1 jeune, 1 solution : entre satisfecit du gouvernement et vigilance des acteurs
Le second comité de suivi du plan de relance le 8 février a été l’occasion de faire un rapide bilan des mesures en faveur des jeunes réunies dans le plan "1 jeune, 1 solution". Si l’apprentissage a bien progressé, le sort des 38.000 jeunes sans contrat reste en suspens. Les régions de leur côté comptent sur les PIC renforcés pour lancer l’expérimentation du pilotage de la formation des demandeurs d’emploi.
Lors de ce deuxième comité de suivi de France Relance (voir notre article du 8 février), le ministère du Travail a annoncé que les diverses primes (notamment à l’embauche et à l’apprentissage) auraient permis à 1,2 million de jeunes de moins de 26 ans d’être embauchés entre août et décembre 2020 sur des contrats d'au moins trois mois (soit une stabilité par rapport à 2019). Plus de deux tiers des demandes de primes concernent des CDI.
Parallèlement, 495.000 contrats d’apprentissage ont été signés en 2020 (à comparer à 353.000 en 2019), "un record historique en France". Cette progression est tirée par l’enseignement supérieur et notamment les qualifications de niveau bac+2 (22% des contrats). "De nouvelles entreprises ont donc recours à l’apprentissage et de nouveaux profils de jeunes y adhérent", se félicite le ministère du Travail tempérant cet enthousiasme en reconnaissant : "Bien que cette hausse traduise pour partie un rééquilibrage entre apprentissage et contrat de professionnalisation, on peut estimer qu’il y a eu création nette en 2020 de 60.000 places supplémentaires en alternance, sous la forme de contrats d’apprentissage."
Débat entre quantité et qualité
Plus de 400.000 demandes de prime ont été déposées par les entreprises. "Les primes du plan de '1 jeune, 1 solution' ont joué un rôle déterminant pour permettre aux TPE-PME de maintenir leur poids prépondérant dans l’apprentissage, sachant qu’elles représentent plus des trois-quarts des contrats signés." Se maintenant dans le BTP, l’industrie et l’artisanat, l’apprentissage se serait aussi développé en 2020 dans les commerces de gros et de détail, et dans les services.
"Attention de ne pas privilégier la quantité au détriment de la qualité", met en garde Aurélien Cadiou. Le président de l’association nationale des apprentis de France (Anaf) pointe en effet des aides sociales qui régressent depuis la réforme Avenir Pro et le transfert aux opérateurs de compétences de la compétence des régions, ainsi qu’une progression plus forte du nombre d’apprentis dans les niveaux supérieurs (au-delà de bac+2) au détriment des collégiens qui sortent de 3e. "Notre objectif est aussi qualitatif", a prévenu Jean Castex le 6 février lors d’un déplacement en Bretagne, "il ne s’agit pas seulement d’agir sur les chiffres mais d’orienter les jeunes vers des métiers d’avenir : la transition écologique, la souveraineté économique par la reconquête de l’industrie, la numérisation".
Hommage aux missions locales
Le Premier ministre a insisté sur le double objectif de "faire face à l’urgence et la transformation de notre économie pour que les formations soient utiles et les emplois durables". Outre la formation et l’emploi, Jean Castex compte aussi sur l’activité, invitant à "créer une société de l’activité". Pour ce faire, il mise sur l’insertion par l’activité économique pour offrir des solutions adaptées à ceux qui ne peuvent pas occuper des emplois dit normaux".
Mais selon le chef du gouvernement, "tout cela réussira par le bas, les territoires, la fédération des acteurs de terrain". L’occasion de rendre un hommage appuyé aux missions locales qui "jouent un rôle essentiel dans cette fédération des acteurs autour d’objectifs communs dans des périmètres déterminés". "Nous devons faire de la dentelle, a insisté Jean Castex, en allant vers les publics les plus précarisés qui ignorent les dispositifs."
Mais à très court terme l’inquiétude majeure de l’Anaf concerne les 38.000 jeunes sans employeur qui ont bénéficié de trois mois supplémentaires d’inscription à un CFA. Cette dérogation arrive à échéance fin février sans qu’aucune alternative ne leur ait été proposée. "L’Anaf propose, comme au début de la crise, de permettre à tous ces jeunes de terminer l’année scolaire sans employeur, de manière exceptionnelle. Cela éviterait des ruptures de parcours dans les semaines à venir", rappelle Aurélien Cadiou, toujours dans l’attente d’un retour du ministère du Travail à ce sujet.
Formation : les régions reviennent à la charge
Lors du 2e comité national de suivi de la relance, le président de Régions de France Renaud Muselier a demandé que "le gouvernement relance l’expérimentation sur la gouvernance de pôle emploi dans chaque région pour orienter les demandeurs d’emploi vers les formations les plus pertinentes".
En effet, un an après l’annonce des huit régions qui devaient expérimenter le pilotage régional de l’action de Pôle emploi en matière de formation des chômeurs, le projet n’a quasiment pas avancé, stoppé net par la crise sanitaire. Mais l’idée reste dans les tuyaux notamment dans le cadre des avenants au PIC (plan d'investissement dans les compétences) que préfets, voire ministres, et présidents de régions sont en train de signer, tandis que les assemblées régionales votent les ajustements financiers des Pric (pactes régionaux d'investissement dans les compétences). Ainsi, certaines régions à l’instar de la Bourgogne-Franche-Comté et du Centre-Val de Loire, en profiteraient pour relancer les discussions.
Dotés de moyens supplémentaires pour former davantage de personnes et notamment des jeunes (100.000 parcours en plus en 2021 et 2022), les Pric "boostés" seraient, selon Régions de France, le bon cadre pour mener cette expérimentation. Car cet effet masse "nécessitera d’avoir un pilotage régional plus fin et resserré des prescripteurs, dont Pôle emploi, qui envoient des demandeurs d’emploi en formation".
Etat d’urgence sanitaire : prolongement des mesures en faveur des chômeurs et l’activité partielle
Le conseil des ministres du 10 février a validé une ordonnance visant à aligner certaines mesures exceptionnelles sur le calendrier de l’état d’urgence sanitaire. Ainsi, l’article 1er modifie l’ordonnance du 25 mars 2020 prévoit la prolongation, jusqu’au dernier jour du mois civil au cours duquel intervient la fin de l’état d’urgence sanitaire, de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi arrivant à épuisement de leurs droits à indemnisation au cours de la période actuelle. Cependant, le gouvernement s’autorise aussi à interrompre cette mesure de prolongation en cas d’amélioration de la situation sanitaire
L’article 2 modifie l’ordonnance du 24 juin 2020 relative à l'adaptation du taux horaire de l'allocation d'activité partielle. La possibilité de moduler ces taux horaires et d’indemnité d'activité partielle en fonction des secteurs d'activité et des caractéristiques des entreprises compte tenu de l'impact économique de la crise est prolongée du 30 juin au 31 décembre 2021.
Enfin, l’article 3 modifie l’ordonnance du 2 décembre 2020 adaptant les conditions d'exercice des missions des services de santé au travail à l'urgence sanitaire et permet le report des visites médicales.