Une charte pour réguler la publicité lumineuse dans les transports
Les exploitants de gares, stations de transports publics et aéroports se sont engagés ce 27 mars, sous l'égide de l'Etat, à éteindre d'ici à la fin de l'année les publicités lumineuses quand ces lieux sont fermés au public, afin de réduire cette source de consommation d'énergie.
Dans une optique d'économie d'énergie, deux décrets ont été publiés les 6 et 18 octobre 2022. Le premier impose d'éteindre les publicités lumineuses soumises à la réglementation sur l’affichage extérieur partout sur le territoire entre 1h00 et 6h00 (à l’exception de celles installées sur l’emprise des aéroports et de celles supportées par le mobilier urbain affecté aux services de transport et durant leurs heures de fonctionnement). Le second texte oblige à éteindre celles situées sur les voies ouvertes à la circulation publique ou à l’intérieur d’un local visible depuis la voie publique ainsi que dans les gares ferroviaires et routières, les stations et arrêts de transport en commun et les aéroports, en cas de forte tension sur le système d’approvisionnement électrique.
Extinction des écrans au 1er janvier 2024
Pour aller encore plus loin dans leurs plans de "sobriété énergétique", les acteurs des transports - Union des transports publics et ferroviaires (UTP), au titre de son rôle de représentation des opérateurs de transport public urbain, des entreprises ferroviaires et des gestionnaires d’infrastructures ferroviaires en France, RATP, SNCF, Aéroports de Paris – et les régies publicitaires (JCDecaux et Mediatransports) ont signé ce 27 mars une "charte d'engagement", en marge d'une réunion organisée par les ministères de la Transition énergétique et des Transports destinée à faire le point sur les efforts de sobriété du secteur.
Les signataires s'engagent à faire en sorte que les écrans numériques et affiches rétroéclairées puissent être "éteints ou à défaut mis en veille pendant les horaires de fermeture au public", d'ici au 1er janvier 2024. "Évidemment, cela commence dès à présent, mais il faut équiper de nombreux écrans d'un dispositif de mise en veille ou d'extinction" qui souvent n'existe pas, a observé le ministre délégué aux Transports Clément Beaune. En clair, ils devront mettre en place des interrupteurs actionnables à distance. Les mobiliers dont la dépose est déjà actée et planifiée au cours de l’année 2024 sont toutefois exclus des engagements.
Engagements spécifiques
Dans une annexe du document, les opérateurs prennent des engagements spécifiques sur leur parc de publicités lumineuses. Aéroports de Paris-JCDecaux, et JCDecaux pour les aéroports de région, s’engagent par exemple à réduire de 30% la consommation d’électricité en 2026 par rapport à 2016. La SNCF entend diminuer de 71% la consommation électrique de son parc de publicités lumineuses en 2031 par rapport à 2022, et de 45% les émissions carbone liées à ces dispositifs sur la même période. La RATP se fixe comme objectif de réduire de 35% sa consommation en 2026 par rapport à 2022 et ses émissions de carbone de 17%, au cours de la même période de référence.
L'Agence nationale de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) relevait en 2020 que les 1.400 écrans publicitaires numériques parisiens présents dans le métro et les gares consommaient "autant d'électricité en un an que 21 écoles de 10 classes". Elle ajoutait que les émissions de gaz à effet de serre annuelles de ces 1.400 écrans représentaient "autant que les émissions dues à l'utilisation du métro parisien par 20 millions de passagers".
Des militants écologistes ont multiplié les actions ces derniers mois pour éteindre ou recouvrir des écrans publicitaires lumineux, dont des pétitions demandent l'interdiction. La députée Delphine Batho (Génération écologie) a déposé à l'Assemblée nationale une proposition de loi interdisant toute forme de publicité numérique et lumineuse dans l'espace public. Ce texte doit être examiné ce 28 mars par la commission du Développement durable.
"Incitation" plus que "coercition"
"Nous faisons le pari de l'incitation et de la confiance, plutôt que celui de la coercition", a relevé pour sa part la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, à l’issue de la réunion avec les acteurs des transports. Satisfaite de l'"acte I" du plan de sobriété lancé l'an dernier, elle appelle à continuer et amplifier les efforts entrepris. Elle dit préparer des mesures pour cet été, et notamment faire appliquer la loi qui prévoit que l'on n'utilise pas la climatisation s'il fait moins de 26°C. "C'est un enjeu de culture", a-t-elle souligné.
Agnès Pannier-Runacher veut que "chacun soit acteur de la baisse de la consommation d'énergie". Le gouvernement entend ainsi inciter les Français à rouler à 110 km/h et compte se lancer dans le chantier de l'électrification des poids lourds, selon les deux ministres.