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Transports publics : l'UTP bat en brèche les arguments en faveur de la gratuité totale

C'est l'une des thématiques les plus en vue des prochaines municipales. La décision, très politique, de mettre en œuvre la gratuité des transports publics n'en finit plus de faire parler ses détracteurs comme ses promoteurs. Après un rapport sénatorial et l'étude du Groupement des autorités responsables de transport (Gart), l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) s'y attaque à son tour, dans une note publiée le 6 janvier. 

La note économique publiée ce 6 janvier par l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) porte sur la gratuité totale. Un choix fait dans les deux tiers des trente réseaux qui ont basculé vers la gratuité (laquelle peut être partielle ou conditionnée). Dernière ville à s'être lancée ce mois-ci, Calais, qui emboîte le pas à Dunkerque, et observe déjà un boom de la fréquentation de ses bus. Mais pour rendre attractif le transport public, mieux vaut selon l'UTP plus de service et muscler l'offre, son efficacité, sa visibilité et une fréquence accrue "avec des passages réguliers, voire cadencés, ainsi qu'une plus grande amplitude du service, notamment en soirée, voire des services supplémentaires le week-end - c'est du moins ce que réclament les usagers quand on les interroge". 

Le mirage de l'équité sociale

Autre argument souvent avancé, la gratuité permettrait aux usagers de se déplacer sans avoir à se soucier du choix du titre le plus adapté à leurs besoins et à leur situation. Pour l'UTP, l'enjeu n'est pas là mais plus dans la compréhension des itinéraires et l'accompagnement des publics ayant besoin de conseils pour se déplacer et exercer leur droit à la mobilité, "ce à quoi la gratuité ne répond pas". Par ailleurs, financer le transport public gratuit risque de "placer l’autorité organisatrice de mobilité devant la contrainte d’augmenter les impôts locaux et reviendrait à faire supporter cette hausse par l’ensemble des contribuables d’un territoire, y compris ceux qui ne bénéficient pas du service". 

Un faible impact environnemental

L'étude souligne aussi que l'impact environnemental est "presque nul sur les émissions des voitures" car "la gratuité totale ne garantit pas un report modal durable de l’autosolisme vers les transports collectifs". Si les cyclistes et piétons grimpent plus dans le bus dès lors qu'il est gratuit, il serait même négatif car cela revient "à utiliser davantage des modes motorisés". A la gratuité totale, qui conduit à "renoncer à toute participation de tous les voyageurs y compris ceux qui sont en capacité de payer le coût de leur titre de transport", l'UTP préfère comme d'autres la tarification solidaire, une réponse "pleinement adaptée puisqu’elle permet à l’autorité organisatrice de déterminer un montant payé par le voyageur en fonction de sa capacité contributive". C'est avec une bonne gestion de la voirie, une maîtrise de l’étalement urbain, un renforcement du lien entre urbanisme et transport et une diversité de solutions de mobilité à disposition qu'il sera possible de redorer l'attractivité des centres-villes et d'y réduire le taux de vacance commerciale.
Dernière mise en garde, "instaurer la gratuité totale donne des arguments aux détracteurs du versement mobilité puisqu’elle laisse à penser que les réseaux de transport public disposent de tant de ressources qu’ils peuvent se dispenser de celles des usagers". Elle risquerait donc de les fragiliser. Dans un contexte d’appropriation citoyenne des enjeux climatiques, l'UTP plaide à l'inverse pour une mobilisation "de tous les financements pour développer l’offre de service, sur les plans quantitatif et qualitatif".