Transports - Transports collectifs en site propre : les associations d'usagers réclament un quatrième appel à projets
"Les besoins en transports publics restent extrêmement importants et doivent se traduire par un quatrième appel à projets de transports collectifs urbains en site propre (TCSP) car ce type de procédure a déjà fait ses preuves", a déclaré Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), le 5 février. Après l'annonce des résultats du précédent appel à projets, fin 2014, la Fnaut avait déjà réclamé au secrétaire d'Etat aux transports un quatrième appel à projets au motif que le montant cumulé des subventions accordées aux collectivités locales à la suite des trois premiers appels à projets (1,8 milliard d'euros) n'atteignait pas le montant fixé initialement par le Grenelle de l'environnement (2,5 milliards), à l'origine de la démarche.
L'engagement de l'Etat jouant un rôle moteur important, surtout pour les agglomérations de taille moyenne, où les besoins de subventions sont les plus pressants pour développer des projets, la Fnaut remonte aujourd'hui au créneau. Car il y a urgence, à ses yeux. "Tous les grands pays, à commencer par nos voisins britanniques et allemands investissent plus que nous dans leurs transports collectifs", souligne Bruno Gazeau. Malgré l'adoption de la loi sur la transition énergétique, les engagements pris lors de la COP21, le poids des coûts externes du trafic automobile (congestion de la voirie, pollution de l'air) et la persistance d'un chômage massif, la France reste à l'écart de ce mouvement général, pointe le président de la Fnaut.
Demande "mal satisfaite"
"Les villes françaises ont accumulé de sérieux retards d'équipement en transport collectif par rapport aux villes suisses et allemandes, ajoute Jean Sivardière, vice-président de la Fnaut. Des agglomérations importantes comme Toulon, qui compte 600.000 habitants, ne sont encore équipées d'aucun TCSP et dans les agglomérations déjà bien équipées comme Nantes ou Grenoble, de nombreuses possibilités sont encore inexploitées." En outre, poursuit-il, "la demande actuelle est mal satisfaite", avec des métros saturés dans certaines villes comme Lille, Lyon ou Toulouse. De plus, la demande future de transports collectifs va "inévitablement s'accentuer", pour des raisons aussi bien sociales qu'écologiques ou économiques, pronostique la Fnaut. "Il n'y a pas de grandes métropoles qui puissent fonctionner sans un réseau de transports publics efficaces, souligne Bruno Gazeau. Si les cœurs de villes sont bien équipés, l'enjeu est de rendre plus performante la desserte de la première et de la deuxième couronnes pour faciliter leur développement économique et l'accès à l'emploi et aux services pour leurs habitants."
Trois catégories de projets
Pour la Fnaut, toutes les conditions sont donc réunies pour lancer sans attendre le quatrième appel à projets. D'autant que la baisse spectaculaire du prix des carburants routiers depuis un an permettrait d'augmenter "sans douleur" leur taxation et de recueillir des sommes importantes pour le financement des projets urbains et ferroviaires – environ 600 millions d'euros par an pour un seul centime de taxe supplémentaire, estime la Fédération. A l'appui de sa demande, elle a établi une liste de plusieurs dizaines de projets de TCSP (bus à haut niveau de service, tramways, tram-trains, téléphériques…) qu'elle a classés en trois catégories : des projets urbains déjà prévus ou envisagés et retardés le plus souvent pour des raisons financières ; des projets périurbains ou interurbains qui pourraient être développés par les autorités organisatrices de la mobilité sur leur "ressort territorial", qui s'étend en vertu de la loi Notr, au-delà des anciens périmètres de transport urbains ; enfin, d'autres projets réclamés par des associations d'usagers, parfois en opposition avec les élus. "Il y a aujourd'hui des opportunités pour un quatrième appel à projets qui sont la suite logique de la nouvelle organisation des compétences. Il faut maintenant passe à l'acte", conclut Bruno Gazeau.