Présidentielle - Ville et Banlieue fera passer le 19 avril un grand oral aux candidats
La formule inaugurée par l'AMF le 22 mars fait des petits. Elle sera le 19 avril sur le thème très précis de la politique de la ville. Ce jour-là, Ville et Banlieue, France Urbaine et l'AMF passeront à la question cinq candidats à l'élection présidentielle.
Le 19 avril, à l'invitation conjointe de l'association des élus de Ville & Banlieue, de France urbaine et de l'Association des maires de France (AMF), Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen – ou plutôt leurs représentants – sont convoqués à un grand oral sur le thème des quartiers et de la politique de la ville. Pour séduire les maires de banlieue, il va falloir dépasser les vagues allusions qui figurent dans les programmes présidentielles.
Car ils ont encore envie d'y croire, même après le "terrible rendez-vous manqué avec François Hollande". Et c'est un maire socialiste qui le dit : Marc Vuillemot, maire de la Seyne-sur-Mer et président de Ville & Banlieue (voir ci-dessous notre interview dans Localtis du 1er décembre 2016).
Pour faciliter la tâche aux candidats, les associations d'élus ont repris la formule du grand oral organisé le 22 mars à la Maison de la Radio par l'AMF (voir notre article ci-dessous). Les questions ont été adressées au préalable : "Quel bilan et quelles perspectives pour la politique de la ville ?" ; "Quelles politiques de l'habitat pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville ?" ; "Quelles politiques de l'éducation ?" ; "Quelles politiques de l'emploi, de la formation, du développement économique ?" Elles sont suffisamment larges pour que chacun puisse broder autour.
Et pourquoi ne pas confier la politique de la ville au Premier ministre ?
Une autre question devrait tout de même surgir. Une question-piège qui renvoie à la proposition phare de l'association : "Pourquoi ne pas confier la politique de la ville au Premier ministre de votre gouvernement ?" Une question à tiroir, en réalité, qui teste la prise de conscience des candidats à l'intérêt (sinon la volonté) de pratiquer une politique de droit commun dans les quartiers.
Les discours sur la baisse des dotations ne passeront pas plus qu'à l'AMF. "Nous en serons les premières victimes", anticipe Gilles Leproust, maire (PCF) d'Allonnes, vice-président du Mans Métropole à l'aménagement du territoire et à la politique de la ville, et vice-président de Ville et Banlieue. Il craint aussi les promesses de réduction de l'emploi public dans les collectivités pour des villes populaires comme la sienne qui ont "fait le choix du service public local" auprès de ses habitants.
Catherine Arenou, maire (LR) de Chanteloup-les-Vignes et vice-présidente de V&B ne veut pas entrer dans "l'obsession de faire des économies". Selon elle, le futur président doit bien avoir conscience qu'aujourd'hui les villes de banlieue volontaristes "se substituent à l'Etat", par exemple sur les questions de prévention de la délinquance et de réussite éducative. Il doit comprendre que, "tout est plus dur pour un habitant de nos quartiers : l'exercice de la citoyenneté, la parentalité, la recherche d'emploi..." Catherine Arenou prend pour exemple la vie des femmes seules à la tête d'une famille et qui prennent le premier train de 4h30 pour aller travailler à Paris. Les actions des communes, "c'est pas du luxe, c'est ce qui fait que nos territoires tiennent encore", explique-t-elle.
"Nous voulons être considérés avec bienveillance"
"Ce n'est pas qu'une question de moyens financiers, mais aussi une question de considération : nous voulons être considérés avec bienveillance", enchaîne Driss Ettazaoui, vice-président (Modem) du Grand Evreux, membre du bureau de Ville & Banlieue. "Le regard de la société sur nos territoires est quand même bien pourri", dit autrement Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny. "Nous sommes dans l'angle mort de cette République", estime-t-il en regrettant que la banlieue ne soit traitée dans la campagne présidentielle que sous l'angle des discriminations et des rapports police/jeunes. La "belle idée" d'un candidat (en l'occurrence Emmanuel Macron) de réduire à 12 ou 15 élèves les classes de CP et CE1 dans les quartiers populaires ne le fait pas vraiment rêver. "Pour Grigny cela signifierait construire 24 classes de plus", a-t-il calculé, "ce candidat a-t-il réfléchi à qui les financerait ?
Il pourra lui poser la question le 19 avril. Et peut-être même repartir avec la promesse que l'Etat financera "au centime près" ?