Un réseau de mares pour reconquérir la qualité de l'eau en Vendée (85)
Depuis 2011, Vendée Eau mène un large programme de création et de réhabilitation des mares. Plus de 1.000 ouvrages réalisés captent les ruissellements et épurent naturellement l'eau. Cet outil majeur de la politique de reconquête de la qualité de l'eau potable est plébiscité par les agriculteurs.
En Vendée, 90% de l'eau potable est captée en surface dans des barrages. Pour le président de Vendée Eau (syndicat départemental d'alimentation en eau potable) Jacky Dallet, "c'est un inconvénient car l'eau est très sensible aux pollutions mais, en même temps, comme la ressource est sous notre nez, il est plus facile de sensibiliser pour en améliorer la qualité". Face à des taux de nitrates et de pesticides dépassant les normes autorisées et à la présence d'algues l'été sur ses barrages, Vendée Eau a ainsi engagé dès les années 1990 des programmes de reconquête de la qualité de l'eau. D'abord sur des territoires pilotes, puis de manière généralisée sur tous les secteurs à enjeu identifiés avec l'agence de l'eau Loire-Bretagne au début des années 2000. "Les premiers contrats ont permis de diminuer les intrants agricoles. Puis nous avons étudié les transferts d'eau et cherché à utiliser le paysage pour tamponner l'eau et l'épurer naturellement en restaurant ou en créant des mares," indique le conseiller environnement au sein du syndicat, Fabrice Garon.
Chapelet de mares pour ralentir la course de l'eau
"Autrefois en secteur bocager, l'eau circulait doucement et s'épurait progressivement grâce à l'action des haies et des mares. Aujourd'hui, l'eau va trop vite et la nature n'a plus le temps de jouer ce rôle", poursuit le conseiller environnement. Freiner l'eau pour lui permettre de s'auto-épurer, c'est donc tout l'enjeu du programme de création et de rénovation de mares qui a débuté en 2006 de manière expérimentale et s'est généralisé à partir de 2011. "Nous avons privilégié la création de petites zones tampons – moins de 1.000 m2 – afin de créer un chapelet de mares qui traitent les pollutions au fil de l’eau." Depuis la première mare rénovée en 2006 sur le bassin versant de Rochereau, plus d'un millier ont été réalisées. "Cela a nécessité beaucoup de communication au départ, mais depuis 2015 nous avons atteint un rythme de croisière. Les agriculteurs nous connaissent et sont demandeurs. Ceci nous permet de tenir l'objectif annuel de 160 réalisations, dont trois quarts sont des rénovations et un quart des créations."
Partage des rôles efficace entre agriculteurs et syndicat d'eau
Le succès du programme tient à une méthode bien rodée. "En tant que conseillers, nous commençons par un bilan sur site pour trouver avec l'agriculteur le meilleur aménagement possible : celui qui gêne le moins son activité, n'attente pas à des zones humides existantes et permet d'épurer au mieux." Le technicien de Vendée Eau monte ensuite un dossier technique transmis pour avis à la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Une fois l'accord obtenu, une convention est signée qui lie Vendée Eau et l'agriculteur : "Elle nous autorise à effectuer les travaux sur ses terrains et il s'engage à entretenir la mare." Les travaux sont ensuite réalisés par un prestataire privé, missionné par le syndicat pour agir entre la mi-juillet et la fin septembre, afin de respecter la reproduction des amphibiens. Vendée Eau finance la réalisation, en partie subventionnée par l'agence de l'eau Loire-Bretagne (voir encadré). L'agriculteur se charge d'évacuer les végétaux, fournit les enrochements s'il veut pouvoir y abreuver ses troupeaux et clôture l'espace si besoin.
Épuration certaine mais non mesurée précisément
Depuis la fin des années 2000, la qualité de l'eau s'est nettement améliorée. Sur plusieurs secteurs à enjeu, le taux de nitrates est désormais toujours inférieur à la norme alors qu'il la dépassait régulièrement auparavant. Pour le président, "c'est le résultat d'un mix de démarches : la diminution des intrants agricoles, l’évolution du travail du sol, la plantation de haies et la création de mares". Il est en effet difficile de mesurer précisément l'impact spécifique des mares. "Nous sommes sûrs qu'il y a moins de polluants en sortie qu'en entrée, mais cela dépend aussi du temps de séjour de l'eau dans la mare : lors de forts épisodes pluvieux, elle joue moins bien son rôle épurateur." Pour chiffrer plus précisément leur rôle, six ouvrages tests bénéficient d'un suivi pendant cinq ans avec mesure des paramètres chimiques deux fois par an, contrôle de la présence des amphibiens chaque année et de l'état de la flore tous les deux ans. Le bilan est attendu pour 2021.
Impact visuel et pédagogique, vitrine pour les agriculteurs
Outre son intérêt épurateur, le "programme mares" est aussi très apprécié d'un point de vue visuel par la population. Certaines communes s'en sont également emparées pour réaménager leurs mares publiques et sensibiliser leurs habitants avec des panneaux d'information. Depuis le printemps 2019, un premier sentier pédagogique financé par Vendée Eau, l’agence de l’eau Loire Bretagne et la région Pays de la Loire, relie aussi neuf mares à Saint-Christophe-du-Ligneron. Le syndicat utilise ces aménagements pour sensibiliser les scolaires de son territoire à l’intérêt des mares. Pour les agriculteurs enfin, c'est une occasion de montrer la profession sous un jour positif, une véritable vitrine.
Éléments de cadrage
Le programme de création de mares coûte entre 110.000 et 120.000 € par an pour 160 réalisations. 40% de ce montant est pris en charge par l'agence de l'eau Loire-Bretagne via des contrats de reconquête de la qualité de l'eau. Sur certains bassins versants, la région Pays de la Loire participe également financièrement. Le programme mobilise 150 journées/technicien par an, qu'assurent trois agents de Vendée Eau. Quatre entreprises privées, recrutées par appel d'offres, se partagent la réalisation des travaux et un syndicat local assure directement sa maîtrise d'ouvrage. Plus largement, le syndicat Vendée Eau rassemble 256 des 258 communes vendéennes. À la tête d'un réseau d'eau potable unique, Vendée Eau opère ainsi une solidarité territoriale et peut garantir l'alimentation en eau sur toute la Vendée.
Vendée Eau
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Jacky Dallet
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