Un plan national d'actions en faveur des vipères de l’Hexagone en consultation

À l’instar de la vipère d’Orsini, qui dispose déjà depuis 2012 d’un plan national d’actions (PNA), trois autres espèces de vipères présentes dans l’Hexagone font l’objet d’une stratégie de conservation (2025-2030) mise en consultation publique jusqu’au 7 février prochain.

Longtemps victimes de destructions volontaires, les vipères péliade, aspic et de Séoane sont désormais intégralement protégées en France, de même que leurs habitats, depuis 2021. Cette évolution du statut souligne la prise en compte récente d’un déclin engagé depuis plusieurs décennies en raison de causes multiples, dont la dégradation et la fragmentation des habitats, les changements climatiques, une gestion inadaptée ou une mauvaise prise en compte de ces espèces dans les plans d'aménagement ainsi que d'une absence d’un programme de conservation dédié. 

C’est pourquoi dans le cadre de la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), le ministère de la Transition écologique prévoit de consacrer un effort particulier à leur conservation à long terme à travers un plan national d’actions (PNA) "Vipères de France hexagonale" (2025-2030) mis en consultation publique jusqu’au 7 février prochain. Hormis la vipère d’Orsini - pour laquelle un PNA est déjà en cours (2020-2030) - "aucune autre espèce ne bénéficie d’un programme spécifique de conservation à l’échelle nationale", relève-t-il. 

L’objectif du futur PNA est la conservation des trois autres espèces de vipères présentes sur l’Hexagone. Le Conseil national de protection de la nature (CNPN) dans son avis en date du 22 novembre 2024 préconise "d’envisager une mise en cohérence de ces deux PNA en faveur des quatre espèces de vipères du territoire hexagonal pour l’horizon 2030". De même, il existe d’ores et déjà des plans régionaux d’actions ou initiatives concertées dans certaines régions (Normandie, Hauts-de-France, Grand Est), et "un nivellement des échéances de ces PRA serait intéressant pour allonger les périodes initialement prévues à l’échéance 2030, en concomitance avec celle du PNA", remarque-t-il. 

Onze actions à décliner via des animateurs régionaux

Le PNA "Vipères de France" comporte 11 actions allant de l’amélioration des connaissances à la gestion et la protection des espèces et de leurs habitats, sans oublier un important travail de communication et de sensibilisation à destination du public. Les vipères sont encore aujourd’hui victimes de nombreux préjugés en raison de leur venimosité. Le risque réel est cependant faible (4 décès depuis les années 2000). 

Un tableau décrit de façon synthétique les différentes actions à mener pour les cinq prochaines années autour des trois axes (amélioration des connaissances, conservation et gestion, communication et sensibilisation), avec un classement par degré de priorité.

La Dreal Hauts-de-France, coordinatrice du plan, désignera dès 2025 un animateur national pour sa mise en œuvre, de façon à constituer un comité de pilotage (COPIL). Le PNA a également vocation à être décliné par des structures animatrices dans toutes les régions concernées par la présence d’au moins une des espèces visées. Et sera pour ce faire transmis à un maximum de structures susceptibles de participer à sa mise en œuvre, notamment aux DDT(M) et aux chambres d’agriculture des régions concernées par la présence des espèces, aux conseils régionaux et départementaux, aux groupements de communes, aux parcs et réserves naturelles, aux conservatoires d’espaces naturels, au Conservatoire du littoral, aux syndicats mixtes, aux associations de conservation de la nature, aux Fédérations de chasse, à l’Office français de la biodiversité (OFB), à l’Office national des forêts (ONF), à la Fédération nationale des forestiers privés de France, au CNPF (Conseil national de la propriété forestière), aux coordinateurs régionaux de la Société herpétologique de France (SHF) et conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN). 

Des actions en faveur des habitats

Quelques initiatives locales sont déjà menées avec des effets positifs sur les populations de vipères. Par exemple, près du Mans, où des aménagements de clairières ont été réalisés ; et sur un site du Conservatoire du littoral, géré par une communauté de commune des Côtes-d’Armor, avec la mise en place d’un entretien annuel du milieu. Pour améliorer la prise en compte des vipères et de leurs habitats dans les dossiers d’aménagement du territoire, le PAN propose d’amorcer la rédaction d’un guide ERC-AS (séquence Eviter – Réduire – Compenser –Accompagner/Suivre). Celui-ci aura pour objectif de mettre à disposition des services instructeurs et des porteurs de projets une synthèse des connaissances à prendre en compte afin d’éviter (puis réduire, voire - en dernier lieu - compenser) les impacts des projets sur les vipères. Les animateurs régionaux pourront aussi contribuer à une meilleure intégration des vipères et de leurs habitats dans les Sraddet (schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires). 

Avec 70.000 euros annuels au niveau national et 20.000 euros annuels par région, l’ambition du PNA "peut interroger", note le CNPN. La gouvernance correspondra à un peu plus de la moitié du budget annuel national du PNA (200.000 euros pour les 5 ans, soit 40.000 euros/an et 10.000 euros/an/région). Concernant des opportunités de financement complémentaires, des réflexions sur le montage d’un projet Life, de projets Interreg, d’appels à projets "recherche" comme ceux portés par l’OFB ou d’appels à projets portés par les agences de l’eau seront donc des pistes à envisager. 

 

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