Système d’alerte du public : le gouvernement reste sourd aux sirènes du Sénat
"Les systèmes d’alerte sont sans doute d’un autre temps", observait le sénateur Hervé Maurey lors de la réunion constitutive de la commission d’enquête relative à l’incendie de l’usine Lubrizol, le 17 octobre dernier. Ce drame aurait pu conduire le gouvernement à revoir sa position en la matière, alors que le système des sirènes a été jugé défaillant à cette occasion. Il n’en sera rien.
Examinant, le 12 novembre dernier, les crédits de la mission "Sécurités" du projet de loi de finances pour 2020, le rapporteur spécial Jean-Pierre Vogel a constaté que "le ministère de l’Intérieur continue de concentrer le financement du système d’alerte et d’information des populations (SAIP) sur la rénovation des sirènes pour les trois prochaines années, à hauteur de 5,6 millions d’euros". Pis, il "ne prévoit toujours aucun crédit pour la reprise du volet 'mobile'". L’élu a en conséquence soutenu le rejet des crédits de la mission, position adoptée par la commission des finances.
Pour le sénateur, cette stratégie est d’autant plus "surprenante" qu’une directive du 11 décembre 2018 "impose aux États membres la mise en place d’un système d’alerte par téléphone" au plus tard le 21 juin 2022 (Dir. UE 2018/1972, art. 110).
Spécialiste du sujet – il y a consacré un rapport en 2017 – Jean-Pierre Vogel prêche inlassablement en faveur de la technologie Cell Broadcast, "utilisée dans d’autres pays", qui permet la diffusion d’alertes claires et immédiates par SMS et qu’il juge "bien plus efficace que les sirènes, peu adaptées aux crises contemporaines". Un temps envisagée, ce procédé avait in fine été délaissé - notamment parce que nécessitant un fort investissement des opérateurs – au profit d’une application smartphone en libre téléchargement, abandonnée depuis au profit des réseaux sociaux (@Beauvau_Alerte sur twitter et la fonctionnalité "Safety Check" sur Facebook).