Un gisement de plus de 2.700 friches répertorié en Île-de-France
L'Institut Paris Région a présenté ce 27 octobre les premiers résultats de son Observatoire des friches franciliennes, un outil inédit qu'il a conçu à la demande de la région. En améliorant la connaissance du gisement foncier, il doit contribuer à l'objectif de cette dernière d'aller vers le "zéro artificialisation nette" dans le cadre de la révision de son schéma directeur (Sdrif) dont la procédure sera lancée en novembre prochain. Couplé à une plateforme en cours d'élaboration, l'Observatoire pourra aussi servir d'outil d'aide à la décision pour les collectivités souhaitant trouver de nouveaux usages pour ces sites délaissés.
Selon les premiers résultats de l'Observatoire des friches franciliennes présentés ce 27 octobre par l'Institut Paris Région, l'Ile-de-France compte sur son territoire 2.721 friches potentielles dont 776 à Paris et en petite couronne. Le décompte de l'Observatoire exclut les sites pour l'heure à l'abandon mais faisant l'objet d'un plan de revitalisation identifié. Présentes dans 728 communes et huit départements - la Seine-et-Marne, les Yvelines et l'Essonne en concentrant le plus grand nombre-, ces friches totalisent 4.200 hectares (l'équivalent de près de la moitié de la surface de Paris), la plus petite représentant 100 m2 et la plus grande s'étendant sur 185 hectares.
Sites de nature variée
Elles sont de nature très variée, 40% étant des espaces verts à l'abandon tels des lisières de bois, et 20% ne comportant aucun bâtiment. Outre les 1.020 sites répertoriés comme "espaces ouverts", 819 sites étaient précédemment dévolus à l'habitat, 485 à des activités (industrielles, commerciales ou autres), 132 à des loisirs. 92 sont d'anciens équipements tels que des hôpitaux, collèges, lycées ou gares. On compte aussi 64 anciennes carrières, 61 sites agricoles, 25 sites liés aux transports et 23 friches d'infrastructures. L'hétérogénéité de ces friches concerne également leurs propriétaires : 1.990 sont des acteurs privés, 706 publics et 25 public/privé.
Pour les caractériser, l'Institut, qui a conçu cet outil unique en son genre à la demande de la région Île-de-France et a commencé son travail de repérage en janvier 2020, s'est appuyé, faute de définition légale de ce qu'est une friche, sur celle reprise en 2019 par la mission de l'Assemblée nationale sur la réhabilitation de ces sites délaissés. Une friche serait donc, selon cette source, un "bien ou droit immobilier, bâti ou non bâti, quel que soit son affectation ou son usage, dont l’état, la configuration ou l’occupation totale ou partielle ne permet pas un réemploi sans une intervention préalable".
Le "zéro artificialisation nette" comme objectif
Cette première cartographie n'est "pas exhaustive" et "évolue", a précisé Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de la région Île-de-France, au cours de sa présentation. Pour la région, cet outil se situe dans la continuité de son plan Friches voté en 2019 qui s'est traduit par un appel à manifestation d'intérêt "Reconquérir les friches franciliennes" qui concernera fin 2021 une centaine de projets de requalification de friches. Le conseil régional, qui va lancer lors de son assemblée régionale de novembre prochain la révision de son schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (Sdrif), compte s'appuyer sur l'Observatoire pour mettre en œuvre son objectif de "zéro artificialisation nette" d'ici 2050. "Une gageure", relève Jean-Philippe Dugoin-Clément, dans une région "en croissance permanente", avec "50.000 habitants de plus chaque année". Dans ce contexte, l'identification et la récupération des friches sont "un enjeu majeur", souligne l'élu.
Une plateforme de simulation des usages futurs des friches
En complément, l'Institut Paris Région est en train d'élaborer un outil pour accompagner les collectivités et autres porteurs de projets et les guider dans l'usage potentiel de ces friches, qu'elles soient destinées à du logement, à une activité agricole ou industrielle (y compris l'accueil de datacenters ou d'installations photovoltaïque), ou à des espaces publics, dans une optique de renaturation, par exemple. Cette plateforme, dénommée Cassius (Contribution à l'appariement spatial des sites et des usages) a déterminé une centaine de critères (proximité de la friche avec une gare, des lignes à haute tension ou un réseau de chaleur urbain, temps d'accès à l'emploi par les transports en commun, présomption de pollution des sols, phénomène d'îlot de chaleur, etc.) afin d'effectuer les simulations les plus fines possibles déterminant l'usage le mieux adapté aux caractéristiques du site.
À terme, "base et plateforme seront mobilisables pour des territoires pilotes, sur conventionnement avec l'Institut, notamment pour accompagner l'élaboration de leurs documents de planification, et contribuer à la réactualisation des données", précisent leurs concepteurs.