TikTok et autres applications "récréatives" bannies des téléphones pro des agents de la fonction publique d'État
Le gouvernement a annoncé ce 24 mars sa volonté d'interdire l'installation et l'utilisation d'applications "récréatives" telles que le réseau social chinois TikTok sur les téléphones professionnels des 2,5 millions d'agents de la fonction publique d'État. Ces applications présentent des "risques en matière de cybersécurité et de protection des données des agents publics et de l'administration", a estimé le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, dans son communiqué. Il emboîte ainsi le pas à plusieurs institutions et gouvernements occidentaux ayant déjà interdit ou limité l'utilisation de TikTok sur les appareils professionnels.
Mais qu'entend-on par "applications récréatives" ? Dans la ligne de mire figure "le triptyque applications de jeux comme Candy Crush, de streaming comme Netflix et récréatives comme TikTok", explique l'entourage de Stanislas Guerini, avant d'ajouter que Twitter serait également mis à l'index. Mais le gouvernement n'a pour l'heure pas dressé de liste uniforme des applications interdites ; la mesure est prise par défaut.
L'interdiction, notifiée aux différents ministères par le biais d'une instruction "contraignante", selon le gouvernement, entre immédiatement en vigueur, et ne concerne pas les téléphones personnels des fonctionnaires d'État. Les fonctionnaires qui souhaitent utiliser l'une des applications bannies à des fins de communication institutionnelle devront faire une demande de dérogation auprès de la direction du numérique de leur ministère. Les community managers du secteur public vont pourront donc continuer à exercer leur métier...
En cas de violation de l'interdiction, aucun système unifié de sanctions n'est prévu à ce stade. Les éventuelles sanctions devront être décidées "à l'échelon managérial" de chaque ministère, selon les services de Stanislas Guerini. Ce sont la direction interministérielle du numérique (Dinum), "en lien étroit" avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui assureront de la mise en œuvre de l'instruction.
"Vous noterez qu'il n'est nullement déconseillé ni interdit à une administration d'être présente sur TikTok. Il n'y a pas de danger, en effet, à communiquer en Chine, aux États-Unis ni ailleurs l'agenda des manifestations ou la couverture d'un événement public !", réagit Franck Confino, fondateur de l’Observatoire socialmedia et consultant en communication numérique et publique. Rappelons qu'une récente étude de l’Observatoire socialmedia des territoires révélait un engouement pour TikTok du côté des départements et des régions (voir notre article du 2 mars 2023). Reste à prendre quelques précautions de bon sens comme "ne pas communiquer en interne via les messageries de ces applications sur des sujets qui doivent rester confidentiels", rappelle Franck Confino.
La Maison blanche, la Commission européenne, les gouvernements canadien et britannique, notamment, ainsi que d'autres organisations ont récemment interdit à leurs fonctionnaires d'utiliser TikTok sur leurs téléphones professionnels. Au centre des craintes se trouve une loi chinoise de 2017 qui impose aux entreprises locales de remettre sur demande des autorités des données personnelles qui relèveraient de la sécurité nationale. Le gouvernement chinois "n'a jamais demandé ni ne demandera à quelconque entreprise ou individu de collecter ou de (lui) remettre des données provenant de l'étranger, d'une façon qui violerait les lois locales", a assuré vendredi une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning.