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Stimuler la motivation, enjeu de l’orientation en formation des jeunes

Les acteurs de l’insertion professionnelle se confrontent au défi de motiver les jeunes à se former. À l’heure de l’obligation de formation des 16-18 ans et du plan 1jeune,1solution, il s’agit d’une nécessité qui implique un accompagnement humain soutenu et global.

Comment amener les jeunes à se former ? Si le sujet n’est pas nouveau, il préoccupe toujours les acteurs publics de l’emploi et de la formation. En témoigne le webinaire organisé mardi 6 juillet par le groupement d’intérêt public Alfa Centre-Val de Loire, dans le cadre du plan régional d’investissement dans les compétences et consacré à ce thème. "On a besoin de mieux comprendre le désengagement des jeunes et d’identifier les solutions possibles pour les impliquer dans des parcours", reconnaît Pierre Garcia, directeur régional à la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) du Centre-Val de Loire.
Dans le contexte de l’obligation de formation des 16-18 ans entrée en vigueur le 1er septembre 2020 et des objectifs du plan d’investissement dans les compétences, l’orientation professionnelle des jeunes gagne en priorité. Depuis quelques années, des initiatives numériques pour améliorer l’information autour de l’orientation ont émergé tous azimuts, tant du côté de l’État, avec Diagoriente (lire notre article du 22 juin 2021) que du côté des régions dotées de la compétence d’orientation (lire notre article du 29 mai 2019), qui ont développé l’outil Cléor pour livrer des informations sur les métiers les plus adaptées aux goûts et projets des jeunes.

Compétences sociales et émotionnelles

Mais l’information en ligne ne suffit pas. Origine sociale, niveau de diplôme et implication des parents dans l’instruction, résultats scolaires et profil psycho-social se cumulent pour expliquer le décrochage scolaire. Dans un tel contexte, s’appuyer sur l’engagement des jeunes pour les remettre sur le chemin de la formation devient crucial. "Il ne faut pas chercher à motiver le jeune mais il faut chercher à créer les conditions pour qu’il trouve lui-même sa motivation", précise Fabien Beltrame, expert de Pôle emploi sur l’orientation et chargé de cours du master "Psychologie du travail" à l'université Paris Ouest Nanterre.
Pour y parvenir, il incite à travailler sur plusieurs compétences sociales et émotionnelles : la conscience de soi, la maîtrise de soi, la conscience sociale, la gestion des relations aux autres, la capacité à prendre des décisions responsables…  Pour pallier ce manque de soutien personnel, notamment familial, à l’origine du décrochage, la voie du mentorat – que pousse actuellement le gouvernement  (lire notre article du 25 mai 2021) - constitue à juste titre "une solution très efficace", indique-t-il aussi.

Accompagnement au long cours

Selon une enquête réalisée auprès de 350 jeunes dans les missions locales du Centre-Val de Loire, présentée lors du webinaire, les éléments déclencheurs d’un départ en formation sont, pour "beaucoup" d’entre eux, l’accompagnement continu par un conseiller ainsi qu’une forte réactivité des organismes de formation pour démarrer le parcours, une fois que le choix a été déterminé. Dans l’idéal, il faudrait avoir des solutions qui "accompagnent sur des projets et embarquent sur la formation", estime Fabien Beltrame.
Diverses initiatives locales tiennent compte, chacune à leur manière, de ces paramètres. L’application Diagoriente, utilisée par des missions locales, des écoles de la deuxième chance, apprend aux jeunes à identifier leurs compétences de manière ludique tout en proposant des pistes de formation géolocalisées. Réseau social de l’orientation mettant en relation les jeunes avec des étudiants et des professionnels, le site JobIRL est en train d’"institutionnaliser un accompagnement à plus de six mois". "Trouver son orientation, c’est un peu long", constate en effet sa présidente, Christelle Meslé Génin. Mobilisée sur l’obligation de formation à travers son programme "promo 16 18", l’Afpa a élaboré un parcours de treize semaines, progressif et diversifiant les lieux, afin de permettre l’émergence de projets. Avec un accompagnement de six mois supplémentaire, si besoin.

Limites scolaires

Demeure l’étape de la sélection en formation, notamment pour les cursus financés par les régions. "Souvent les candidats sont nombreux et donc cette étape n’est pas facile pour le jeune. Il doit dans un premier temps valider son projet, ensuite il doit réussir des tests et réussir l’entretien lors de la session de recrutement", rappelle Nathalie Gentil, conseillère à la mission locale du Drouais. Depuis 1995, elle a monté un réseau de bénévoles chargés de reprendre les savoirs de base et améliorer l’expression orale. Une tâche parfois difficile quand le décrochage, trop prématuré, nécessite de tout reprendre à zéro.

 

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