Soudeurs, chaudronniers, techniciens de maintenance : une offre de formation largement insuffisante

En 2021, le nombre de professionnels formés aux métiers de soudeurs, chaudronniers et techniciens de maintenance ne couvrait que 50% des besoins de recrutement. Un déséquilibre qui risque de s’aggraver ces prochaines années, alerte l’Observatoire paritaire de la métallurgie.

Soudeurs, chaudronniers et techniciens de maintenance : bien que très recherchés par les entreprises, ces trois métiers pâtissent d'une "insuffisance très nette des capacités de formation initiale", affirme une étude commandée par l'Observatoire paritaire de la métallurgie, publiée le 4 avril. Ce qui pose problème "dans un contexte de grands programmes industriels pour certains secteurs clés de la branche tels que l'énergie, le naval ou l'aéronautique". 

25% de départs en retraite dans dix ans

Les auteurs de l'étude, qui ont procédé à une analyse fine de l'offre de formation et de la demande des entreprises région par région, considèrent que "le déséquilibre entre besoin de recrutements et effectif formé est l'explication majeure et directe des tensions de recrutement". Par ailleurs, "l'évolution des taux de difficultés [de recrutement] anticipées par les entreprises répondant à l'enquête BMO de Pôle emploi montre que les tensions ne sont pas dues au dynamisme récent du recrutement dans ces trois métiers mais qu'elles sont structurelles et récurrentes". 

En 2021, le nombre de professionnels formés dans ces trois métiers ne couvrait que 50% des recrutements industriels, selon l'étude. Toutes voies confondues (scolaire, apprentissage, formation de salariés et des demandeurs d'emploi), 3.650 chaudronniers, 4.278 soudeurs et 16.615 techniciens de maintenance industrielle ont été formés cette année-là. Or d'ici dix ans, avec 25% de départs en retraite, les besoins dépasseront alors les 10.000 postes pour les chaudronniers et les soudeurs et plus de 30.500 pour les techniciens de maintenance industrielle. 

Blocage sur la formation initiale

L'étude alerte en particulier sur la faiblesse de l'offre de formation initiale, en particulier pour le métier de soudeur. En 2021, moins de 3% des soudeurs sont issus d'un cursus scolaire. Dans les autres cas, ce déséquilibre est moins marqué : cette voie alimente 47% du flux des formations au métier de chaudronnier et 50% de celui de technicien de maintenance industrielle. Globalement, l'apprentissage pèse pour 19% des personnes formées. 

"Il existe encore des réticences dans certains rectorats à l'investissement de plateaux techniques et à l'ouverture de nouveaux lieux de formation, même si de grands projets industriels sont par ailleurs existants sur le territoire", constatent les auteurs de l'étude. C'est le cas par exemple du bac pro Technicien en chaudronnerie industrielle, qui propose une mention complémentaire de soudeur. 

Développer l'apprentissage

La formation des demandeurs d'emploi vient dans bien des cas pallier cette insuffisance. Cependant, il ne s'agit pas d'un remède miracle, en particulier dans les territoires où le taux de chômage est déjà faible. À cela s'ajoute la fin du plan d'investissement dans les compétences, une ressource financière pourtant majeure depuis 2019. 

Pour sortir de l'ornière, les auteurs de l'étude estiment qu'un "investissement quantitatif ne peut reposer que sur la seule solution de l'apprentissage". Par ailleurs, l'étude incite à "développer les processus qualifiants et la gestion interne des compétences par les PME". En d'autres termes, faire de l'entreprise le principal lieu d'acquisition des compétences, à défaut de pouvoir s'appuyer sur une offre de formation suffisante à l'extérieur. 

 

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