Stationnement à Paris : la ville annonce un nouveau tour de vis
David Belliard, adjoint à la maire de Paris chargé de la transformation de l'espace public, a annoncé ce 15 juin de nouvelles mesures fortes pour réduire la place des véhicules polluants dans la capitale. Motos et scooters thermiques paieront le stationnement à partir de 2022 tandis que le tarif visiteur automobile va être augmenté.
Après la piétonnisation du centre de Paris, David Belliard (EELV), adjoint à la maire de Paris Anne Hidalgo chargé de la transformation de l'espace public, a présenté ce 15 juin une réforme du stationnement dans la capitale qui entend encore réduire la place des véhicules polluants.
Les motos et scooters thermiques, qui pourront continuer à se garer sur les emplacements pour voitures, paieront le stationnement à partir de 2022. Les futurs tarifs, qui ne s'appliqueront pas aux véhicules électriques, équivaudront à 50% de ceux pratiqués pour les voitures, a annoncé l'élu.
David Belliard a également assuré que la moitié des places de stationnement en surface, soit entre 60.000 et 65.000 et l'équivalent de 60 hectares, allaient être transformées au cours du mandat, qui s'achève en 2026 : trottoirs élargis, pistes cyclables, espaces végétalisés, terrasses, mobilier urbain...
En revanche, les personnes handicapées (+1.000), les véhicules en autopartage (+1.000), les professionnels (+1.000 places de livraison) et les taxis (+100) vont voir leur nombre de places de stationnement respectives s'agrandir, s'est-il engagé.
Dès le 1er août 2021, le tarif visiteur pour les automobiles passera de 4 à 6 euros l'heure dans le centre de la capitale (du Ier au XIe arrondissement) et de 2,4 à 4 euros l'heure dans les arrondissements extérieurs. "A Londres, c'est 8 euros", a comparé David Belliard.
Forte augmentation des forfaits post-stationnement
Les forfaits post-stationnement (FPS), qui remplacent depuis 2018 les contraventions, vont également connaître une nette augmentation : de 50 à 75 euros dans le centre, de 35 à 50 euros dans les arrondissements extérieurs. Jusqu'ici gratuit, le stationnement dans les bois de Vincennes et Boulogne va devenir progressivement payant à partir de l'automne, à 4 euros de l'heure, a également annoncé l'adjoint à la maire de Paris.
Les professionnels du soin à domicile utilisant des deux roues bénéficieront du stationnement gratuit, et les autres professionnels d'un tarif spécifique, a précisé l'adjoint, ajoutant qu'il était prévu d'ajouter 5.000 places de stationnement aux 40.000 existantes pour cette catégorie de véhicules.
L'interdiction de stationner sur les trottoirs perdure, a-t-il dit, appelant la future police municipale parisienne à "sanctionner plus durement le stationnement sauvage" des deux-roues motorisés.
"Chasse incessante à la voiture"
L'association 40 millions d'automobilistes a vertement réagi ce 16 juin à la hausse des tarifs de stationnement, dénonçant dans un communiqué "la mise en place d'une politique tarifaire prohibitive qui pénalisera en premier lieu les usagers qui habitent en banlieue mais viennent chaque jour travailler à Paris". L'association dit "regrett[er] également que cette chasse incessante à la voiture ne fasse que nuire à l'attractivité économique et touristique de la capitale, sans améliorer pour autant la qualité de vie des Parisiens et Franciliens."
"Il va désormais coûter moins cher de rouler que de se garer !", ironise Pierre Chasseray, délégué général de l'association, cité dans le communiqué. "Rendez-vous compte que 6 heures de stationnement dans une rue du 1er arrondissement - le temps d'aller au restaurant, de visiter un musée, de se promener... - coûtera au touriste la modique somme de 75 euros ! Et que dire à ceux qui, habitant la banlieue, viennent travailler chaque jour dans la capitale ? Ce que pratique la mairie de Paris, ce n'est pas une écologie populaire et sociale, au service et dans l'intérêt de tous, c'est l'écologie du caviar bio à la louche", estime-t-il. Son association craint enfin que l'augmentation des tarifs de stationnement sur voirie n'oriente également le prix du stationnement en parking sous-terrain à la hausse, "alors même que la mairie de Paris avait prétendu vouloir rendre ce type de stationnement plus attractif".