"Territoires zéro chômeur de longue durée" : 83 emplois créés en un an et demi à Villeurbanne (69)
En novembre 2016, la candidature de Villeurbanne a été retenue dans le cadre du dispositif "Territoires zéro chômeur de longue durée". Après 2 ans d’expérimentation sur le quartier Saint-Jean, 83 chômeurs sans emploi depuis plus d’un an ont retrouvé un travail, en CDI et à temps choisi, dans des secteurs d’activités non couverts par l’économie conventionnelle.
Séparé du centre de la ville de Villeurbanne (148.500 habitants) par un canal, le périphérique et l’autoroute, le quartier Saint-Jean compte 4000 habitants, 56 % de logements sociaux et le taux de chômage s’élève à 25 %. Depuis 2016, la municipalité y mène une expérimentation dans le cadre du dispositif national Territoires zéro chômeur de longue durée (voir en fin de texte) pour répondre à un double enjeu sur le quartier.
Reconnecter les habitants avec l’emploi local
Sur les 400 personnes éloignées de l’emploi dans le quartier, 200 sont inscrites à Pôle emploi. L’autre moitié est constituée d’une centaine de jeunes et d’une centaine de bénéficiaires du RSA, qui demeurent 'invisibles' auprès des structures et dispositifs d’aide à la recherche d’emploi. Par ailleurs, la zone d’habitat est totalement déconnectée de la zone économique, au nord du quartier où sont implantées près de 300 TPE et PME. "En 2022–2023, le secteur de Saint-Jean fera l’objet d’une rénovation urbaine porté par l’agence nationale de rénovation urbaine (Anru) et la métropole de Lyon. L’expérimentation apporte donc une brique sociale à ce projet d’urbanisme et entend répondre par l’emploi aux dysfonctionnements du quartier", explique l’adjointe au maire à l’emploi et l’insertion l’économie sociale et solidaire et la lutte contre les discriminations, Agnès Thouvenot.
Projet entrepreneurial : une rencontre par semaine pendant près de 9 mois
Porté par la ville avec la mission régionale d’information sur l’exclusion, le projet entrepreneurial TZCLD Villeurbanne a été défini et partagé par les différents acteurs du quartier. Les entreprises locales ont été impliquées dans le projet dès ses débuts, qu'elles relèvent de l'ESS ou de l'économie conventionnelle. Un chargé de projet a été recruté par la mairie de Villeurbanne, à temps plein sur un an (20.000 € - co-financement Fondation de France) pour mobiliser les acteurs de terrain en amont du projet : habitants et chômeurs volontaires pour l’expérimentation, entreprises, associations, ainsi que les structures d’insertion, bailleur social, le centre social, le conseil de quartier. Et cela à raison d’une rencontre par semaine durant près de 9 mois.
Partager les décisions au sein du comité local
Comme le prévoit le dispositif national TZCLD, un comité local est créé pour coordonner l’action des acteurs locaux, élaborer le programme d’actions et assurer le suivi et l’évaluation de l’expérimentation. "Ce comité local réunit une vingtaine de représentants de la ville, de l’état et des structures partenaires (CCAS, bailleur social, structures d’insertion, etc.), précise la conseillère municipale. Il fonctionne aussi de manière élargie (70 participants, dont les habitants, les entreprises, les associations, les salariés, etc.) pour garantir l’ancrage territorial de l’expérimentation et le partage des objectifs et des décisions." Présidé par la conseillère municipale, il est animé par la directrice du développement économique de la ville, avec l’aide de deux agents mobilisés sur l’ingénierie de projet et l’évaluation.
Le déploiement opérationnel confié à une association
Fin 2016, nous avons constaté qu’il y avait un chaînon manquant : d’une part pour accompagner les demandeurs d’emploi volontaires, d’autre part pour identifier les services actuellement non couverts et utiles au quartier", explique la conseillère municipale. L’association Le Booster (encadré 2) est créée en février 2017 : elle joue le rôle de bras armé du comité local et assure la coordination avec Pôle emploi et les structures d’insertion. "Cette association intermédiaire est une spécificité par rapport à l’expérimentation nationale, précise l’élue, car le comité local lui a délégué une partie de ses missions. "Financée par des aides privées et publiques, elle n’a pas de salarié en propre : elle s’appuie sur des conventions avec les associations ou structures d’insertion partenaires qui mettent à disposition du temps de travail de leurs salaires (voir encadré).
Création d’une entreprise à but d’emploi en mars 2017
L’entreprise à but d’emploi (EBE)EmerJean est créée fin mars 2017 pour accueillir les premiers salariés. 14 investisseurs présents dans le quartier acceptent de contribuer au capital (31.000 €) de l’EBE EmerJean, constituée en SAS ESS : des PME, dont la plus importante du quartier, des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) et le bailleur social du quartier. Le pilotage opérationnel est assuré par un directeur (l’ancien chargé de projet qui a animé le montage du dossier), une directrice adjointe et un coordinateur d’activités. La SAS dispose d’un second pilotage à l’échelle des salariés pour l’organisation du travail. Enfin, un conseil de surveillance est composé des actionnaires.
83 CDI signés en décembre 2018
En décembre 2018, l’EBE Emerjean emploie 83 ex-demandeurs d’emploi de plus d’un an, en CDI et à temps choisi, dont 80 habitent le quartier Saint-Jean. Son champ d’intervention se développe dans trois domaines d’activités : le service aux habitants (micro-services, retouche-couture, soutien scolaire...), le service aux entreprises (entretiens d’espaces, blanchisserie, lavage de voiture, conciergerie) et des services pour la transition écologique (collecte de biodéchets, jardins maraîchers, etc.). Le conseil de surveillance de EmerJean et le comité local exercent une grande vigilance, quant à la non-concurrence des activités créées avec celles déjà présentes sur le territoire, afin de ne pas fragiliser des emplois déjà existants.
"Le modèle socio-économique est à consolider"
Les moyens financiers de l’EBE - entreprise solidaire d’utilité sociale - reposent sur un fonds d’amorçage de l’État et un fonds de revitalisation des territoires. L’entreprise est en partie financée par la réinjection des dépenses annuelles consacrées à un demandeur d’emploi de longue durée (à hauteur de 75 %) et par le chiffre d’affaires réalisé par la prestation de services (pour 25 %).
"Le modèle socio-économique est à consolider, conclut l’élue, et une évaluation quantitative et qualitative montrera les impacts positifs pour le quartier, à la fois sur le retour à l’emploi et le développement d’activités économiques sources de lien social."
Territoires zéro chômage de longue durée (TZCLD)
Le projet "Territoires zéro chômeur de longue durée" a été porté pour sa phase de démarrage par ATD Quart Monde, en partenariat avec le Secours catholique, Emmaüs France, Le Pacte civique et la Fédération des acteurs de la solidarité avec, dès le départ, une volonté partagée que la conduite opérationnelle de ce projet puisse être ensuite portée par une organisation ad-hoc. Le projet a commencé fin 2016 avec dix territoires tests grâce à une loi d'expérimentation territoriale. La mission de l’association TZCLD consiste notamment à accompagner les territoires volontaires pour entrer dans la démarche et participer à une deuxième expérimentation ;
Statut et financement de l’association Le Booster
Le financement de l’association Le Booster repose essentiellement sur des subventions. En 2017, son budget de fonctionnement était de 114.000 € : elle a bénéficié de financements privés, notamment d’un mécénat de compétences sur 2 ans de la fondation Accenture pour coordonner l’activité et rechercher des activités nouvelles (volet R&D). Elle bénéficie d’un fonds Anru (PIA – Ville durable santé) et d’un soutien financier CGET et métropole. Elle s’appuie sur des conventions avec les associations ou structures d’insertion partenaires afin que, dans ce cadre défini, leurs agents puissent consacrer une partie de leur temps au dispositif TZCLD.
Commune de Villeurbanne
Nombre d'habitants :
Le Booster de Saint-Jean / EMERJEAN
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.