Mobilité - Transports en Ile-de-France : des mesures d'urgence pour limiter les perturbations
Le conseil d'administration du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) a tenu une réunion extraordinaire le 19 janvier au cours de laquelle les présidents de la RATP et de la SNCF ont été auditionnés sur les perturbations qui affectent régulièrement le réseau francilien et sur les réponses à y apporter. Saturation de certaines lignes, pannes, retards, multiplication des incidents, vétusté des infrastructures... : Jean-Paul Huchon, président du Stif, a admis que malgré les efforts importants engagés par l'autorité organisatrice, la performance des transports publics s'est dégradée ces derniers mois. La hausse globale de la fréquentation (+3% sur le seul réseau RATP) et de l'offre (+5% de rotation supplémentaires pour les bus, tram, métro et RER, +4 % de croissance du trafic SNCF) rend les conditions d'exploitation de plus en plus complexes.
En termes de régularité, la ligne 13 du métro et les lignes A et B du RER sont celles qui affichent les moins bons résultats, a reconnu Pierre Mongin, président de la RATP. Des mesures spécifiques vont donc être engagées pour tenter d'améliorer leurs performances. La ligne 13 va bénéficier de 250 millions d'euros d'investissements sur 5 ans pour développer ses capacités et renouveler le matériel roulant et 43 conducteurs supplémentaires vont être recrutés. Pour sécuriser les départs des trains, 12 stations vont être équipées de portes palières sur les quais, cofinancées par la RATP et le Stif.
Le plan de régularité de la ligne A du RER, engagé en 2008, va être amélioré pour atteindre l'objectif de 27 trains en heure de pointe dans le sens Est-Ouest le matin, contre 25 aujourd'hui. Autre priorité affichée par le Stif et la RATP : le renouvellement du matériel roulant. 30 trains supplémentaires seront commandés pour 2011 dont 8 à double étage pour accroître de 50% la capacité des trains en places assises. Sur la ligne B, co-exploitée par la RATP et la SNCF, le grand changement est attendu à partir du 26 janvier puisque les trains n'auront plus à changer de conducteur en gare du Nord. 36% des trains seront conduits désormais par des personnels de la RATP. Un nouveau centre unifié de la ligne B situé à Denfert-Rochereau devrait aussi permettre de faciliter l'exploitation.
Pierre Mongin a aussi souligné la nécessité de soutenir de nouveaux investissements. "La capacité à développer l'offre bute sur la saturation des infrastructures", a-t-il prévenu. Le prolongement de la ligne 14 jusqu'à Saint-Ouen pour désengorger la ligne 13 et le projet de rocade Arc Express autour de Paris sont selon lui des projets prioritaires.
Côté SNCF, Guillaume Pépy a affiché son souhait de faire des "transports de la vie quotidienne" une priorité tout en reconnaissant que la situation actuelle était loin d'être satisfaisante. "88% des trains circulant aux heures de pointe sont arrivés à l'heure l'an dernier, nous visons un objectif de 91,5% en 2009", a avancé le président de l'entreprise ferroviaire. "Puisque les Franciliens font le choix des transports collectifs, il faut des transports collectifs à la hauteur", a-t-il martelé.
La solution selon lui passe par du matériel neuf ou rénové. Il a annoncé qu'à l'issue de la réunion du 19 janvier, 20% d'investissements supplémentaires avaient été décidés dans le matériel roulant. D'ici 2014, 100 trains neufs circuleront sur le réseau Transilien. Il a aussi souhaité que dans le cadre du contrat en cours de négociation entre le Stif et Réseau ferré de France, les investissements (500 millions d'euros) sur les lignes C et D du RER soient accélérés et que la ligne E soit prolongée vers La Défense et Mantes-la-Jolie d'ici 4 à 5 ans.
Jean-Paul Huchon a rappelé que le plan régional d'investissements dans les transports, chiffré à près de 18 milliards d'euros sur 10 ans, était finançable à condition que l'Etat participe à hauteur de 4 à 6 milliards d'euros. Selon lui, l'Etat pourrait mobiliser trois types de recettes : une hausse du versement transport dans les zones où il y a eu urbanisation et implantation d'entreprises, une mise à disposition du Fonds d'aménagement régional et des recettes provenant des opérations immobilières réalisées dans des quartiers comme La Défense. Les deux premières mesures pourraient rapporter chacune de l'ordre de 150 à 200 millions d'euros par an et la troisième 600 millions d'euros. Le président du Stif - et président du conseil régional - appelle aussi l'Etat à prolonger ses engagements dans le contrat de projet Etat-région (825 millions d'euros) au-delà de 2013.
Anne Lenormand