Open data - Transport.data.gouv.fr teste la mise à disposition de données temps réel
C’est un engagement fort du projet de loi d'orientation des mobilités (LOM) : proposer des données en open data sur l’ensemble de l’offre de mobilité via un "point d’accès national". Ce PAN, qui répond aussi à des obligations européennes, est conçu en mode start-up d’État et commence à prendre forme. Son équipe teste actuellement la mise à disposition de données en temps réel avec trois territoires pilotes.
Le point d’accès national (PAN) aux données de transports est imposé par un règlement européen (N°2017/1926 du 31 mai 2017). Le projet de loi d’orientation sur les mobilités (LOM), qui sera discuté en 2019, en élargira le périmètre en étendant les obligations open data à de nombreux acteurs privés de la mobilité. Pour concevoir son portail de données, l’Etat a fait le choix de l’agilité. Si le ministère des Transports définit les objectifs, c’est à une équipe projet de "beta.gouv.fr", le pôle des startups d’Etat, que la conception de ce PAN a été confiée.
Un accompagnement pour tous les réseaux de transports publics
Sans attendre cette loi, l’équipe de transport.data.gouv.fr travaille déjà depuis plus d’un an pour réunir sur un même portail l’ensemble des données existantes et inciter les autorités organisatrices des mobilités à publier leurs données. L’objectif de ce portail : favoriser la création de nouveaux services : calculateurs d’itinéraires, outils cartographiques, billettique multimodale… "Notre plateforme est interfacée avec data.gouv. Nous utilisons des outils pour moissonner automatiquement les portails open data existants et garantir ainsi des données à jour. Dans un premier temps nous nous concentrons sur les 330 AOM [autorités organisatrices de la mobilité, ndlr] et collectons toutes les données statiques telles que les arrêts et les horaires pour l’ensemble des transports publics (métro, tram, bus…)", explique Ishan Bhojwani, chargé du déploiement de la plateforme. Les AOM qui n’ont pas de site open data ont la possibilité de publier directement leurs données sur la plateforme à l’image de ce qu’ont fait Figeac, Chantilly, Royan ou encore Fougères. "Nous sommes à disposition des AOM pour les aider à mettre leurs données au bon format et à les publier", souligne Ishan Bhojwani. L’objectif est en effet d’éviter les errements des débuts de l’open data où la publication de données disparates ou mal structurées empêchait leur réutilisation ou exigeait un important travail de nettoyage avant de pouvoir en faire quelque chose. Pour éviter un "siphonnage" des données par les Gafa, les données sont par ailleurs publiées sous licence OdBL pour obliger les réutilisateurs à rendre publiques les améliorations qu’ils pourraient apporter aux jeux de données.
Près d’un tiers des réseaux ont publié des données
Aujourd’hui, après un peu plus d’un an d’existence, le portail compte 83 AOM présentes et 85 jeux de données ouverts, soit un peu plus de 15 millions de Français concernés. Si les trous restent encore nombreux sur la carte publiée par la startup d’État, le véritable défi porte sur les données temps réel, sur le trafic et les incidents pour tous les réseaux quelle que soit leur taille. "Il est impératif de fournir des informations fiables, au plus proche du temps réel, explique Ishan Bhojwani. Des tests sont en cours avec l’Isère, la métropole de Grenoble, Besançon et Saintes. Le système opère une remontée de données toutes les minutes. Deux types d’informations sont transmises : l’état du réseau dans son ensemble et les prochains passages à un arrêt déterminé. L’objectif est de valider la faisabilité technique et juridique d’un système qui serait pris en charge par la plateforme". Car la mise à disposition de données temps réel en open data coince du côté des AOM en raison de son impact financier potentiel et des responsabilités que cela pourrait engendrer pour les collectivités.
Un levier pour la mobilité en tant que service (MaaS)
La plateforme est ensuite attendue sur sa capacité à fournir des données sur l’ensemble de l’offre de mobilité. Ce sera le principal apport de la LOM qui va obliger de nombreux acteurs privés – VTC, VLS, véhicules en free floating… - à ouvrir certaines données (qui restent à définir). Le portail répertorie d’ores et déjà, avec l’aide de BlaBlaCar, l’ensemble des aires de covoiturage et les emplacements des bornes de recharge électrique. Mais la liste a vocation à considérablement s’allonger. A terme, le portail ambitionne de fournir des données sur les transports longues distances, les liaisons maritimes et aériennes, tout comme les pistes cyclables, les cheminements piétons et le stationnement… Des ambitions que certains pourraient penser démesurées : ces données sont cependant la clef de la mobilité sans couture (MaaS, porte à porte…) que promettent les acteurs de la mobilité. Côté réutilisateurs, le portail compte déjà une quinzaine de sociétés parmi lesquelles des éditeurs de cartes ou de calculateurs d’itinéraires (Mappy, Transit, Here, Kisio/Keolis…) ou des start-up plus spécialisées comme Mybus (billettique pour les villes moyennes) ou encore Handisco (canne connectée).
Pour transport.data.gouv.fr, l'enjeu est désormais de réussir le passage à l'échelle. Dans cette optique son équipe finalise un tour de France des territoires, dont la mobilisation est essentielle à la réussite du projet.