Tourisme : 2022 s'annonce comme une année de "belle reprise"
Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué chargé du tourisme, tire un bilan positif de la saison de ski 2021-2022 et envisage positivement la fréquentation touristique de l'été prochain sous l'impulsion de la clientèle française mais aussi grâce aux retours de certains touristes étrangers. Dans le cadre de cette reprise, les difficultés de recrutement se font d'autant plus sentir.
Deux ans après le début de la crise sanitaire et les restrictions de déplacement qui en ont découlé dans le monde entier, et en France en particulier, Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué chargé du tourisme, a estimé mardi 26 avril lors d'une conférence de presse que le secteur du tourisme connaissait une "belle reprise". Amené à s'exprimer sur la conjoncture de ce début d'année 2022, il a salué tant les bons résultats de la saison hivernale que les heureuses perspectives pour le printemps et l'été.
"La saison de ski a été excellente, a déclaré le ministre, malgré un démarrage sans les Britanniques qui sont massivement revenus dès le 15 janvier. Nous sommes en croissance sur pratiquement tous les massifs avec des chiffres d'occupation record pour certains." Jean-Baptiste Lemoyne a détaillé ces hausses de fréquentation : +10% dans les Pyrénées ou encore +20% dans les stations iséroises par rapport à 2019. Se dessine désormais la perspective d'un retour de la France à la première place des destinations de sports d'hiver alors qu'elle était devancée ces dernières années par les États-Unis et l'Autriche.
La montagne, une destination "privilégiée"
Ces chiffres du ministère sont confirmés par les acteurs du secteur. Toujours ce 26 avril, l'Observatoire national des stations de montagne (ONSM) estimait dans un prébilan de la saison que les stations de ski avaient bénéficié d'un "retour à la normale porté par les vacanciers français". Le taux d'occupation des lits s'établit pour la saison en cours à 69%, contre 70% pour 2019-2020. Selon un communiqué de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM), "la montagne reste malgré tout une destination privilégiée pour un quart des Français". Les élus notent encore que "le critère environnemental commence également à s’imposer comme un facteur de choix de la destination touristique". L'ANMSM fait même état de projections "encourageantes" pour la saison 2022-2023 puisque les intentions de départ des Français pour la montagne sont en forte hausse pour atteindre potentiellement 35% de part de marché.
Plus près de nous, les résultats du week-end de Pâques ont été jugés "très satisfaisants" par Jean-Baptiste Lemoyne. Et cette reprise s'observe y compris dans les grandes villes, des territoires qui, selon le ministre, "ont longtemps été plus pénalisés que les autres et où il existait une difficulté à faire revenir une clientèle internationale". Paris a par exemple connu un taux d'occupation hôtelière de 91,7% durant le week-end de Pâques, soit +3,7 points par rapport à la même période en 2019. Ce phénomène se conjugue avec le retour d'une clientèle étrangère "long courrier" en provenance, notamment, des États-Unis et du Canada, une hausse de l'occupation des hôtels 5 étoiles et des prix moyens en augmentation de 30%. "L'Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur tirent ces moyennes vers le haut", a encore commenté Jean-Baptiste Lemoyne.
Un été "très, très dynamique"
Les prévisions pour l'été prochain ne sont pas en reste. Pour l'hôtellerie de plein-air, on s'achemine vers une "très, très belle saison", avec +24% de réservations à ce jour par rapport à 2019 et +30% si l'on prend le chiffre d'affaires prévisionnel. Des taux "aussi impressionnants" sont également enregistrés pour l'hôtellerie. Le secteur aérien reprend lui aussi "des couleurs", selon Jean-Baptiste Lemoyne qui, citant la Fnam (Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers), annonce que l'on retrouvera 100% du niveau de 2019 sur les courts et moyens courriers, tandis que les longs courriers devraient se situer à 85-90% par rapport à l'avant-crise sanitaire, "car les trajets vers l'Asie demeurent encore pénalisés et qu'il existe dans ces pays des politiques 'zéro Covid' très contraignantes pour la mobilité". Du côté des entreprises du voyage, la situation n'est toutefois pas encore rétablie puisque l'on reste à -15% d'activité par rapport à 2019, les voyages d'affaires demeurant les plus pénalisés.
Si la France est plébiscitée par les Américains, les Belges, les Italiens ou les Espagnols, qui en font leur première destination étrangère, le ministre délégué au tourisme s'est félicité que "les Français [soient] une exception européenne dans le sens où ils sont une majorité (60%) à envisager de rester dans leur pays de résidence, et la saison d'été peut être très, très dynamique".
En termes de destinations, près de 50% des prévisions de départ concernent le littoral. Les destinations urbaines retrouvent la deuxième position (29% des intentions de voyages) devant les territoires ruraux et de montagne qui avaient séduit les Français au plus fort de la pandémie, en 2020 et 2021. On observe enfin une "augmentation du goût pour l'itinérance", a noté le ministre délégué au tourisme : 22% des Français envisagent ce mode de vacances (+7%).
Postes à pourvoir
Mais cet engouement ne sera pas sans poser quelques difficultés. "Il va falloir se préparer à faire face", a prévenu Jean-Baptiste Lemoyne en pointant la "dimension recrutement". Selon le baromètre BMO (besoins en main-d'œuvre) de Pôle emploi, il y aurait en effet 360.000 postes à pourvoir dans le secteur HCR (hôtellerie, cafés, restaurants).
En guise de solutions, le ministre a d'abord évoqué les "éléments travaillés par les partenaires sociaux eux-mêmes, comme l'accord de revalorisation des grilles [salariales] qui peut atteindre jusqu'à 16% et peut participer à l'attractivité des métiers". Mais au-delà de la rémunération, il s'agit également de trouver de "nouveaux équilibres en termes d'organisation du travail". Comprenez : aménager des horaires qui conviennent mieux aux salariés du secteur.
De son côté, le gouvernement met en place une campagne de promotion des métiers du tourisme dotée de 9 millions d'euros sur le modèle de ce qu'a fait l'armée "avec une campagne très impactante", a reconnu Jean-Baptiste Lemoyne. Par ailleurs, en partenariat avec l'Institut français du tourisme, la plateforme monemploitourisme.fr vise à rapprocher l'offre et la demande dans le secteur. "Elle est très utile à la préparation de la saison estivale", a conclu le ministre délégué.