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Personnes âgées - Un plan quinquennal pour accompagner la grande dépendance

Le plan "Solidarité grand âge", dont le Premier ministre vient de présenter les grandes lignes, sera détaillé d'ici quelques semaines. Les objectifs affichés en termes de places en maisons de retraite, de places de soins et d'hospitalisation à domicile recueillent des réactions plutôt favorables.

Le plan "Solidarité grand âge", le plan quinquennal d'aide aux personnes âgées dépendantes dont Dominique de Villepin a présenté les grandes lignes vendredi 26 mai en Dordogne, devrait être présenté dans son intégralité d'ici une quinzaine de jours par le ministre délégué aux Personnes âgées, Philippe Bas. Une partie des mesures contenue dans ce plan devrait également être détaillée le 3 juillet lors de la Conférence de la famille, qui abordera cette année la question du rôle des "aidants familiaux".
Ce plan, sur lequel Philippe Bas travaille depuis l'automne dernier, doit prendre le relais du plan Vieillissement et Solidarité 2004-2007 lancé après la canicule de 2003. Il prévoit notamment la création d'ici 2012 de 5.000 places par an dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes. La création de 5.000 places en 2006 et en 2007 était d'ores et déjà actée. Il s'agit donc de prolonger ce rythme pour les cinq années à venir.
Mettant l'accent sur la modernisation des équipements des maisons de retraite, le Premier ministre a par ailleurs évoqué la nécessité de "bâtir un véritable partenariat avec les conseils généraux pour rénover le patrimoine existant". Il a fait état à ce titre d'une enveloppe de 500 millions d'euros, une dotation qui avait déjà fait l'objet d'une annonce.
Le gouvernement souhaite aussi que, toujours d'ici 2012, les établissements accueillant des personnes âgées très dépendantes disposent "du même taux d'encadrement que les foyers d'accueil médicalisé pour personnes handicapées", soit un professionnel par personne.

Créer une "véritable filière"

Le plan esquisse la création d'une "véritable filière gériatrique" avec, du côté des hôpitaux, la création en cinq ans de 1.000 places de court séjour gériatrique et de 3.000 places de soins de suite et de réadaptation. Ces places seront réparties sur le territoire "en fonction des besoins".
Soulignant que "les établissements de santé et les institutions d'accueil pour les personnes âgées ne sont pas suffisamment coordonnées", le Premier ministre a évoqué l'attribution d'un "label gériatrique" à certains établissements de santé et la mise en place d'un "contrat-relais" entre chaque hôpital et chaque établissement d'hébergement.
En matière de maintien à domicile, le plan prévoit d'augmenter de 40% en cinq ans le nombre de places de services de soins infirmiers à domicile et de porter à 15.000 dès 2010 celui des places en hospitalisation à domicile (contre 8.000 en 2005). Cela doit permettre à la fois de "libérer des lits en unités de soins" et de "répondre au souhait des personnes âgées de rester chez elles", a déclaré Dominique de Villepin. Selon une étude publiée le même jour par la Drees (ministères de l'Emploi et de la Santé) "le maintien des personnes âgées à leur domicile ou à celui de leurs familles" correspond effectivement au voeu de huit Français sur dix.
"On ne peut qu'espérer que le développement de l'hospitalisation à domicile entre dans les faits parce que les établissements médico-sociaux et les maisons de retraite jouent trop souvent un rôle qui ne devrait pas être le leur", commente Pascal Goulfier, président de l'Andass, l'Association nationale des directeurs d'action sociale et de santé des conseils généraux.

L'intérêt d'une "vision globale"

S'agissant de la coordination entre hôpital et maison de retraite, Pascal Goulfier convient de la nécessité de faciliter la mise en place de "circuits" adaptés entre institutions... tout en rappelant qu'il s'agit précisément de la mission assignée aux Clic, les centres locaux d'information et de coordination gérontologique. Certes, ces derniers fonctionnent "de façon très disparate" en fonction des départements. "Certains conseils généraux, tels que celui de la Creuse, sont très innovants en la matière", poursuit le président de l'Andass, en espérant que les propos du Premier ministre ne préfigurent pas la création d'une instance supplémentaire de coordination.
Globalement, le plan "Solidarité grand âge" recueille des réactions plutôt favorables, même si beaucoup d'acteurs attendent sa traduction en termes d'engagements budgétaires et de moyens humains pour se prononcer plus avant.
Ainsi, pour le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Claude Evin, "ces annonces présentent l'intérêt d'afficher une vision globale de la prise en charge des personnes âgées". La FHF est "particulièrement sensible à l'affirmation de la nécessité d'une filière gériatrique à l'intérieur de l'hôpital". Pour sa part, la Fehap (établissements privés non lucratifs) "prend note avec satisfaction de l'annonce d'un renforcement du taux d'encadrement".
Du côté des maisons de retraite, le Synerpa estime que le plan "va dans le bon sens" mais demeure "insuffisant", tandis que l'Adehpa (directeurs de maisons de retraite) y trouve "incontestablement des choses positives". Enfin, l'Union nationale des associations familiales voit dans ce plan "une bonne démarche". L'Association des départements de France, concernée au premier chef, ne s'est pour l'heure pas officiellement faite entendre.

 

C.M.

 

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