Une "bannière commune" pour la promotion des métiers de la fonction publique
Les représentants des trois versants publics se sont engagés vendredi à Limoges, en présence du ministre Stanislas Guerini, à faire vivre la marque commune "Choisir le service public". Cette dernière sera déclinée dans les forums et salons consacrés à l'emploi. Visitant un salon dédié aux étudiants, le ministre a détaillé ses recettes pour redonner de l'attractivité aux emplois du secteur public.
Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a engagé une nouvelle étape de la marque "Choisir le service public" – qui avait été dévoilée au début de 2022 par sa prédécesseur, Amélie de Montchalin (voir notre article du 8 février 2022) – en signant vendredi 17 novembre à Limoges une déclaration d'intention avec Gil Avérous, représentant de la Coordination des employeurs territoriaux (CET) et Pascale Mocaër, directrice de l'hôpital de Limoges, représentante de la Fédération hospitalière de France (FHF).
Alors que les employeurs publics font face à d'importantes difficultés de recrutement, "cette bannière commune nous donne toutes les synergies pour pouvoir gagner et être à l'offensive" dans la promotion des métiers de la fonction publique, et cela sans "rien enlever aux spécificités des métiers de la territoriale ou de l'hospitalière", a déclaré le ministre, après une déambulation dans les allées du salon Post-bac de l'Étudiant, au Parc des expositions de Limoges.
"Sortir des murs"
"On est tous ensemble pour parler des métiers de façon très concrète et puis sortir des murs. Il faut sortir d'une vision où on fait tout seul dans son coin des présentations des métiers de l'emploi public", a poursuivi Stanislas Guerini peu après, lors d'une conférence de presse. Pour lui, la présence de plusieurs stands d'employeurs publics dans un salon généraliste de l'emploi, tel que celui qui se déroulait vendredi et samedi à Limoges, est une bonne pratique qu'il faut dupliquer.
Concrètement, la marque "Choisir le service public" sera déclinée par les employeurs publics dans les divers salons consacrés à l'emploi, dans toutes les régions et cela à chaque fois que cela sera possible. "Ça peut paraître pas grand-chose, mais en termes de communication, nous pensons que ça aura des effets importants", a estimé Gil Avérous, interrogé par Localtis.
La convention signée vendredi a également pour but d'accompagner le développement des comités locaux de l'emploi public (CLEP), de nouvelles instances voulues par l'État pour construire à l'échelle d'un bassin de vie une stratégie en matière d'emploi public. Dans ces CLEP, "tous les employeurs publics" sont réunis "pour se dire à quels salons on doit participer, quelle visibilité on peut se donner, quelle est la spécificité de notre marque territoriale de l'emploi public", a précisé Stanislas Guerini.
Rémunération des agents
Pour attirer de nouveaux candidats à la fonction publique, il faut "parler de façon très concrète des mille métiers de la fonction publique qui sont possibles", a-t-il souligné devant la presse. En insistant sur les attraits possibles du secteur public. "Avoir des carrières évolutives, pouvoir changer de métier, c'est un vrai atout pour nous." En outre, ces métiers sont "porteurs de sens" ce qui, selon le ministre, "parle évidemment plutôt aux jeunes".
Mais la rémunération des agents compte aussi beaucoup pour l'attractivité de la fonction publique, ce que reconnaît le ministre. Toutefois, les syndicats craignent que 2024 soit "une année blanche" sur le plan salarial. Pour cause, Stanislas Guerini a annoncé son intention de mettre en place à partir de l'an prochain des négociations salariales obligatoires, avec pour objet de discuter des mesures salariales de l'année suivante. "J'entends évidemment la position des syndicats qui auraient voulu que j'annonce tout de suite des mesures pour 2024. Moi, je fais d'abord la proposition d'appliquer les mesures décidées [en juin 2023]", leur répond le ministre. Il rappelle qu'il a "préféré appliquer immédiatement, dès le mois de juillet" certaines des mesures annoncées au mois de juin dernier [comme la hausse du point d'indice de 1,5%], "plutôt que d'attendre qu'elles rentrent en application au 1er janvier 2024".
Projet de loi dévoilé au premier semestre 2024
Le locataire de la rue de Varenne a évoqué d'autres facteurs structurels d'attractivité, comme "les perspectives d'évolution des carrières et des conditions de travail". Selon lui, il faut "avancer sur tous ces leviers à la fois : le salarial, mais aussi tout ce qu'il y a autour de la fiche de paie".
Il faut aussi, selon Stanislas Guerini "beaucoup plus accompagner les jeunes dès leurs études dans le service public" : lorsqu'elles déploient le tutorat et le mentorat, les écoles de service public diminuent le "taux d'abandon" des élèves au cours de leur scolarité.
"Il faut que les voies d'accès à la fonction publique soient beaucoup plus faciles", a poursuivi le ministre. Il veut ainsi rendre plus aisée la titularisation des jeunes qui terminent leur contrat d'apprentissage dans la fonction publique, et développer l'usage du concours sur titres – qui conduit à alléger les épreuves de recrutement pour certains professionnels. Ces deux mesures figureront dans le projet de loi de réforme de la fonction publique qui sera présenté "plutôt au premier semestre 2024", après des concertations qui ont lieu en cette "fin d'année".
"Les gens en recherche d'un emploi ne viennent pas spontanément vers nous. Avant, ils venaient au motif de la sécurité de l'emploi et donc on n'avait pas besoin de faire de la communication. Mais aujourd'hui ça devient essentiel. Ce sont tous les métiers de la fonction publique qui peinent à recruter. La ville de Châteauroux recherche par exemple des métiers techniques de carrossier, plombier, ou électricien qui connaissent de fortes tensions. Un carrossier, par exemple, est payé très cher dans le privé et pour nous aligner dans notre grille, c'est compliqué. Nous recherchons aussi des métiers qui présentent des spécificités, comme celui de chargé de mission énergies renouvelables, pour lequel les formations sont peu nombreuses. Nous recherchons des jeunes, mais aussi des gens en reconversion. Nous avons ainsi recruté récemment un chef de chantier pour nos opérations immobilières. À 52 ans, il n'a jamais travaillé dans la fonction publique. Pour pouvoir trouver ce genre de profil, nous sommes obligés d'être sur toutes les formules de recrutement à destination de tous les publics. Et puis, la nouveauté c'est "l'aller vers" : souvent avec les sociétés d'intérim, nous organisons des opérations dans des quartiers, des bistrots, à côté de la loge d'un gardien, c'est-à-dire là où sont les jeunes. Nous ne sommes plus dans la philosophie d'attendre qu'ils viennent à un salon. Nous faisons aussi des films que nous publions avec les vacances de postes, pour que les candidats se projettent en ayant un visuel vivant." Propos recueillis par Thomas Beurey |