Recherche et développement - Transfert de technologie : des régions appuient sur l'accélérateur
Certains élus régionaux auront les yeux rivés sur Paris lundi 14 mars. Un jury international doit en effet y examiner plusieurs projets de "sociétés d’accélération du transfert de technologie". Et la dizaine de "Satt", tout au plus, qui seront finalement adoubées devraient dynamiser fortement leurs économies régionales. Les Satt auront en effet une vocation : mieux transformer les découvertes des chercheurs locaux en activités économiques sonnantes et trébuchantes. Elles devront notamment soutenir toute la phase de "maturation" des projets de recherche et développement - entre les découvertes initiales, et leur transfert concret à l’économie. Ces futures structures de "valorisation" ont été esquissées dans un appel à projets lancé en juillet 2010. Elles s’inscriront parmi les "investissements d’avenir" permis par le grand emprunt de 2010 : 900 millions d’euros ont été affectés à leur création.
Professionnalisation
Et certains conseils régionaux, alléchés, n’ont pas manqué d’appuyer leurs propres candidats locaux. Ainsi le Languedoc-Roussillon a-t-il misé 3 millions d’euros sur le projet régional – auxquels s’ajoutent 0,5 million de Montpellier agglomération, et 1,5 million du Fonds européen de développement régional (Feder). Cette enveloppe servirait, pour trois premières années, à un "fonds régional de maturation", qui permettrait d’aider les porteurs de projets - par exemple pour leurs études marketing ou encore des tests de faisabilité. "A peine 30% des brevets trouvent un marché aujourd’hui en France", justifie Anne-Yvonne Le Dain, vice-présidente à l’enseignement supérieur, à la recherche, à l’innovation et aux technologies de l’information. "Cette Satt permettrait une professionnalisation des systèmes de valorisation, et ferait en sorte que les brevets soient mieux exploités."
Si elle doit être retenue après son grand oral de lundi, la Satt languedocienne pourrait être créée dès la fin 2011, avec 12 actionnaires : 5 universités, 2 grandes écoles, 4 organismes de recherche, et, comme dans toutes les Satt, la Caisse des Dépôts, pour le compte de l’Etat. Selon la présentation faite par la région, cette future société intégrerait "l’ensemble de la chaîne de valorisation, depuis la sensibilisation et la détection dans les laboratoires, jusqu’à l’incubation de start-up".
En somme, "la Satt permettrait d’agréger les acteurs locaux de la valorisation, que sont les universités, et les acteurs nationaux, que sont les organismes de recherche", espère Eric Buffenoir, vice-président de l’université de Montpellier 2. "Cela permettrait de dépasser la masse critique et de mobiliser les forces en région."
Un projet de Satt Grand Est
Un projet de Satt Grand Est sera également défendu ce lundi 14 mars, avec le soutien des régions Bourgogne, Franche-Comté et Lorraine. "Sans engagement financier", précise à l’université de Lorraine Didier Zimmermann, directeur de la valorisation, de l’innovation et du transfert technologique. "Mais ces conseils régionaux souhaitent s’inscrire dans la continuité de leurs actuels cofinancements" aux différentes structures de valorisation réunies dans le projet.
Une quinzaine de dossiers de Satt auraient été déposés. Les premiers heureux élus, désignés par le Premier ministre, devraient être connus à la fin du mois d’avril. Un second appel à projets est attendu en cours d’année. Outre les 900 millions d’euros qui leurs sont consacrés, l’Etat engage aussi 50 millions d’euros pour la création de quelque 5 "consortiums de valorisation thématique", cette fois de dimension nationale et portant sur certains marchés. Enfin un "fonds France brevets" doit permettre l’achat et l’entretien de droits de propriété intellectuelle, ainsi que leur commercialisation, grâce à 50 millions de l’Etat et autant de la Caisse des Dépôts.