Transport de voyageurs : le train fait machine arrière
L’Arafer a publié ce 16 novembre son premier bilan du transport ferroviaire de voyageurs en France. Il montre que le train continue à perdre du terrain par rapport aux autres modes de déplacement. La baisse de fréquentation affecte surtout les Intercités et dans une moindre mesure les TER.
Contrairement aux autres pays européens, le train perd du terrain en France, selon le premier bilan du marché du transport ferroviaire de voyageurs dans l’Hexagone publié ce 16 novembre par le régulateur du secteur, l'Arafer. Sa fréquentation a diminué de 1% en 2016 mais cette baisse est inégale selon les réseaux. Ce sont les trains internationaux et les Intercités qui ont le plus souffert (respectivement -7,8% et -6,5%), ainsi que les TER dans une moindre mesure (-2,8%), tandis que le TGV sur les lignes intérieures reste stable (+0,1%) et que le Transilien - trains de banlieue en Ile-de-France - voit sa fréquentation augmenter de manière assez nette (+3,8%).
Le train talonné par l'autocar
"Depuis 2011, la fréquentation des trains de voyageurs recule alors que celle des autres modes de transport (voiture particulière, avion, autocar interurbain) progresse", respectivement de 2,7%, 3,8% et 17%, détaille l'Arafer. Le train a représenté 9,2% des voyages l’an dernier, loin derrière la voiture qui s’arroge 79% des déplacements, covoiturage compris. Il est talonné par l'autocar (8,6% des trajets) tandis que l'avion ne représente que 1,6% des déplacements. De 1995 à 2011, la part du train dans les déplacements avait progressé grâce au développement du TGV et du TER, passant de 7 à 10%.
"La perte d'attractivité du mode ferroviaire est une réalité", a commenté le président de l'Arafer, Bernard Roman, lors d'une conférence de presse, estimant qu'on peut se dire que la qualité de service est un facteur essentiel d'attractivité du ferroviaire". Ce constat intervient alors que le gouvernement entend donner la priorité aux "transports du quotidien" et a entamé une mission sur la "refondation" du modèle ferroviaire, qui s'achèvera en janvier.
Suppressions de trains et nombreux retards
Ce premier bilan établi par l’Arafer reprend des données relatives aux suppressions de trains en tenant compte des déprogrammations de trains qui, jusqu’à présent, n’étaient pas recensées dans les statistiques nationales. Ainsi, le régulateur relève qu'en 2016, les grèves du printemps contre la renégociation du cadre social du ferroviaire notamment, ont largement perturbé le transport : 5% des trains de voyageurs en moyenne ont été annulés chaque jour, 115.000 trains au total, les deux tiers environ à cause de ces mouvements sociaux. Sur les 6.700 trains (hors Transilien) initialement programmés quotidiennement en 2016, 230 ont été déprogrammés (supprimés la veille avant 16h) et près de 120 ont été annulés à la "dernière minute", c’est-à-dire supprimés la veille après 16h. En outre, plus de 11 millions de minutes ont été perdues en 2015 par les trains de voyageurs, soit en moyenne 2,7 minutes par train sur un parcours de 100 km. Plus de la moitié de ces retards pourraient être évités par la SNCF, estime le gendarme du rail.
Importance des concours publics
Dans son bilan, l'Arafer souligne aussi que 80% des trains de voyageurs roulent sur seulement un quart des lignes. Par ailleurs, sur les 11.000 trains de voyageurs qui circulent chaque jour, 90% sont des "trains du quotidien" (TER ou Transilien), empruntés par 88% des 3,2 millions de passagers quotidiens. En termes financiers, les entreprises ferroviaires ont réalisé un chiffre d’affaires de 13,4 milliards d’euros HT en 2015, dont près des deux-tiers sont issus des recettes commerciales (8,3 milliards d’euros, produit des billets vendus) et un tiers de concours publics (5,1 milliards d’euros). Elles ont reversé 31% de ces montants à SNCF Réseau et Gares & Connexions pour l’accès au réseau et aux gares de voyageurs.
Les concours publics représentent environ un tiers des revenus des Intercités et près des trois-quarts des revenus TER. En Ile-de-France, le dézonage de la carte Navigo a généré une chute des recettes commerciales du Transilien de près de 21% en 2016, compensée par une hausse des concours publics passés de 62% à 70% entre 2015 et 2016.
Globalement, la recette commerciale par passager a baissé entre 2015 et 2016 : elle s’établit à 7,8 euros HT aux 100 km sur les services TER et Intercités (- 3,2%). Dans les TGV (y compris Ouigo et iDTGV), la recette aux 100 km s’élève à 9,6 euros HT en moyenne en 2016, en baisse de 2,4% sur un an.
Baisse des recettes commerciales des TER
En 2016, l’offre et la fréquentation des TER ont baissé de près de 3%, ce qui n’a pas permis d’améliorer le taux de remplissage des trains régionaux (entre 15% et 31 % selon les régions, avec une moyenne à 25%), souligne encore l’Arafer. Les recettes commerciales ont diminué de plus de 5% l’an passé, en raison de l’érosion de la part des voyageurs non abonnés. Le taux de remplissage moyen des Transilien est pour sa part de 26%.
Pour chaque kilomètre parcouru sur un TER ou un Transilien en 2016, le passager paie en moyenne 6,5 centimes d’euro HT et la Région verse le complément à SNCF Mobilités, soit 17,7 centimes pour l’équilibre du service public, note l’Arafer. La Région paye aussi 5,6 centimes d’euro à SNCF Réseau au titre de la redevance d’accès au réseau ferré.
En 2016, les revenus du TER proviennent à 75% du concours financier des régions, avec des disparités entre les régions (de 65% en Alsace jusqu’à 90% en Limousin). Pour le Transilien, cette part s’élève à 70% (62% en 2015).