TER à batteries : cinq régions s'engagent dans l'expérimentation
Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur, SNCF Voyageurs et Bombardier Transport ont lancé ce 25 janvier l’expérimentation des TER à batteries, un projet pilote qui vise à diminuer les émissions de carbone du transport ferroviaire. Il s’agit de remplacer par des batteries les moteurs diesel de cinq rames AGC bi-mode, pour une mise en service en 2023.
Lancé ce 25 janvier par les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur, SNCF Voyageurs et Bombardier Transport, le projet d'expérimentation des TER à batteries représente un investissement total de plus de 38 millions d’euros. Les régions apportent 5,4 millions d’euros chacune, la SNCF 6 millions et Bombardier 5,5 millions.
A l'instar du TER hybride diesel/électrique/ batterie expérimenté avec Alstom, le projet AGC à batterie fait partie des projets en cours visant à "verdir" les trains existants sans infrastructure ferroviaire supplémentaire. Cette transformation consiste à remplacer les 2 moteurs diesel par des batteries qui sont rechargées quand le matériel se situe sous une section électrifiée ou quand le train freine, ce qui permet de réduire leur empreinte environnementale. L'utilisation de la batterie pour compléter l’énergie de la caténaire pendant l'accélération vise aussi à améliorer la robustesse de l’exploitation, selon ses promoteurs. L’autonomie en mode batterie sera d’au moins 80 kilomètres et une réserve d’énergie permettra de palier des aléas d’exploitation. La durée de vie des batteries au lithium est quant à elle garantie 10 ans.
Un TER exploité dans chacune des régions partenaires
La modification de la première des cinq rames concernées par l'expérimentation sera engagée dès cette année sur le site de Bombardier Transport à Crespin (dans les Hauts-de-France). Ce projet pilote a également pour objectif de réaliser la campagne d’essais de validation et d’autorisation de mise sur le marché, nécessaire pour permettre la mise en service de ce nouveau type de train en France dès 2023.
Un AGC à batteries sera exploité dans chacune des régions partenaires. La circulation de ces trains à batteries est ainsi envisagée sur les lignes Lyon-Bourg-en-Bresse, Bordeaux-Mont de Marsan, Bordeaux-Le Verdon, Bordeaux-Saint-Mariens, Nîmes-Le Grau du Roi, Marseille-Aix, et Abancourt-Beauvais-Creil.
Pour les régions, ce projet fait partie d’un bouquet de solutions qui permettront à terme de sortir du diesel pour les lignes non électrifiées du réseau. L'expérimentation doit permettre de définir les conditions de réussite d’un déploiement ultérieur plus important.
"Avec le lancement du projet de TER à batteries, nous ouvrons une nouvelle étape de notre action pour réduire les émissions de CO2 de nos trains régionaux, a souligné Christophe Fanichet, président-directeur général de SNCF Voyageurs. Le train est déjà la solution de mobilité la plus écologique, mais nous choisissons d’aller plus loin en le rendant toujours plus vert. Alors que les TER diesel représentent encore un quart du parc, le TER à batteries est une solution zéro émission. Avec d’autres innovations que nous portons aux côtés des régions et des industriels (hydrogène, hybride, biocarburants, biogaz), il va contribuer de façon décisive à réussir la sortie du diesel".
Des régions déjà très impliquées dans le "verdissement"
"Avec 46 rames régionales potentiellement concernées à terme par le TER à batteries, les retombées de l’expérimentation permettront non seulement d’améliorer l’empreinte environnementale de nos trains mais aussi de conforter le savoir-faire de notre industrie régionale, a estimé Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, soulignant le fait que Bombardier assurera une grande partie des études et des transformations des matériels à Crespin, dans sa région. Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, s'est aussi félicité de cette nouvelle initiative, la feuille de route "Néo Terra" de sa région ayant parmi ses objectifs de "sortir les TER du diesel d’ici 2030" via diverses technologies - train à batteries rechargeables, train à hydrogène, train au BioGNV et train hybride.
"Notre ambition est à la fois de développer largement l’usage du train sur notre territoire en améliorant le service et en accroissant l’offre, mais également en renouvelant notre matériel roulant en saisissant toutes les opportunités de verdissement, a souligné pour sa part Carole Delga, présidente de l'Occitanie. Trains à hydrogène, à batteries, hybride, ou au bioGNV : la région Occitanie est la seule engagée sur les 4 expérimentations, et nous soutenons l’effort des entreprises et de SNCF pour garantir un transport toujours plus vertueux."
"Dans le cadre de notre Plan Climat, 'une COP d’avance', nous mettons en place une politique régionale en faveur des transports décarbonés. C’est pourquoi nous souhaitons favoriser le train en tant que moyen de transport sûr, fiable et écologique, a indiqué de son côté Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et président de Régions de France. Dans les mois qui arrivent, nous allons mettre en oeuvre de nombreux travaux, notamment sur la ligne Aix-Marseille, sur laquelle nous prévoyons des travaux d’électrification frugale, qui nous permettront d’accueillir les trains à batteries sur les lignes dédiées, a-t-il illustré. A cet effet, nous avons pour projet de transformer 9 locomotives Diesel en trains à batteries à l’horizon 2025. Cette opération nous fera économiser 5.600 tonnes de CO2 par an, et participera au bien-être de nos usagers, tout en ayant, à terme, un vrai impact écologique en matière de transports durables."