait confié cette partie du programme d'investissements d'avenir (PIA) à l'Anru. "Les quartiers populaires doivent aussi prétendre à l'excellence", a renchéri Patrick Kanner.
63 candidats sur 200 quartiers
Sur les 200 quartiers d'intérêt national du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), 63 projets ont fait acte de candidature et 20 sites ont été retenus. Deux objectifs guident ce programme de développement durable mis en œuvre par l'Anru, ont rappelé ses promoteurs : "augmenter le reste pour vivre des habitants des quartiers de la politique de la ville" et renforcer l'attractivité de ces quartiers, en donnant envie d'y vivre et d'y travailler. La sélection des projets s'est donc faite en fonction de trois thèmes prioritaires : la performance des bâtiments pour réduire la facture de chauffage et augmenter le confort, l'approche énergétique et environnementale à l'échelle du quartier, et la mobilité durable, "pour des modes de transports complémentaires, écologiques et accessibles à tous". Les lauréats vont bénéficier de 71 millions d'euros pour concrétiser leurs projets dont 3 millions d'euros pour financer les études de faisabilité. Ces financements viennent en plus des crédits mobilisés au titre du NPRU, a souligné Patrick Kanner.
Des projets porteurs d'innovations
Six des 20 lauréats se trouvent en Ile-de-France et 3 outre-mer (Cayenne, Saint-Pierre et Saint-Denis de la Réunion). Les autres sites retenus sont à Amiens, Lille, Roubaix, Vitry-le-François, Villeurbanne, Saint-Etienne, Grenoble-Echirolles, Marseille, Port-de-Bouc, Perpignan et Pau.
A Clichy-sous-Bois, par exemple, qui figure parmi les lauréats en Ile-de-France, le projet consiste à conduire une expérimentation sur une trentaine de logements en copropriété. Il s'agit de réaliser des travaux de rénovation énergétique à coût optimisé et de couvrir le reste à charge des copropriétaires par la vente de droits à construire disponibles. Autre exemple, à Pau : sur le grand ensemble Saragosse, le projet porté par la communauté d'agglomération cible les questions d'efficacité énergétique (thermographie des façades par drone, télérelevé des consommations énergétiques, éclairage public par LED avec détection de présence, etc.) et d'économie circulaire dans une logique de réduction des déchets (mise en place d'une déchetterie-recyclerie, valorisation des bio-déchets). Mais au-delà de l'innovation technique, son originalité tient à sa volonté de proposer de nouveaux services adaptés au vieillissement de la population (conciergerie solidaire, colocations pour personnes âgées dans le logement social, équipement domotique des logements pour favoriser le maintien à domicile).
Pour accompagner le renouvellement urbain de deux de ses secteurs, la ville de Port-de-Bouc, dans les Bouches-du-Rhône, propose pour sa part un panel d'actions diversifié autour de l'énergie, comprenant notamment la mise en place d'un système thalasso-thermique alimentant le réseau de chaleur collectif grâce aux ressources maritimes, mais aussi une requalification des espaces publics pour tirer profit au mieux du climat méditerranéen, le déploiement d'un réseau public de bornes wifi, ainsi que des actions visant au "redéveloppement" économique du territoire par l'économie sociale et solidaire. A Amiens, le projet retenu porte sur deux quartiers : à Amiens Nord, il s'agit de réaliser des bâtiments à énergie positive en rénovation, de mettre en place des dispositifs de régulation du réseau de chaleur ainsi que des systèmes de pilotage des consommations individuelles et de sensibilisation des habitants aux éco-gestes. A Etouvie, quartier le plus pauvre de l'agglomération, où les habitants dépensent beaucoup pour leur alimentation, l'objectif est de déployer des circuits courts autour de l'agriculture (vergers, potagers et jardins partagés, bacs jardinés temporaires pour identifier les secteurs les plus appropriés au développement de l'agriculture urbaine, installation de ruches, etc.). Dernier exemple : le Village chinois, à Cayenne. Le soutien du PIA doit notamment permettre de déployer un programme d'auto-construction et d'auto-réhabilitation encadrées des logements mais aussi de recyclage et de réutilisation des déchets dans l'espace public, en structurant la filière locale du bois.
Mise en oeuvre à l'automne 2016
"L'objectif est que les projets soient effectivement mis en œuvre à l'automne de cette année", a déclaré Louis Schweitzer, laissant entendre qu'à l'avenir d'autres projets de renouvellement innovants sur le plan environnemental pourraient être accompagnés par le prochain PIA. En attendant, le commissaire général à l'investissement a encouragé les premiers lauréats à partager leurs retours d'expériences. L'idée a suscité l'adhésion de nombre d'entre eux qui ont d'ores et déjà manifesté leur volonté de travailler en réseau.