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Mobilité électrique - Sous-utilisation des bornes de recharge : un enjeu sous tension

Deux parlementaires, la députée LREM du Lot Huguette Tiegna et le sénateur LR de Maine-et-Loire Stéphane Piednoir, s'emparent de l'enjeu de déploiement des infrastructures de recharge de véhicules électriques dans les territoires. "Nous présenterons notre étude début 2019 dans le cadre de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst)", ont-ils précisé dans le cadre d'une audition de préparation organisée ce 29 novembre à l'Assemblée nationale.

L'étude présentée dans le cadre de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) recensera des scénarios de développement, en tirera une synthèse et partira d'un bilan des huit dernières années de déploiement depuis la loi Grenelle 2. Le nombre de points de recharge publics a grimpé de 1.800 en 2012 à 23.300 à fin 2018, pour environ 200.000 véhicules hydrides et électriques en circulation. "Soit un ratio très correct de un point de recharge pour sept véhicules", observe Stéphane Piednoir. 
Autre chiffre, 67 % de ces points de recharge ont été aménagés par des collectivités dans le cadre de financements PIA/Ademe. "Heureusement qu'elles ont joué ce rôle de pionnier. Ailleurs, en Norvège ou aux Pays-Bas, le modèle se façonne dans une logique privée de retour rapide sur investissement", compare le préfet honoraire Francis Vuibert. Coordinateur interministériel pour la mobilité électrique, il invite à apprécier le chemin parcouru, les progrès accomplis "même si le modèle économique de l'ensemble reste émergent et le maillage imparfait, avec au moins sept départements dans lesquels nulle installation de borne n'est envisagée". 
Ce n'est pas le cas du Maine-et-Loire où 186 bornes sont disposées tous les vingt kilomètres. Ce qui a eu un coût : 2 millions d'euros. Avant de se lancer, les élus voulaient des chiffres. "Par rapport aux objectifs fixés avec eux, on ne décroche pas tant sur le nombre de véhicules en circulation - environ 2.000 dans le département - que sur le nombre d'abonnés au service et sur le nombre de recharges effectuées, inférieurs à nos prévisions", relève Emmanuel Charil, DGS du syndicat intercommunal d’énergies du Maine-et-Loire. Autre frein identifié par les usagers : des temps de recharge trop variés en fonction du type de chargeur équipant leur voiture ou de l'état de leur batterie. "Implanter une borne n'est, en outre, pas un acte si simple qu'on ne le croit. Il nécessite des autorisations liées aux sites protégés et la proximité d'installations convertissant le courant alternatif en continu", ajoute Jean-Clair Fayolle, DGS de la fédération départementale de l'énergie du Lot, où ce choix fut également onéreux (1,5 million d'euros).

Recharge à domicile et parcours usager

Le problème gêne : les collectivités ont investi mais comme les usagers se rechargent essentiellement chez eux, ce réseau public tend à être perçu comme une simple solution de secours. Ont-elles investi pour rien ? C'est vite dit mais dans le Lot comme ailleurs, l'équilibre économique n'est pas au rendez-vous, avec un budget de fonctionnement qui pèse et des recettes d'exploitation faibles (35.000 euros). "Pour autant, ne laissons pas circuler l'idée qu'il faut avoir une recharge à domicile pour rouler à l'électrique : ce serait élitiste et laisserait croire que la mobilité électrique est réservée aux habitants de pavillons avec garage", prévient Francis Vuibert.
La technologie n'étant pas une fin en soi, l'expérience utilisateur et le parcours usager sont des points sensibles à améliorer. Qualité de service, effort de marketing et de médiation, tout un nouveau champ s'ouvre. Auquel contribuera l'association Avere-France en lançant l'an prochain un site Internet grand public financé par la filière et tourné vers l'utilisateur : "L'usager pourra y calculer le coût total de possession (TCO) d'un véhicule électrique. Et descendre jusqu'à une maille fine pour cerner les aides locales et le reste à charge", glisse son président Joseph Beretta.
Pour sa part Meryl Parisse, chargée de mission au sein du pôle territorial de coopération économique Figeacteurs, actif sur le Grand Figeac (Lot), invite "à ne pas se focaliser sur la seule approche infrastructure et à miser dans les territoires sur la sensibilisation, l'ingénierie d'animation qui aide à la levée des freins psychologiques". Autre levier, le rôle des entreprises pour convertir leurs employés : "Encore faudrait-il que les Urssaf ne nous redressent pas lors d'une mise à disposition de voiture en covoiturage domicile-travail ou d'une cession interne de véhicule électrique", conclut l'entrepreneur et administrateur de Figeacteurs Philippe Issart. 

 

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