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Sortie du glyphosate : le préfet coordinateur auditionné à l'Assemblée par la mission d'information

Alors que les données provisoires font état d’une baisse du volume des pesticides vendus en 2019, les situations d’impasses techniques, qui ne pourront supporter un arrêt du glyphosate dès le 1er janvier 2021, sont pourtant toujours d’actualité. Un constat relayé par le préfet Pierre-Étienne Bisch, à la tête de la task force coordonnant acteurs publics et privés sur le plan de sortie du glyphosate, entendu, ce 30 juin, à l’Assemblée nationale par la mission d’information commune.  

Le préfet Pierre-Étienne Bisch a été auditionné, ce 30 juin, par la mission d'information commune présidée par Julien Dive (LR) sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, cet herbicide controversé dont la France a décidé d’interdire les principaux usages d’ici fin 2020, avant de les proscrire en totalité en 2023. Coordinateur interministériel depuis décembre 2018 du plan de sortie du glyphosate et du plan de réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (Écophyto II +), l’ancien préfet du Loiret est devenu un interlocuteur incontournable pour les députés Jean-Luc Fugit et Jean-Baptiste Moreau (LREM), co-rapporteurs de la mission. La task force conduite par Pierre-Étienne Bisch - lui-même embarqué par la mission de Jean Castex sur le déconfinement - n’a "pas levé le pied" ces dernières semaines, en poursuivant notamment l’évaluation des travaux faits en région. Toutefois, dans ce timing bousculé par la crise sanitaire, tous les regards sont désormais braqués sur l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). À la suite de la réapprobation de la substance active au niveau européen jusqu'en 2022, l’autorité indépendante est en train de réexaminer le renouvellement des autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits phyto contenant du glyphosate. L'Anses, avec l'appui de l'Inra, procède également à une évaluation comparative des produits restant autorisés. À l'issue de cette évaluation comparative, ne pourront être maintenues que les utilisations sans alternative, c’est-à-dire en "situation d’impasse". Les décisions de l’Anses seront rendues "pour la fin de l’année", assure le préfet, sachant qu’"à partir de là, il y aura à peu près un an et demi de latence pour la fin du système".  

Les mesures d’accompagnement sur la table

Un cap qui peut apparaître bien tardif pour des professionnels qui auront déjà programmé leurs cultures. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a l’intention de "lever un peu le voile dans ces prochains jours sur ce que pourrait être le champ des décisions possibles", indique-t-il. 
Afin d’accompagner les agriculteurs dans cette transition, les paiements pour services environnementaux (PSE) représentent une première piste, en attendant le "grand rendez-vous" de la PAC qui pourrait faire émerger un nouvel outil de type Maec (mesures agroenvironnementales et climatiques), souligne le préfet Pierre-Étienne Bisch, qui estime "qu’il faut aussi avoir une réflexion sur l’usage que l’on fait de l’ensemble de la maquette du plan Écophyto". "(…) Il faut peut-être se poser des questions compte tenu du taux d’efficacité qui n’est pas en proportion des montants concernés [400 millions d’euros par an dont 71 prélevés sur la redevance pour pollution diffuses]", s’interroge le préfet, faisant écho au référé rendu public par la Cour des comptes le 4 février dernier. Le nouveau plan (Écophyto 2+) prétend pour la troisième fois désintoxiquer l'agriculture des excès de la chimie là où les deux précédents ont échoué (Écophyto 1 et 2). 

Recul des ventes de pesticides

Dans sa réponse aux critiques de la Cour, le gouvernement s’était notamment engagé à accélérer le calendrier de mise à disposition des données de vente. Selon les données provisoires, publiées ce 30 juin par les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture dans un communiqué commun, les ventes de pesticides en usage agricole ont reculé en France de 44% en volume en 2019, après l'envolée des ventes intervenue en 2018 (+18%), expliquée par l’anticipation de la hausse de la redevance pour pollution diffuse. Pour le seul glyphosate, la baisse enregistrée est "de 35% (-3.358 tonnes) entre 2018 et 2019" et concernant les quantités totales de produits les plus préoccupants vendus, dits CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) "de plus de 50% en 2019 par rapport à 2018". Les ministères y voient "les premiers effets des mesures engagées (…) depuis 2018 afin de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires". "Un coup de com'", a de son côté réagi l'association Générations futures, qui s'est notamment étonnée "de voir avancés des chiffres en volume… alors que l’indicateur de suivi du plan est le NODU, basé sur le nombre de doses". Pour l’association, ces données "non consolidées" sont en outre à prendre avec "un certain recul car l’expérience nous montre que les remontées d’information peuvent être incomplètes à cette période et les chiffres définitifs connus seulement à l’automne". 
 

 

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