Territoires zéro chômeur : les premiers enseignements de l'expérimentation
L’association gestionnaire du fonds d’expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée vient de remettre son premier bilan intermédiaire. Avec déjà 600 personnes employées et d'importantes mobilisations locales, les dix territoires zéro chômeur sont bien partis pour atteindre leurs objectifs. Prochaine étape : consolider les résultats des entreprises, afin d'assurer la pérennité du dispositif.
Près de deux ans après le début de l'"expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée" (ETCLD), plus connue sous le nom de "territoires zéro chômeur de longue durée" (voir nos articles ci-dessous), le fonds d'expérimentation ETCLD a publié son premier bilan intermédiaire. "Le principal enseignement, c'est que sur les territoires choisis, il est possible d'extirper totalement la privation d'emploi subie et que cela peut se faire sans accroître la dépense publique par l'activation des dépenses passives et les recettes générées par la mise à l'emploi", résume Louis Gallois, président du fonds d'expérimentation, sur le site de l'association.
600 salariés embauchés par les entreprises à but d'emploi
Les chiffres sont en effet encourageants : 600 salariés embauchés ce jour par les entreprises à but d'emploi (EBE) des 10 territoires expérimentateurs et, au 30 juin 2018, 936 chômeurs de longue durée ayant retrouvé un emploi soit plus de la moitié des 1.711 personnes identifiées. À Pipriac et Mauléon, "l'exhaustivité de flux" serait atteinte d'ici la fin de l'année, ce qui signifie qu'il n'y aura alors plus de personne volontaire sur la liste d'attente.
Concernant le coût de la création de l'emploi pour la collectivité, il aurait été "quasi nul" en 2017, avance ETCLD. Selon de "prudents" premiers calculs, ce coût serait de l'ordre de 930 euros par emploi - soit le solde entre la contribution moyenne de 18.930 euros, financée par l'Etat et les départements expérimentateurs, et le gain du retour à l'emploi estimé à "plus de 18.000 euros" pour les finances publiques.
L'utilité sociale des nouvelles activités mises en œuvre par les EBE est également mise en avant : développement du tissu économique local - reprise d'un commerce, dépôt de pain… - cohésion sociale et lutte contre les exclusions - aide aux démarches administratives, animation de jardins partagés, déplacements solidaires, café social... -, transition écologique - collecte et traitement de bio-déchets, micro-déchetterie de quartier, agriculture durable...
Un impact territorial
Le bilan analyse également "l'impact du projet sur la dynamique territoriale". "Sur les territoires expérimentaux, la fabrique du consensus local est un puissant producteur de synergie et de concertation", souligne le Fonds d'exprimentation. Ainsi "chacun [vient] avec ses outils et ses compétences pour constituer une offre de services territoriale". Les comités locaux pour l'emploi ont mis en place "des processus de vigilance et de validation des activités développées", pour garantir la non concurrence avec les acteurs publics et privés locaux ainsi que "l'exercice principalement territorial des activités".
Par ailleurs, des partenariats sont à l'étude avec des acteurs locaux de l'économie sociale et solidaire, dans l'insertion par l'activité économique (IAE) notamment, "susceptibles de fournir un adossement" à de nouvelles unités.
Au-delà, le projet implique une réflexion globale et partenariale, se traduisant par "un fort impact sur les politiques publiques de l'emploi, de la formation comme de la transition écologique".
La consolidation, avant l'extension à de nouveaux territoires
La prochaine étape, selon Louis Gallois, consiste à "accroître la compétence des salariés et la qualité des travaux utiles", ce qui "suppose un effort important de formation". L'enjeu, pour ces entreprises au format inédit, est notamment de générer davantage de chiffre d'affaires "pour combler l'écart entre le coût complet de l'emploi [comprenant le démarrage, les investissements, l'ingénierie, ndlr] et les subventions publiques reçues".
"A ce stade, l'expérimentation est suffisamment concluante pour qu'on puisse la développer avec de nouveaux territoires (40, 50?)", estime le président d'ETCLD. Préparée actuellement par nombre de territoires volontaires, cette deuxième phase pourra "donner de l'ampleur et de la diversité, donc une crédibilité accrue, à l'expérimentation". Annoncée par le président de la République le 13 septembre dernier, lors de la présentation de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, l'extension de l'expérimentation pourrait n'intervenir qu'après l'achèvement de la première étape. Soit cinq ans après le vote de la loi d'expérimentation du 29 février 2016.