Foncier agricole : 20 ans de collaboration entre Terre de liens et les Safer

Plus de 338 agriculteurs ont pu s'installer ou maintenir leur activité sur 240 fermes, couvrant près de 7.000 hectares. C'est le fruit de la collaboration entre Terre de liens et les Safer engagée il y a 20 ans et célébrée le 27 février 2025 lors du Salon de l'agriculture.

Parfois confrontés à des choix divergents sur le terrain, les Safer (sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) et le mouvement Terre de liens veulent montrer qu'ils savent travailler main dans la main. Depuis 20 ans, ils oeuvrent ensemble pour aider les agriculteurs à s'installer. À l'occasion du 61e Salon de l'agriculture qui a fermé ses portes dimanche soir, les deux partenaires ont dressé un bilan 2025 de cette collaboration : plus de 338 agriculteurs ont pu s'installer ou maintenir leur activité sur 240 fermes, couvrant près de 7.000 hectares en agriculture biologique ou en conversion. Ce qui représente les deux tiers des 352 fermes "Terre de liens" recensées au 31 décembre 2023.

"Dans un contexte critique de renouvellement des générations agricoles, où de nombreuses exploitations pourraient disparaître faute de repreneurs, cette coopération joue un rôle important pour l’avenir de l’agriculture", soulignent les deux partenaires. Or à l’heure actuelle, moins de 2% des terres sont sur le marché, a expliqué Terre de liens, lors de la présentation de ce bilan, jeudi 27 février, il est souvent difficile de connaître les transmissions en cours. L'installation familiale recule (-60% par rapport à 1980) si bien qu'aujourd'hui 40% des candidats ne sont pas issus du monde agricole, ce qui rend pour eux encore plus compliqué la question de l'accès à la terre (voir encadré ci-dessous). Selon le bilan, en 2023, les Safer ont accompagné 1.410 premières installations, dont 71% hors du cadre familial. 

78 fermes en 2024 pour Terre de liens

L‘alliance entre les deux structures permet d’être plus efficace. D'un côté les Safer protègent le foncier agricole, de l’autre, l’association Terre de liens achète des terres à partir de l'épargne solidaire pour les louer aux porteurs de projets. Chaque année Terre de liens collecte 20 millions d’euros et la dynamique est croissante, avec une première ferme en 2006 et 78 en 2024 et globalement autour de 40 fermes par an. Peu d’échecs ont lieu, l’accompagnement étant particulièrement fort.

"Le partenariat entre Terre de liens et les Safer est fructueux et il s’améliore dans le temps", détaille le bilan insistant sur la diversité des productions des fermes accompagnées et leur pérennité. Une amélioration qui se traduit aussi par des surfaces attribuées "qui ont presque doublées depuis 2020".

Les deux structures agissent principalement pour l’installation : 46,3% des opérations menées conjointement concernent la création de nouvelles activités agricoles. "Toutefois 23% des opérations correspondent à un maintien de fermier en place, souligne le rapport. Dans ce cas, les fermiers exploitent déjà les surfaces mais mobilisent Terre de liens car ils ne souhaitent pas devenir propriétaires ou n’ont pas les moyens financiers."

Des pistes d’amélioration

Et si la collaboration a démarré dans le sud et l'est de la France métropolitaine, elle couvre maintenant tout le territoire national. "Néanmoins, l’ampleur des opérations menées depuis 20 ans n’est pas équivalente d’une région à l’autre en surface comme en nombre de fermes concernées", explique le bilan, en fonction des dynamiques territoriales, du prix du foncier des surfaces utiles présentes.

Pour améliorer encore ce partenariat et l’efficacité de leurs actions, les deux structures avancent quelques pistes : améliorer la transmission d’informations sur les projets repérés, travailler ensemble sur le cahier des charges des Safer et réaliser un travail de fond sur le devenir du patrimoine bâti agricole qui n’est parfois pas adapté aux projets de reprise et nécessite souvent trop d’investissements. "Dans cette réflexion, la cession et la gestion de l’habitat paysan dans le temps serait aussi à interroger", signale le document.

Si la loi d'orientation agricole votée juste avant le Salon de l'agriculture est censée s'attaquer au problème du renouvellement des générations, elle ne traite la question du foncier agricole qu'à la marge. Pour Terre de liens, ce texte "ne garantit ni un revenu juste pour celles et ceux qui nous nourrissent, ni un accès équitable à la terre, pourtant essentiel pour installer la nouvelle génération d’agriculteurs".

› Fonds Elan : financer l'installation d'une centaine d'agriculteurs en trois ans

Financer l'installation d'une centaine d'agriculteurs en trois ans en leur proposant des baux agricoles de longue durée (25 ans) et en leur offrant la possibilité de devenir propriétaire des terres via une option d'achat sur la base des conditions de marché. C'est ce qu'ambitionne le fonds Elan qui a lancé un premier tour de table de 40 millions d'euros auprès d'acteurs publics-privés. Lancé en 2023 (voir notre article), ce fonds de portage de foncier agricole a été initié par les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), qui seront responsables d'identifier des terres et des agriculteurs repreneurs et assureront la gestion des baux ruraux. Il est géré par Citizen Capital, acteur de l'investissement à impact en France, qui assurera la sélection des terres et des agriculteurs et leur accompagnement dans leur projet d'installation. Dans le cadre de ce tour de table, la Banque des Territoires, qui intervient pour le compte de l'État via le programme "Entrepreneurs du vivant" de France 2030 et pour compte propre, rejoint les investisseurs initiaux, que sont le groupe Crédit mutuel et le groupe Crédit agricole (Fédération nationale du Crédit agricole et Idia Capital Investissement). "Dédié principalement à l’installation des jeunes agriculteurs, le dispositif entend renforcer celle des repreneurs hors cadre familial, qui représente aujourd’hui 40% des installations", soulignent les partenaires financiers, dans un communiqué du 27 février.  
Les Safer contribuent également au financement de cette opération. Ce fonds Elan, dont la période de souscription va s'étendre jusqu'à 18 mois, compte aussi accueillir d'autres partenaires financiers pour amplifier son impact. "Ce fonds a été créé au service de l'intérêt général, avec un modèle économique inédit, attirant aussi bien des financeurs publics que des investisseurs privés engagés dans le secteur agricole", se félicite Antoine Vedrenne, associé de Citizen Capital dans le communiqué.

 

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