Un parcours d’activité physique pour les malades de longue durée (92)

Dans le cadre de leur programme « Terre de santé », les élus de Ville-d’Avray ont lancé en fin d’année 2021, un soutien à la prescription sur ordonnance d’une activité physique. Cette pratique sportive adaptée s'adresse à des patients atteints d’affections de longue durée (ALD) et de maladies chroniques. Médecins et coachs habilités sont impliqués dans la démarche.

Temps d'activité physique chaque midi pour les 650 élèves des écoles élémentaires de la ville, diffusion d’outils éducatifs, lancement en octobre 2021 d’un festival annuel Forme et santé, investissement dans des installations sportives en centre-ville (par exemple un plateau de fitness en plein air…)... Désireuse d’améliorer la qualité de vie de ses habitants en leur donnant la possibilité de pratiquer une activité physique régulière, l’équipe municipale de Ville-d’Avray, dans les Hauts-de-Seine, a mis en place en 2021 « Terre de santé ». Parrainée par Olivier Girault, champion olympique et capitaine de l’équipe de France de Hand-Ball (Pékin 2008), cette dynamique s’est aussi dotée d’un soutien à la prescription sur ordonnance d’une activité physique adaptée à des patients atteints d’une affection de longue durée (cardiopathies, diabètes, affections psychiatriques… soit une trentaine de maladies recensées), par les médecins généralistes installés dans la ville. L’enjeu est de taille puisqu’il est prouvé que l’activité physique et une alimentation équilibrée permettent d’éviter 75 % de ces maladies.

Un accueil positif de la part des médecins

« Nous tenons à parler d’activité physique plutôt que de sport, précise le maire-adjoint en charge des activités physiques et sportives, santé et bien-être intergénérationnel, Antoine Furno. Le sport renvoie en effet à une image de compétition ou d’encadrement qui peut rebuter. » Ce dispositif a été rendu possible par la loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé (voir encadré). Néanmoins, elle ne prévoit pas son remboursement par la Sécurité sociale. Le coût est donc à la charge du patient, « à moins de dispositions de certaines mutuelles », poursuit l’édile (voir encadré). Pour lancer la démarche, le maire adjoint rencontre tout d’abord les quatre médecins généralistes installés en ville. Bien qu’ils méconnaissent cette possibilité de prescription, tous ont bien accueilli la démarche. « Ils doivent maintenant prendre l’habitude de la proposer aux patients susceptibles d’en bénéficier. C’est un travail de communication que nous devons régulièrement renouveler. »

Un parcours précis pour les patients

Le projet est aussi bâti avec des intervenants disposant de l’habilitation pour les activités physiques adaptées. Au départ, des kinésithérapeutes sont sollicités. Bien que séduits par l’idée, ils doivent néanmoins décliner la proposition, en raison d’une surcharge de travail avec leurs patients habituels. Deux coachs installés en ville sont donc mobilisés et établissent avec la mairie un parcours très précis des patients. Ceux susceptibles de bénéficier du dispositif, peuvent se le voir proposer par un médecin ou le lui demander. Ce dernier leur remet l’ordonnance, ainsi qu’un certificat de non-contre-indication. Les patients prennent ensuite contact avec la coach coordinatrice, Béatrice Thomas, avec qui un rendez-vous est fixé dans une salle de la mairie. L’objectif est d’effectuer un bilan de la condition physique des personnes, d’évaluer leur motivation, d’expliquer le parcours, de proposer les différentes activités possibles et de déterminer le créneau horaire qui leur convient. La coach confirme par écrit ce à quoi les patients vont avoir droit (nombre, contenu et heures des séances) et les accompagne auprès des services administratifs, en vue de leur prise en charge par la mairie. Un bilan est effectué en fin de programme et envoyé au médecin.

Une participation de la mairie

Le parcours comprend 12 séances d’une cinquantaine de minutes chacune, une à deux fois par semaine. Une application en ligne est aussi proposée aux patients, afin qu’ils poursuivent des activités à distance. Le coût du programme par personne est de 850 euros. La municipalité prend en charge 120 euros sur son budget propre, le reste étant payé par le patient lui-même. « Pour l’instant, quatre personnes s’y sont inscrites. Il faut un peu de temps pour que l’information circule. Nous avons prévu un budget de 30 000 à 40 000 euros pour 2022 », explique le maire adjoint.

Le dispositif est officiellement lancé le 2 novembre 2021, lors d’une conférence qui rassemble 120 acteurs et élus territoriaux ainsi que des professionnels de la santé. L’information est largement diffusée par les médias de la ville (site Internet, bulletins, flyers…). Médecins et intervenants sportifs jouent un rôle essentiel pour motiver les patients à s’inscrire dans la démarche et la mener jusqu’au bout. « C’est aussi pour cela que nous tenons à ce que ces derniers participent financièrement à la démarche. C’est un élément qui les engage, au-delà des bienfaits que procure une activité physique sur leur état de santé général et dont ils ont eu connaissance », commente l’édile. Il prévoit de rencontrer prochainement les hôpitaux du secteur afin de les informer sur le dispositif et qu’ils en deviennent à leur tour les prescripteurs.

 

Une loi de 2016 étendue en 2022

La prescription d’activité physique adaptée (APA), plus connue à travers les termes de « sport sur ordonnance » a été inscrite pour la première fois dans la loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé, entrée en vigueur le 1er mars 2017. Elle était réservée aux affections de longue durée (ALD), soit environ dix millions d’individus atteints de cancers, de diabète, de la maladie d’Alzheimer, de pathologies cardiaques graves… À la suite du vote à l’Assemblée nationale du 24 février 2022 de la proposition de loi visant à démocratiser le sport en France, elle s’étend aux patients touchés par des maladies chroniques, avec des facteurs de risques (surpoids, obésité, hypertension artérielle…) ou en perte d’autonomie. Dix millions de personnes supplémentaires sont potentiellement concernées. Ville-d’Avray a d’ores et déjà élargi son dispositif à ce type de profils.

Quelle prise en charge ?

Chaque parcours engagé par un patient coûte 850 euros. Une grande partie est prise en charge par la municipalité, le reste par le bénéficiaire lui-même. Certaines mutuelles proposent des remboursements, avec de grandes disparités néanmoins. Le budget prévu en 2022 par la municipalité sur cette action est d’environ 40 000 euros.

Commune de Ville-d'Avray

13, rue de Saint-Cloud
92410 Ville-d'Avray

Antoine Furno

Adjoint au maire, en charge des activités physiques et sportives, santé et bien-être intergénérationnel

Nicolas Juppin

Directeur du service des sports

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