Un arrêté municipal interdisant toute sortie sans "dispositif de protection nasale et buccale"
"Bientôt on va nous coller une amende si on ne porte pas de masque". Les commentaires de ce type n'ont eu de cesse d'affluer ces derniers jours sur les réseaux sociaux après le gouvernement a fait part de son intention de "réévaluer la doctrine" sur le port du masque de protection par la population.
Ce 6 avril, un maire a en quelque sorte pris les devants, en signant un arrêté municipal "conditionnant les déplacements dans l’espace public des personnes de plus de 10 ans au port d’un dispositif de protection nasale et buccale" dès le mercredi 8 avril. Il s'agit en l'occurrence de Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts-de-Seine), mais aussi secrétaire général de l’Association des maires de France.
Les considérants introduisant l'arrêté ne manquent pas. Parmi eux : "le port d'un masque anti-projection a contribué à une réduction du taux de reproduction dans différents pays" ; en France, "le port généralisé d'un masque par la population constituerait une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur" ; ''l'Académie de médecine recommande que (…) le port d'un masque 'grand public", aussi dit 'alternatif', soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires" ; des "indications pratiques pour la fabrication de masques en tissu ou papier" ont été largement diffusées par divers médias et supports.
Philippe Laurent pointe donc certes "l’insuffisance manifeste de respect des mesures de confinement par de nombreuses personnes", mais aussi voire surtout "l’attitude" qu’il estime trop "attentiste" des autorités de l’État "en matière de protection individuelle". "Il fallait en arriver là pour marquer les esprits, permettre de rendre peut-être moins longue la période de confinement et réussir le déconfinement le moment venu. Même si cette mesure peut paraître autoritaire à certains, je l’ai prise en fonction de ce que j’estime être en toute conscience ma responsabilité essentielle de maire en matière de protection de la population", explique-t-il ce 6 avril dans un communiqué.
Bien conscient de "l’indisponibilité de masques", il préconise, à défaut, "un masque artisanal (dont il existe d’innombrables techniques très simples), un foulard ou une écharpe" qui, "s’ils sont peut-être moins efficaces, protègent néanmoins, notamment les autres".
Reste à attendre le sort que le préfet réservera à cet arrêté municipal… probablement le premier du genre, même si l'on sait par exemple que le maire de Mandelieu, Sébastien Leroy, a fait part de son intention de prendre un arrêté obligeant toute personne à porter un masque FFP2 ou chirurgical… dès que la ville disposera de "réserves suffisantes". Autrement dit pas tout de suite.