Transports publics : Clément Beaune veut un "billet unique" dans deux ans
En écho aux propositions du Groupement des autorités responsables des transports (Gart), le ministre délégué aux Transports Clément Beaune compte mettre au point dans les deux ans à venir un "billet unique" permettant de se déplacer avec les transports publics partout en France, s'appuyant sur les résultats d'un concours d'innovation organisé ces 7 et 8 février à Paris.
"C'est par des solutions innovantes et concrètes qu'on peut révolutionner le quotidien des usagers des transports en commun en France, a déclaré le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune ce 8 février. Le billet unique est une mesure qui pourra être déployée sur tout le territoire et qui facilitera tous les voyages". "Quand j'ai émis cette idée, on m'a dit qu'il fallait au moins dix ans pour faire ça. Mais je suis convaincu qu'en l'espace de deux ans, on peut développer le billet unique partout en France", a-t-il ajouté dans une interview à 20 Minutes. Déjà évoqué par le ministre lors du dernier Congrès des maires (lire notre article), le billet unique compte parmi les principales propositions du Groupement des autorités responsables des transports (Gart), réitérées récemment lors de la cérémonie de vœux de l'association d'élus (lire notre article).
Un hackathon - concours d'idées d'informaticiens -, a été lancé ce 7 février à la Cité des sciences et de l'industrie, à Paris, dans le cadre du forum de l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT) pour sélectionner un projet pilote. Le jury, constitué du ministre délégué aux Transports, des élus représentants de Régions de France, du Gart, de France Urbaine et d'Intercommunalités de France a choisi comme lauréats "France Moov'" et "Carte LEM". Ces solutions sont dès à présent accompagnées par l'AIT pour étudier leur déploiement et des expérimentations pourront avoir lieu avec les collectivités volontaires "dès les prochains mois", selon un communiqué conjoint du ministère, de Régions de France, du Gart, de France Urbaine et d'Intercommunalités de France. Un groupe de travail est lancé avec "l'ensemble des régions en tant qu'autorités organisatrices de la mobilité (AOM) et cheffes de file de l'intermodalité, afin de définir les modalités de mise en oeuvre d'un titre unique de transport avec les territoires volontaires aux niveaux les plus pertinents des bassins de mobilités dessinés et mis en oeuvre par l'ensemble des régions dans le cadre de la LOM [loi d'orientation des mobilités, ndlr]", poursuit le communiqué.
Faciliter l'utilisation des transports publics
"Je pense qu’avec cette révolution du quotidien, on va tirer un fil qui aura sans doute plein d’applications, estime Clément Beaune dans son interview à 20 minutes. Il y aura beaucoup plus de transparence. On sait que quand vous faites un trajet entre la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, dans le sens Bordeaux-Toulouse, vous avez un certain tarif, mais vous avez un autre tarif pour l’autre sens, parce que ce n’est pas la même région qui est responsable de la tarification. Ça crée de la défiance chez les usagers qui ont l’impression de se faire arnaquer." "Le titre unique met de la facilité et on sait que plus les transports publics sont faciles d’utilisation, plus ils sont utilisés, poursuit-il. Vous facilitez aussi l’intermodalité, le recours à plusieurs moyens de transport lors d’un seul déplacement."
Le titre de transport permettant demain de passer d'une région à l'autre et/ou d'un réseau à l'autre "peut être soit une appli, ce qui est évidemment le plus facile, soit des titres dématérialisés reconnus et lus par tous", a précisé le ministre. "On ne part pas de rien", a-t-il reconnu, citant les exemples des Navigo en Ile-de-France et Korrigo en Bretagne.
"Il faudra aussi prendre en compte les personnes qui ne connaissent pas le numérique, qui sont plus âgées ou moins habituées à ce type de solutions, et qu'il faudra aussi accompagner", a-t-il reconnu, notant que pour le billet unique à 49 euros par mois pour les transports locaux, l'Allemagne avait développé à la fois une nouvelle application et des titres papiers.
Quant à un éventuel tarif unique, "il faut respecter cette politique de la décentralisation des transports, donc ce n’est pas à l’Etat de dire aux régions quelle est leur offre et le prix des transports, c'est leur responsabilité, a dit Clément Beaune. Je distingue le support et le tarif même si je pense que le support peut entraîner des simplifications de tarifs et inciter les autorités organisatrices à proposer des tarifs communs".